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CAP Liberté de Conscience - Liberté de religion - Liberté thérapeutique

Avis de décès :
La bande dessinée est en deuil

Par Christian Paturel
février 2011

 

 

La bande dessinée est endeuillée. Elle vient de perdre, dans des conditions particulièrement tragiques, son âme c'est-à-dire sa vie elle-même (le mot « âme », tiré de l’hébreux « néphèsh » désigne dans la Bible la vie qui anime toute créature).

La cérémonie a eu lieu le samedi 26 mars 2011 au cimetière de la tolérance : Adfi Nord 19 place Sébastopol à Lille. Etaient présents de nombreux acteurs : Astérix et Obélix, Bécassine, les Pieds Nickelés, Bibi fricotin, Spirou, Black et Mortimer, Pim Pam Poum, Tintin et le capitaine Haddock, Tournesol, les Dupont et Dupond, les Simpson, Gaston la Gaffe, Cubitus, Boule et Bill, Titeuf, Babar, Barbie, Lucky Luke venu spécialement des Etats-Unis… Précisons que la coutume qui sied dans le monde du spectacle et qui consiste à applaudir au passage du corps, n’a pas été respectée. Le public a voulu ainsi exprimer son mécontentement, sa tristesse et son profond désaccord.Quels évènements sont à l’origine de cette fin brutale de la BD que d’aucuns qualifiaient comme étant le 9è art ? Voici la genèse de cette disparition.

L’Adfi Nord/Pas-de-Calais a publié une BD de 30 pages qu’elle présente ainsi « une BD interactive de prévention à destination des jeunes, et des moins jeunes » afin de les mettre en garde contre « les dérives sectaires ». Ont participé à cette œuvre « Céline » (aucun rapport avec le Céline antisémite notoire qui exprimait durant la seconde guerre mondial sa haine pour cette minorité), le dessinateur Ottami et, vu que le débat volait « au ras des pâquerettes » le professeur Parquet, membre du conseil d’orientation de la Miviludes.

« Ce petit pas (de Calais), mais ce grand pas pour l’humanité » n’a pas laissé indifférent France 3 Nord/Pas-de-Calais qui rapporte : « des croquis de mangas japonais qui deviennent grâce au crayon du dessinateur Ottami des adolescents de la vie, dans une BD destinée à prévenir les mouvements sectaires ». Ce commentaire, qui se voulait élogieux, prête à sourire :

Le terme « manga » est généralement traduit par « image dérisoire »,

« man » signifie à l’origine, en chinois, « déborder », « à son gré ». S’agissant de ce dernier terme, le roi de France disait « car tel est notre bon plaisir ». Bref, le pouvoir personnel et, par voie de conséquence, discrétionnaire… Le pouvoir de déterminer ce qu’est une « dérive sectaire », « une secte », « des pratiques dangereuses pour la santé tant physique que psychique »… Le tout sans contrôle, sans contradiction, sans rigueur scientifique.

Quant au dessinateur Ottami, il devient « Attomi », France 3 Nord/Pas-de-Calais, ayant certainement été Attomi(sé) par les radiations nuisibles et dangereuses émanant de cette BD totalement étrangère au genre « comic book ».Ainsi, la bande dessinée, qui appartient principalement au monde merveilleux de l’enfance et de l’adolescence, devient entre les mains de l’Adfi une arme de propagande et de manipulation des jeunes esprits. Elle véhiculera chez les futures générations la suspicion, la discrimination voire la haine à l’égard de ceux qui prônent un autre mode de vie, un droit à la différence qui peut (et doit) s’exercer dans tous les domaines de l’activité humaine. Une belle façon de préparer et de construire l’avenir… Précisons que les chrétiens Témoins de Jéhovah (le cinquième culte en France) sont particulièrement « visés » dans cette manga-niaise (le manganèse est un métal gris, dur mais…cassant, donc faible).

Le corps social français compte tenu de son niveau d’unité, de solidarité, de fraternité n’avait guère besoin de cette entreprise de déstabilisation et de destruction. Recherchez où se trouve la « dérive sectaire » et l’authentique « secte destructrice » !

L’évocation de notre bloc de libertés fondamentales reconnues par la Constitution : libertés de pensée, d’opinion, d’expression, de religion, de culte… conduit à poser les questions suivantes :

1 Des associations loi de 1901 type Adfi sont-elles légales compte tenu de leur objet social, de leurs activités réelles (souvent camouflées derrière un objet social d’apparence respectable), de leur politique, des moyens utilisés… ?En effet, la loi du 1er juillet 1901 et le code civil imposent, sous peine de dissolution par le tribunal de grande instance, que les associations « respectent l’ordre public et aient un objet et une cause licites ». Paradoxe de l’histoire, la loi About-Picard, qui avait été initiée dans un tout autre but, pourrait fort bien recevoir application en la circonstance.

