Par
Christian Cotten et Alejandro Jodorowski, publié chez Louise Courteau
- octobre 2003
Difficile de résumer
ce livre foisonnant mais très clair où la poésie du réalisateur de "
La montagne sacrée ", film culte, vient ponctuer les 60 essais percutants
de Christian Cotten. Car le créateur du mouvement " Politique de Vie
" veut nous offrir ainsi les rêves et les espoirs de " deux prophètes
fous ", ainsi que " la liberté de la poésie, culture refuge de la pensée
".
Economie, santé, pouvoir,
psychosociologie, spiritualité, alimentation, science, médias, justice,
peu de domaines échappent à cet observateur engagé, qui dénonce les
mensonges et les orthodoxies castratrices de la France d'aujourd'hui,
tout en se faisant l'écho d'utopies et de solutions concrètes novatrices
; il propose lui-même des pistes, sans jamais tomber dans un prêt à
penser quelconque.
Selon C. Cotten, imagination,
courage et démocratie participative doivent être les lignes fortes de
ce combat. Il prône le métissage des idées et des chapelles, contre
" l'endogamie intellectuelle " au sein de laquelle se reproduisent les
" élites " gouvernantes, incapables d'appréhender les créations culturelles
naissantes et facilement inféodées aux grands pouvoirs financiers. Ainsi,
l'ensemble de notre culture française est passée en revue.
Pour l'Education Nationale,
il propose ni plus ni moins de libérer les centaines de milliers d'instituteurs
et de professeurs de la Grande Secte où ils sont rentrés tous petits
et d'où ils ne sont jamais sortis (beaucoup plus facile d'y entrer,
parfois de force, que d'en sortir !). Puis organiser des écoles véritablement
libres, dans lesquelles l'art d'enseigner redeviendrait un acte créateur
inventant le futur. Les expériences novatrices et les savoir-faire pédagogiques
ne manquent pas dans la riche culture enseignante française, il manque
juste le souffle de la liberté.
Face à un monde pétri
d'un matérialisme financier violent dans lequel évoluent des individus
-consommateurs atomisés, numérisés et taxés, la tribu est un maillon
social vital, indispensable à l'épanouissement de l'individu. Témoin
de " la créativité intellectuelle qui sous-tend l'émergence de toues
les " sectes " depuis une trentaine d'année ", l'auteur y voit un signe
de bonne santé de la société. Chaque individu devrait pouvoir choisir
d'appartenir successivement ou en même temps à de multiples " sectes
" (tribus, ou encore " minorités "), car " croisements culturels multidimensionnels
et multi-appartenance identitaire tribale sont les corollaires de la
souveraineté de la conscience ".
Santé physique et
psychique ? " Les citoyens des plus grandes 'démocraties du monde',
nourris aux molécules chimiques du bonheur permanent, la France en tête,
perdent subrepticement leurs libertés politiques fondamentales, liberté
de conscience, liberté de penser, liberté de dure ou liberté thérapeutique.
"
Pour critique qu'il
soit vis-à-vis de notre culture, l'auteur ne perd pas espoir que la
France, parmi les premier producteurs de prophètes en tous genres, pourrait
un jour capitaliser sur sa réputation passée et jouer un rôle dans une
rupture culturelle indispensable. En s'appuyant en particulier sur la
laïcité, cette très belle de la République, qui est précisément la neutralité
et non la domination d'une pensée matérialiste vendue comme seule rationnelle.
En attendant, on se
gausse à l'étranger de la France comme " le dernier des pays de l'Est
".
La presse en France
est majoritairement soumise aux " services ", les journalistes ayant
besoin du sceau des Renseignements Généraux pour obtenir et conserver
une carte de presse. D'où l'importance stratégique d'Internet qui contourne
les filtres cachés de l'information.
Face à la " paranoïa
" (victime, persécuteur, sauveur) et la " pronoïa " (permissivité, puissance,
confiance dans la Providence, angélisme), se trouvent les " guerriers
spirituels ", probablement l'honnête homme de temps modernes, qui savent
en toute lucidité, utiliser les armes de la connaissance, de l'information
juste et du droit pour faire face à la barbarie et au pouvoir démesuré
des prédateurs.
Quand à notre universalisme
français, force est de constater qu'il s'est bien souvent manifesté
par des comportements colonisateurs et dominateurs, bien peu respectueux
des Droits de l'Homme dont nous sommes si fiers.
C. Cotten en appelle
à une VIè République. Pour donner à la politique la dimension sacrée
dont elle a besoin, pour faire face aux guerres criminelles ou économiques
des prédateurs qui dirigent nos états tout autour de la planète. Harmoniser
politique au masculin et pouvoir du féminin.
En particulier, on
peut noter cette " spécificité " ahurissante du " Pays des droits de
l'homme " qui n'est pas ... une démocratie ! En effet, suivant l'article
16 de " notre " Déclaration des Droits de l'homme et du citoyen du 26
Août 1789, " toute société dans laquelle la garantie des droits n'est
pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n'a point de
constitution. " Or, l'article 5 de l'ordonnance de Décembre 58 qui fonde
la magistrature actuelle place de fait la justice sous le contrôle du
Pouvoir Exécutif, faisant de la France un des seuls pays occidentaux
à ne pas respecter le b-a-ba de la démocratie.
Reprenant
un thème qui lui est cher - pour en avoir fait l'expérience -l'auteur
fustige les injures, diffamations et persécutions sociales sous le vocable
infamant de " secte ", dénigrant de nos jours des pans entiers de notre
culture française. Les méthodes de délation anonymes, de diffamation
du rapport parlementaire, les marchés truqués et les harcèlements administratifs,
l'action souterraine des RGS.
Mafia ou démocratie
? Faites votre choix intérieur. L'extérieur alors sera le reflet de
l'intérieur.
Réconcilier la politique
avec la démocratie, la République avec les libertés.
Mais ce n'est pas
une raison pour se réfugier au fond de sa grotte d'érudit pour méditer
; le travail dans la réalité ordinaire reste encore et toujours à faire...
là est l'avenir de la politique réconciliée avec la démocratie.
Christian Cotten nous
livre enfin également 20 textes de combats politiques, médiatiques,
(sa présence à l'émission de Dechavannes), d'enquêtes, ses procès (partie
civile pour défendre les victimes du massacre de l'OTS, contre l'administration).
On y trouve les résultats de ses enquêtes sur le financement douteux
des partis politiques, les liens de certains milieux avec la mafia et
les implications probables de l'OTS. Affaires Schuller, Peugeot, Beljanski,
affaires de diffamation, affaires de pédophilie étouffées, jusqu'à sa
propre affaire où sa société de formation fut littéralement détruite
par une action concertée - et éminemment mensongère - des " anti-sectes
". Autant de procès hautement symboliques où l'auteur s'est impliqué,
jusqu'à se constituer parfois partie civile.
Après cette éloquente
démonstration des dysfonctionnements de notre société, il nous conduit
naturellement à un projet dans lequel il énonce des principes pour une
VIè République des libertés, avec 6 petits bonheurs, 7 fées et 7 anges.
Souhaitons que Christian
Cotten continue son combat avec la même énergie, et puisse trouver le
soutien de nombreux autres " guerriers spirituels " pour sortir notre
civilisation d'un déclin spirituel inexorable.
Sommaire
des Points de vue