CAP
LC 2008
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Le 13 février dernier, M. Gérard Contremoulin, le « M. Sectes » du Grand Orient de France, conteste sur son site web les idées développées dans un article du maire de Strasbourg, Roland Ries, paru dans Le Monde, intitulé « Pourquoi je suis alsacien, laïc et pour le Concordat ». Le Concordat, cest ce fameux régime juridique spécifique instauré par Napoléon dans les départements dAlsace et de Moselle, mais aussi de territoires périphériques comme la Guyane, par lequel le gouvernement prend en charge certains dépenses de lÉglise catholique, les Églises protestantes traditionnelles et du culte juif, moyennant un droit théorique de regard sur les nominations du clergé. Largumentation est imparable : Comme le rappelle lauteur du site web Sous la voûte étoilée, « lorsquil garantit la Laïcité, lÉtat sengage à une stricte neutralité vis-à-vis des religions. ...Dans un État laïc, poursuit-il, il nest pas normal que tout citoyen, quil ait choisi ou quil ait refusé de se sentir concerné par le fait religieux, contribue au financement de ces cultes !!! En toute logique, ces charges spécifiques devraient être imputées aux seuls contribuables de ces départements et qui auraient choisi lun de ces cultes » On comprend bien le raisonnement. Ajoutons que le fait de subventionner certains cultes et non dautres constitue en soi une discrimination. Mais, par cette démonstration brillante, Gérard Contremoulin se prend à son propre piège. Car, six mois plus tôt, il défendait exactement le contraire ! En effet, dans son article « la luette contre les dérives sectaires repose sur une volonté politique », il se fait lavocat des subventions publiques aux organismes, publics ou privés, qui ont fait de ce thème leur croisade. Il craint et déplore le danger de voir la manne publique diminuer pour ces associations, doù le vibrant appel que le Grand Orient a lancé en juin 2011, hors contexte, pour augmenter les moyens et subventions accordées à ces associations ; sans la manne publique, celles-ci seraient obligées de licencier certains de leurs employés une reconnaissance que la puissance publique finance des emplois privés consacrés à la « lutte contre les dérives sectaires ». Bien sûr, M. Contremoulin joue la petite musique habituelle, et affirme que ce nest pas les idées de ces groupes qui dérangent, mais leurs actions « qui peuvent être considérées comme dangereuses ». Mais tous ceux qui connaissent ce domaine sont témoins du contraire : les groupes sont déclarés « à priori » sectaires, sur la foi de leurs idées, sans référence à un « comportement » quelconque, puis ostracisés, montré du doigt et privés de certains droits de citoyens ; si ces groupes violaient la loi, il serait très simple de le dire et de réagir, mais non, cest bien leurs idées ou conceptions qui gênent. Toutes ces chasses aux sorcières violent la constitution républicaine et la liberté de conscience. En fait, ce nest pas très compliqué, tout mouvement qui professe peu ou prou des idées spiritualistes, ou dont les thérapies séloignent de la « médecine décole », entré sur le territoire française depuis moins de 150 ans est considéré comme une pensée sectaire. Y en a-t-il qui échappent à cette définition ? Regardons bien, non. Peut-on échapper à cette marque au fer rouge une fois infligée ? Non. Cest définitif. Et ceux qui étaient arrivés avant ça ? (Eux, ils sont cool, il ne faut pas confondre). Le raisonnement, sil y en a, est désarmant, parce que tellement primaire quil ny a pas grand chose à argumenter, sauf quil viole la constitution. Donc, non, il ny a aucune raison, et particulièrement de la part des obédiences maçonniques qui demandaient à juste raison dêtre traitées à égalité avec les religions, dimpliquer les institutions de la république et les fonds de la république dans cette lutte contre des conceptions du monde qui apparemment les dérangent. Il sagit ni plus ni moins du délit dopinion, similaire au délit de Plagio instauré par Mussolini, précédent historique sur lequel certains promoteurs de la fameuse loi About-Picard sappuyaient pour la faire passer. On a glosé sur la laïcité « ouverte », etc., pour dire quil fallait ôter tout adjectif et qualificatif à la laïcité, mais là, sauf votre respect, il me semble que vous faites de la laïcité à géométrie variable. Donc, M. Contremoulin, est-il bien logique que des citoyens français qui ont le tort davoir quelques idées personnelles, paient des impôts pour financer des organismes et associations qui ont pour seul but de les empêcher dexercer leur droit à la liberté de conscience et dessayer de salir leur réputation ? Dans
un État laïque, vous conviendrez que non. Nous préférons
lautre méthode, celle que vous avez initiée à la
fin du Congrès maçonnique du Droit Humain de novembre 2010 sur
les dérives sectaires, lorsque vous aviez fait personnellement la quête
pour les associations telles lUnadfi et le Ccmm, car au moins dans ce
cas, ce sont les gens qui se sentent concernés qui financent
je ne sais pas si la quête a finalement rapporté. Il faudrait
donc revoir votre article dans ce sens dans un pur souci de cohérence.
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