2 Par voie de conséquence, le subventionnement public de telles structures est-il légal ?

3 Quant à la BD elle-même, s’agissant d’une « publication destinée à la jeunesse », respecte-t-elle la législation spécifique applicable en la matière ? Il appartient au service compétent du Premier ministre de se prononcer sur cette nouvelle aberration républicaine.

4 D’une façon générale, que font nos institutions face à ces dérives ? Je répète inlassablement depuis des décennies que la liberté est indivisible. Porter atteinte à une liberté quelconque, à l’égard d’un groupe social, si petit soit-il, conduit tôt ou tard à la disparition de toutes les libertés pour tout le peuple. Les combats menés au 20è siècle par les Témoins de Jéhovah aux Etats-Unis ont permis d’enraciner définitivement des libertés qui aujourd’hui profitent à tous les américains.

5 Dès lors, le dossier « secte ou dérives sectaires » n’est-il pas, en fin de compte, le champ d’expérimentation, les prémices d’un vaste plan liberticide ? De nombreuses libertés ont déjà été abîmées :

Droit à l’information et au libre choix : domaines médical, nucléaire (une triste actualité), pharmaceutique et plante naturelle (voir la directive européenne applicable à compter de vendredi prochain : nous serons le 1er avril 2011)

Respect de la vie privée et familiale : multiplication des fichiers sur les individus, emprise de services sociaux sur les assistés qualifiés pudiquement « d’usagers des services publics »

Respect de la dignité humaine : explosion des chômeurs, SDF, assistés sociaux dépendants d’administrations et, en dernier ressort, d’un Etat aux mains d’une « élite » (un « sic » justifié vu l’état du monde)

Et, plus spécifiquement pour la France : le principe constitutionnel de laïcité et de neutralité : utilisation de sous-marins associatifs, ou plus exactement d’associations para-administratives financée sur fonds publics, permettant à l’Etat de contourner le texte fondamental du 4 octobre 1958

Principe constitutionnel d’égalité dans les droits (pensons aux minorités, aux femmes dans le travail, aux justiciables devant la justice, aux enfants face à l’instruction, aux malades devant les soins médicaux…) et les obligations (évoquons l’égalité devant l’impôt et plus spécialement le procès fiscal de l’association des Témoins de Jéhovah devant la Cour européenne. S’agit-il d’une affaire sans précédent dans le monde associatif ou des « prémices » d’un vaste rançonnage fiscal destiné à renflouer les caisses vides de l’Etat … ?)

Mais au fait, quelle mouche a piqué l’Adfi du Nord ? Du « Nord » ! Visiblement cette structure locale de l’Unadfi l’a perdu depuis longtemps.

Nous avions, un jeune et talentueux dessinateur (âgé à l’époque de 16 ans qui a signé ses dessins sous le pseudonyme « Benf ») et moi-même, édité en 1997 « Le Bêtisier des sectes et des religions » qui évoquait avec humour (un humour gentil) l’Unadfi. Cette dernière, par courrier dactylographié en date du 16 septembre 1998, nous a demandé de lui adresser gratuitement 1 exemplaire « de l’ouvrage » (terme qu’en toute humilité nous estimons excessif). Cette demande invoquait le fait « que notre association fonctionne avec de faibles moyens financiers » (raison que nous considérons en toute objectivité comme tout aussi excessif vu les montants de subventions publiques dont bénéficie cette structure). Le lecteur trouvera copie de ce courrier (pièce 1).
Notre altruisme aidant, notre souci d’aider les pauvres et les déshérités, notre engagement pour les nobles causes nous a conduits à répondre favorablement à cet appel au secours. Nous n’avons pas eu affaire à une ingrate, l’Unadfi nous a remercié par un courrier en date du 28 décembre 1998 (pièce 2). Tout arrive…

Il n’y a plus d’exemplaires disponibles de ce Bêtisier qui a été tiré en 3000 exemplaires. Aussi, quelques dessins figurant dans cet « Ouvrage » (dixit l’Unadfi), sont rendus accessibles aux « passants furtifs » (pièce n° 3).

Ce Bêtisier a-t-il inspiré, 14 ans après, l’Adfi du Nord ? Nous l’ignorons. Mais, si tel est le cas, au-delà de l’hommage tardif qui nous est rendu à BENF et à moi-même, nous nous excusons auprès des « bédéphiles » (terme utilisé par l’ADFI) d’être complices involontaires et « et à l’insu de notre plein gré » de la disparition de l’âme de la BD. Mea culpa, amen

Source : La tribune de Christian Paturel


 

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