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Affaire Claude David : " DEFENSE D'ÉCRIRE"
Guy Delaunay
juillet 2007

 


Bien que sa libération conditionnelle, sous contrôle judiciaire, ait été accordée par le juge d’instruction le lundi 4 juin 2007 et confirmée par la chambre de l’instruction le 26 juin, Claude David est toujours en prison. Les murs de la maison d’arrêt sont remplacés d’une manière pernicieuse par ceux de la délation, de la suspicion, de la méconnaissance.

Cette libération conditionnelle est assortie de conditions restrictives et, certaines, iniques :

- interdiction de séjour en Midi-Pyrénées,

- interdiction de reprendre son travail de psychanalyste,

- interdiction d’enseigner, de donner des conférences,

et enfin interdiction d’écrire !!

La justice a décidé de couper un homme de son histoire, de ses amis, de son travail, bref, de tout ce qui fait sa raison de vivre. Si les premières conditions peuvent, à la rigueur, se déchiffrer dans une logique de dénonciation d’un pseudo-groupe sectaire, qui n’existe que dans l’imagination de personnes incapables de s’assumer et d’assumer leurs choix et qui ont trouvé une oreille complaisante, à la fois dans des officines douteuses et dans les médias, comment justifier l’interdiction d’écrire ?

Ecrire, suivant le radical latin scrib, c’est creuser. Tracer sa voie, son sillon, son chemin ! Avec les tombes, ce sont les premiers signes de civilisations qui indiquent que nous sommes en présence d’hommes qui cherchent au-delà d’eux-mêmes, au-delà de la mort, à transmettre. Transmettre c’est transporter, faire passer, c’est un trajet, une traversée. Tous ces mots, ces signes, qui dans toutes les langues, marquent la brièveté de notre passage sur cette terre, le manque radical du sujet humain qui ne peut se sublimer que par cette volonté d’écrire, d’être présent malgré l’absence, malgré les conditions et les difficultés présentes.

C’est, enfin, le rapport à la mort et, au-delà, à la transmission. Comment peut-on décider qu’un homme soit coupé de ses racines et de la faculté de se reconstruire ? De quoi a-t-on peur ? Que peut enseigner un psychanalyste ? Que peut transmettre Claude David ?

En maintenant une confusion voulue entre un homme et son œuvre, on justifie cette double interdiction d’enseigner et d’écrire ! C’est la brèche qu’attendaient, et dans laquelle se sont engouffrés, nombre de psychanalystes, de médecins ou de soignants qui l’ont approché et qui désavouent, par leur silence obstiné, son travail de psychanalyste et de soignant. La condamnation est écrite d’avance, avant tout jugement.

Les visiteurs ou les stagiaires du centre de soins, dont Claude David était le co-fondateur, étaient surpris et interrogés, d’abord, par la liberté de parole des soignés. Comme le souligne Roger Gentis : « ...la qualité des soins dispensés à la Fondation est impressionnante. Les soignés manifestent une liberté de parole presque incroyable… Je ne parle pas d’une liberté qui serait octroyée ou consentie mais de la liberté que prennent les soignés, et qui va de pair avec la responsabilité dont ils se sentent investis… Il faut déployer beaucoup d’intelligence, de savoir-faire et de travail pour en arriver là… » Le deuxième aspect qui les interpellait ensuite était la difficulté de caractériser les soignants des soignés, il n’y avait pas de signes matériels distinctifs entre eux. La différence tenait à la fonction. La Charte soignants soignés stipulait que par ses actes un soignant pouvait se trouver en position de soigné et un soigné, inversement, en position de soignant, bouleversant ainsi toutes les hiérarchies et les statuts sociaux. Bouleversement si cher à tous les tenants de la psychothérapie institutionnelle et rarement réalisé. En effet, quelle institution a poussé aussi loin l’enseignement à la fois de la psychanalyse et de la psychothérapie institutionnelle ?

L’aventure concernant le centre de soins se termine en 1989 sur des accusations similaires à celles qui conduisent aujourd’hui Claude David en prison, une alliance contre nature entre : l’administration qui n’a jamais supporté un fonctionnement aussi singulier, d’anciens soignants et des psychiatres qui ont cherché à se venger et l’instrumentalisation par l’Adfi qui va poursuivre pendant plus de vingt ans, de sa haine, Claude David.

Jacques Lacan rappelle que la psychanalyse « est essentiellement ce qui réintroduit dans la considération scientifique, le Nom-du-Père. » Le travail de Claude David fut de travailler sans cesse cette question du rapport au père, de la transmission, d’avancer des hypothèses, faire œuvre de pionnier dans certains rapprochements entre les travaux de Jacques Lacan, Pierre Legendre et récemment Emmanuel Lévinas.

Aussi dangereuse qu’insidieuse, une campagne obscurantiste se développe. Elle vise la psychanalyse et toutes les psychothérapies relationnelles qui considèrent que le traitement de la souffrance psychique ne saurait relever de la seule médecine ou de techniques dites « scientifiques.»

Dans le procès en cours, si l’on parvient à soutenir que la technique psychanalytique est un instrument de « sujétion psychologique », c’est un pas de plus qui aura été franchi vers la disparition de cette « praxis du sujet. » Et par delà les attaques dont fait l’objet une personne, nous devons nous insurger contre la mise en place d’une véritable « police de la pensée. »

Le combat pour faire reconnaître son innocence et démonter la machination orchestrée par Info-sectes, qui s’est portée partie civile dès le mois de février, continue plus que jamais.

Rappelons cette phrase du Pasteur Niemöller : « Lorsqu’ils ont arrêté les communistes, je n’ai rien dit car je n’étais pas communiste. Ils sont venus pour les socialistes, et je n’ai rien dit car je n’étais pas socialiste. Ils sont venus pour les dirigeants syndicaux, et je n’ai rien dit car je n’étais pas dirigeant syndical. Ils sont venus pour les juifs et je n’ai rien dit, car je n’étais pas juif. Puis ils sont venus pour moi et il ne restait plus personne pour dire quelque chose. »

Devant la nouvelle « chasse aux sorcières » qui est ouverte aujourd’hui, gardons cette phrase présente à l’esprit.

Guy Delaunay

Juillet 2007

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