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Laïcité à géométrie variable
Par Gilles Carat
mars 2012

 

 

Le 13 février dernier, M. Gérard Contremoulin, le « M. Sectes » du Grand Orient de France, conteste sur son site web les idées développées dans un article du maire de Strasbourg, Roland Ries, paru dans Le Monde, intitulé « Pourquoi je suis alsacien, laïc et pour le Concordat ». Le Concordat, c’est ce fameux régime juridique spécifique instauré par Napoléon dans les départements d’Alsace et de Moselle, mais aussi de territoires périphériques comme la Guyane, par lequel le gouvernement prend en charge certains dépenses de l’Église catholique, les Églises protestantes traditionnelles et du culte juif, moyennant un droit théorique de regard sur les nominations du clergé.

L’argumentation est imparable :

Comme le rappelle l’auteur du site web Sous la voûte étoilée, « lorsqu’il garantit la Laïcité, l’État s’engage à une stricte neutralité vis-à-vis des religions. ...Dans un État laïc, poursuit-il, il n’est pas normal que tout citoyen, qu’il ait choisi ou qu’il ait refusé de se sentir concerné par le fait religieux, contribue au financement de ces cultes !!! En toute logique, ces charges spécifiques devraient être imputées aux seuls contribuables de ces départements et qui auraient choisi l’un de ces cultes… »

On comprend bien le raisonnement. Ajoutons que le fait de subventionner certains cultes et non d’autres constitue en soi une discrimination. Mais, par cette démonstration brillante, Gérard Contremoulin se prend à son propre piège. Car, six mois plus tôt, il défendait exactement le contraire ! En effet, dans son article « la luette contre les dérives sectaires repose sur une volonté politique », il se fait l’avocat des subventions publiques aux organismes, publics ou privés, qui ont fait de ce thème leur croisade. Il craint et déplore le danger de voir la manne publique diminuer pour ces associations, d’où le vibrant appel que le Grand Orient a lancé en juin 2011, hors contexte, pour augmenter les moyens et subventions accordées à ces associations ; sans la manne publique, celles-ci seraient obligées de licencier certains de leurs employés – une reconnaissance que la puissance publique finance des emplois privés consacrés à la « lutte contre les dérives sectaires ».

Bien sûr, M. Contremoulin joue la petite musique habituelle, et affirme que ce n’est pas les idées de ces groupes qui dérangent, mais leurs actions « qui peuvent être considérées comme dangereuses ». Mais tous ceux qui connaissent ce domaine sont témoins du contraire : les groupes sont déclarés « à priori » sectaires, sur la foi de leurs idées, sans référence à un « comportement » quelconque, puis ostracisés, montré du doigt et privés de certains droits de citoyens ; si ces groupes violaient la loi, il serait très simple de le dire et de réagir, mais non, c’est bien leurs idées ou conceptions qui gênent. Toutes ces chasses aux sorcières violent la constitution républicaine et la liberté de conscience. En fait, ce n’est pas très compliqué, tout mouvement qui professe peu ou prou des idées spiritualistes, ou dont les thérapies s’éloignent de la « médecine d’école », entré sur le territoire française depuis moins de 150 ans est considéré comme une pensée sectaire. Y en a-t-il qui échappent à cette définition ? Regardons bien, non. Peut-on échapper à cette marque au fer rouge une fois infligée ? Non. C’est définitif. Et ceux qui étaient arrivés avant ça ? (Eux, ils sont cool, il ne faut pas confondre). Le raisonnement, s’il y en a, est désarmant, parce que tellement primaire qu’il n’y a pas grand chose à argumenter, sauf qu’il viole la constitution.

Donc, non, il n’y a aucune raison, et particulièrement de la part des obédiences maçonniques qui demandaient – à juste raison – d’être traitées à égalité avec les religions, d’impliquer les institutions de la république et les fonds de la république dans cette lutte contre des conceptions du monde qui apparemment les dérangent.

Il s’agit ni plus ni moins du délit d’opinion, similaire au délit de Plagio instauré par Mussolini, précédent historique sur lequel certains promoteurs de la fameuse loi About-Picard s’appuyaient pour la faire passer. On a glosé sur la laïcité « ouverte », etc., pour dire qu’il fallait ôter tout adjectif et qualificatif à la laïcité, mais là, sauf votre respect, il me semble que vous faites de la laïcité à géométrie variable.

Donc, M. Contremoulin, est-il bien logique que des citoyens français qui ont le tort d’avoir quelques idées personnelles, paient des impôts pour financer des organismes et associations qui ont pour seul but de les empêcher d’exercer leur droit à la liberté de conscience et d’essayer de salir leur réputation ?

Dans un État laïque, vous conviendrez que non. Nous préférons l’autre méthode, celle que vous avez initiée à la fin du Congrès maçonnique du Droit Humain de novembre 2010 sur les dérives sectaires, lorsque vous aviez fait personnellement la quête pour les associations telles l’Unadfi et le Ccmm, car au moins dans ce cas, ce sont les gens qui se sentent concernés qui financent – je ne sais pas si la quête a finalement rapporté. Il faudrait donc revoir votre article dans ce sens – dans un pur souci de cohérence.


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