CAP
LC 2008
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« A MOI LES ENFANTS DE LA VEUVE » (Cet appel au secours, accompagné dune position particulière des mains et des jambes, permet aux francs-maçons en danger de se faire reconnaitre de leurs « frères »). Un tel danger existe-t-il à notre époque où lhumanité est traversée par une crise de civilisation qui se double dune crise économique, sociale, financière, politique sans précédent ? Au sein de cette tempête, les positions adoptées par certaines obédiences maçonniques soulèvent interrogations et inquiétudes. Evoquons une période noire de notre histoire de France, à savoir lOccupation de 1940 à 1944 durant laquelle sévit le régime de Vichy. Ce régime a promulgué des décrets odieux qui semblent aujourdhui être une source dinspiration pour certains élus, commissions parlementaires, structures étatiques (Miviludes ), obédiences maçonniques Visitons un peu cette triste époque durant laquelle des hommes, des femmes et des enfants ont cessé dêtre des citoyens français à part entière, voir même dêtre des humains et ont été mis au ban de la société : Le 16 juin 1940, la débâcle des armées françaises conduit à la démission du gouvernement Paul Reynaud. Ces évènements permettent au Maréchal Pétain daccéder au pouvoir. Dès le 13 août 1940 une loi dissous les « sociétés secrètes ». Tout comme « les sectes » cette notion nest pas définie, mais peu importe, la liberté daction des ennemis de la liberté nen sera que plus grande . Une précision, sagissant des chrétiens Témoins de Jéhovah, leur dissolution en tant « quassociation étrangère » avait été prononcée dès la mi-octobre 1939 par le ministre de lintérieur. Le Béthel est liquidé, lactivité dévangélisation interdite. De nombreuses arrestations interviennent, principalement dans le Nord et en Alsace. Les Témoins de Jéhovah entrent dans la clandestinité. Le 19 août un décret déclare la nullité des organisations suivantes : le Grand Orient et la Grande Loge de France. Les fonctionnaires doivent alors, déclarer sur lhonneur, quils nappartiennent pas (où ont cessé dappartenir) à une « société secrète ». Le 3 octobre, le drame juif se met en place avec la promulgation du « statut » (sic) des Israélites qui leur interdit de nombreuses professions et tout poste de responsabilité dans la fonction publique Cette discrimination se poursuit avec lédiction du deuxième « statut » (sic) des Juifs, le port obligatoire de létoile jaune le 28 mai 1942, la rafle du VeldHiv le 16 juillet 1942, la déportation et lassassinat dans les camps de concentration allemands. Le 11 août 1941 parait une seconde loi antimaçonnique qui ordonne la publication au journal officiel des noms et rangs de tous les dignitaires et hauts gradés (en réalité, la quasi totalité des francs-maçons est concernée par cette mesure puisque que la notion de « haut gradé » sapplique dès le 3è grade). Une liste de 18000 noms, établie par un « Service des sociétés secrètes » (une administration dEtat fonctionnant avec des crédits publics ! « Toute ressemblance avec des structures existantes serait purement fortuite »), est publiée. Elle est suivie de nombreuses autres. Ainsi, après la collaboration du gouvernement de Vichy au régime nazi, la population est incitée à se souiller dans la délation. Par ailleurs, les dignitaires et hauts gradés maçonniques se voient interdire tout mandat électif et toute fonction publique. Environ 3000 dentre eux doivent démissionner. Ces listes établies, la suite était inéluctable. Plus de mille Maçons sont déportés. Plus de cinq cent sont fusillés ou meurent en déportation dans les sinistres camps de la mort aux noms tristement célèbres : Dachau, Buchenwald, Mauthausen Leurs infortunés compagnons de misère sont les Juifs, les Témoins de Jéhovah, les Tziganes, les résistants, les homosexuels, les Slaves En mars 1943 le film « Force occultes » est projeté en France. Ce film, subventionné par loccupant allemand, tente de dresser la population contre les Maçons accusés davoir déclenché la guerre (le fameux « complot maçonnique »). Pour la propagande hitlérienne, tous les moyens sont bons pour discréditer cette organisation et entretenir un climat de méfiance et de haine. Voici où conduit lexclusion, la discrimination, lintolérance et la bêtise criminelle de lhomme. Le « fichage » des victimes et la mise en place de structures étatiques particulièrement monstrueuses : le commissariat aux questions juives, le SSS (service des sociétés secrètes), le SAD (service des associations dissoutes), le SR (service des recherches) contribuèrent activement à ces drames. Faut-il aujourdhui reproduire de telles erreurs ? Faut-il être fataliste et considérer avec Montherlant que : « Lhistoire, comme une idiote, mécaniquement se répète » ? Examinons les dernières propositions de la Miviludes appuyées par les prises de position officielles de la « maçonnerie dure » (notamment : le Grand Orient de France, la Grande Loge Féminine de France, la Grande Loge Mixte), celle qui tourne le dos aux valeurs fondamentales traditionnelles de cette organisation : 1°/ Accentuation de laction discriminatoire (et peut-être répressive compte tenu des précédents historiques précédemment évoqués) contre les « nouvelles » minorités religieuses, philosophiques, thérapeutiques, culturelles. Abandonnons le terme « nouvelles », car sagissant des Témoins de Jéhovah il prête, sil était encore possible, à sourire. Leur implantation en France est antérieure à la loi du 9 décembre 1905. Par ailleurs, la « nouveauté » nimplique nullement la dangerosité et le trouble à lordre public. Nutilisons plus le terme chargé dhypocrisie de « dérives sectaires » imaginé pour des raisons de pure opportunité afin darranger et dembellir la « vitrine » de la France vis-à-vis de létranger (Conseil de lEurope, Cour européenne des droits de lHomme, OSCE, Département dEtat américain ).La « vitrine » ; en supposant quelle soit devenue présentable, ne cache nullement « larrière boutique » dans laquelle sagitent quelques fossoyeurs des libertés publiques. 2°/ Mise en place doutils au service de ce sinistre projet. Ces outils sont variés et non exhaustifs. Les pourfendeurs de liberté sont très imaginatifs en ce domaine, dommage quune telle énergie créative ne soit pas mise au service de causes plus nobles et urgentes : appauvrissement, drogue, cités, chômage, crise économique et sociale, projet de société... Selon le dernier inventaire, la « caisse à outils » de ces bricoleurs de libertés comprendrait : Létablissement dune liste de plus de 500 mouvements. Lidée nest pas nouvelle. Vivien, qui nest pas spécialement une référence, a déposé des droits dauteur sur cette méthode il y a plus de 20 ans. Bien avant lui le fichage (voir ci-dessus) a fait ses preuves. Il est vrai que la franc-maçonnerie a fait uvre de pionnier en la matière avec laffaire des fiches en 1904 dans laquelle le Grand Orient a été impliqué. Rappelons brièvement les faits : Le général André, ministre de la guerre, est accusé de tenir des fiches sur les « bons » (le fichier Corinthe) et les « mauvais » (le fichier Carthage) officiers français. La carrière de ces derniers était commandée par la teneur des informations glanées à leur sujet. Comment était alimenté ce fichier ? Excellente question ! Les loges maçonniques vont apporter leur concours et fournir des renseignements détaillés sur les convictions politiques et religieuses de 27000 officiers français. Les renseignements recueillis étaient centralisés sur des fiches tenues au Grand Orient de France. (Remarque : selon le n° 256 de juillet-août 2001 de la revue « Histoire », le général André était Franc-maçon. Mais, selon la revue « Historia » n° 93 de janvier-février 2005, il était « non maçon »). Destinataires de cette liste. Cette liste sera mise à la disposition des autorités publiques : ministères (justice, police, gendarmerie ), élus nationaux et locaux, collectivités locales (communes, départements ) Finalité et utilité de cette liste. Ne nous méprenons pas, elle permettra de prendre des « décisions » qui seront lourdes de conséquences sur la vie, les droits, la carrière des personnes concernées. Les maires la consulteront pour attribuer un permis de construire pour une salle de culte (les abus commis depuis de nombreuses années à lencontre des Témoins de Jéhovah ont pourtant donné lieu à une abondante censure jurisprudentielle), pour autoriser la location dun équipement public (le maire maçon de Lyon Gérard Collomb, a refusé à plusieurs reprises la location du stade Gerland aux Témoins de Jéhovah. Le juge administratif a condamné ces discriminations) Les présidents de conseils généraux sy référeront lors de la délivrance des agréments dassistantes maternelles et dassistantes familiales (voir pour un exemple familial vécu larticle « un décalage dEure au niveau de la liberté religieuse »). Les magistrats nauront plus à poser au prévenu la question : « êtes-vous Témoin de Jéhovah ? » (jai vécu une telle expérience devant la 17è chambre correctionnelle de Paris à propos du livre « sectes, religions et libertés publiques ». Fort heureusement, la Cour européenne des droits de lhomme, dans son arrêt du 22 décembre 2005, a censuré de telles pratiques). Il suffira désormais aux juges, sils le souhaitent, de consulter le « fichier ». La justice sera telle fonction de lappartenance religieuse du «futur condamné » ? Pourtant, les magistrats ne ils pas sont sensés rendre une justice laïque ? Les policiers non respectueux de leur déontologie (ce qui nest pas une vue de lesprit, voir larticle « le sacre de Reims ») penseront avoir une « base légale » pour leurs dérives (admises car nétant pas, aux yeux de certains bons penseurs, « sectaires »). Les conséquences, nous le voyons, seront multiples et particulièrement inquiétantes. Des catégories entières de citoyens vont se voir interdire lexercice de certaines professions, lentrée dans la fonction publique La réduction, voire la suppression, de leurs droits civils et politiques les transformeront en « sous-citoyens ». Ce funeste projet ne vous rappelle-t-il pas certaines mesures édictées à lencontre des Juifs, des Francs-maçons, des Témoins de Jéhovah (encore eux ?) durant la période noire de lOccupation et du régime de Vichy ? Il est particulièrement étonnant ? Regrettable ? Triste ? Honteux ? Désolant ? De constater que parmi ces victimes, lune dentre elles na rien compris. Qui plus est, elle empoigne le « relais » de la honte et participe activement à la course à la tyrannie dans laquelle sont engagés tous les ennemis de la liberté. Et quelle course ! La Révolution a connu la loi sur les suspects, lempire napoléonien na guère brillé par son libéralisme, la Commune de Paris sest achevée dans un bain de sang, laffaire des fiches de 1904 fit tâche dans la Troisième République des « Jules », les lois de 1940-1941 ont été marquées du sceau de linfamie, les rapports Vivien-Guyard et compagnie natteindront jamais, jamais, jamais le niveau de conscience universelle des écrits qui jalonnèrent « Le Siècle des Lumières ». Les projets qui hantent certains idéologues font plutôt entrevoir la nuit, une nuit bien sombre. Jai connu de nombreux Francs-maçons au cours des quarante dernières années. Lorsque janimais des clubs de boxe française, je comptais parmi mes effectifs de très nombreux Francs-maçons attirés, voire passionnés, par lapprentissage de la canne et surtout du bâton, cette technique de défense qui était utilisée par les compagnons lors de leur « tour de France » (la série télévisée « Ardéchois cur fidèle » a illustré cette époque). Jai établi avec tous ces maçons des liens solides basés sur lamitié, la tolérance et le respect pour les nobles idéaux défendus par cette « grande fraternité. » Aujourdhui, javoue ne pas comprendre la lutte menée par certaines obédiences à légard des croyances, des pratiques, du mode de vie « de lautre ». Francs-maçons, revisitez votre histoire et songez: A Francis Drake qui énonça en 1726, pour la première fois, les trois principes maçonniques : « la vérité, la bienfaisance et lamour fraternel » A la Déclaration dIndépendance américaine à laquelle participèrent une cinquantaine de maçons sur les 56 signataires : Georges Washington, Benjamin Franklin Déclaration qui proclame : « Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont crées égaux, ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur ». Déclaration qui fait référence au « Dieu de la nature », au « Créateur », le Dieu des philosophes, le grand ordonnateur de lunivers. A vos symboles. Le compas qui évoque la justice, la tempérance, la prudence. Léquerre liée à lordre, lil qui représente « Le Grand Architecte de lUnivers », le triangle qui renvoie à la trilogie républicaine : « liberté, égalité, fraternité », la truelle qui rappelle deux vertus : la tolérance et la bienveillance, lépée attachée à la justice et à la vérité La guerre engagée contre le « droit à la différence » ne vous conduit-elle pas à tourner le dos à vos valeurs, vos grandes certitudes, vos principes ? Navez-vous pas le sentiment de rompre « la Chaîne dUnion » qui, à travers les siècles, vous lie aux maçons du passé : La Fayette, Jean Zay, Jules Ferry, Lamartine, Arago, Bartholdi, Diderot, Jules Vallès, Jean Baptiste Clément (« Le temps des cerises »), Eugène Pottier, Louise Michel, James Anderson, Gambetta, Pierre Mendès France (bien que ce dernier, en 1945, nait pas rejoint sa loge) «
Ne souhaitons pas que tout le monde pense comme nous. Anatole France (Discours au banquet des rabelaisants) Christian PATUREL
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