CAP
LC 2008
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Gérard Guéniot n´est pas un gourou. La Cour dappel de Douai, par décision du 17 février dernier, réhabilite le médecin homéopathe qui fut accusé à tort de pratiques sectaires et davoir une responsabilité dans la mort dune de ses patientes. Le jugement est qualifié par son avocat de «monumental», tant par son volume que par sa qualité. « Cest exceptionnel en matière correctionnelle, explique François Jacquot, lavocat du médecin homéopathe Gérard Guéniot relaxé par le jugement de 87 pages de la Cour dappel. Je nai jamais vu une décision aussi précisément et exhaustivement motivée. Les juges ont vraiment décortiqué laffaire point par point, ce qui est assez rare dans ce type de dossier. Ils ont non seulement relaxé mon client mais ils lont réhabilité sur tous les chefs daccusation. » Nous sommes en 1996. Suite à lémission de télévision de TF1 « le Droit de savoir », se déclenche une campagne médiatique faisant lamalgame entre lhistoire dune jeune femme atteinte dun cancer du sein (affaire Marsaleix) et deux médecins du Nord, Gérard Guéniot et Michel Saint-Omer. « Une mère de famille était décédée en 1997 pour avoir suivi les prescriptions médicales illusoires des deux médecins, liés tous deux au Mouvement du Graal, répertorié comme sectaire dans les deux rapports parlementaires de 1995 et de 1999 », explique par exemple le Panorama du médecin, sous le titre : « Les nouveaux charlatans de la santé ». « Le procès dun gourou en blouse blanche », commente lUnadfi, qui, deuxième partie civile au procès, a été finalement déboutée par la Cour dappel. Dans la longue suite dattendus du jugement, les juges expliquent que le Dr Guéniot ne pouvait être condamné pour « non-assistance à personne en péril ». En effet, lunique consultation de mars 1995 (la patiente décédera en janvier 1997) « na donné lieu quà la délivrance dune unique ordonnance pour de lacide ascorbique sur quelques jours, dans lattente de prescription ultérieure par ses confrères ». Lors de cette consultation, Gérard Guéniot a dit quil ne souhaitait pas revoir la patiente déjà suivie par le Dr Saint-Omer. En la référant à ce dernier, « il disposait des éléments lui permettant de savoir que, face au refus persistant dEvelyne Marsaleix, la prise en charge confraternelle comportait le recours au spécialiste ». Cest lui-même qui avait fourni au Dr Saint-Omer quelques jours plus tôt le nom du cancérologue parisien quelle ira finalement consulter en juin. La décision de la cour détruit ainsi complètement le montage tissé par ses détracteurs et lave le médecin des accusations fausses véhiculées contre lui tant par les associations et les institutions de lutte contre les dérives sectaires que par la presse. Pour lUnadfi, la victoire juridique de son adversaire est à mettre sur le compte du « pouvoir de persuasion » du médecin. Le comportement des journalistes Pour lavocat de Gérard Guéniot, le fait que lUnadfi soit déboutée constitue une remarquable avancée de jurisprudence : « En effet, toute laffaire avait commencé par la plainte déposée par cette association qui avait dénoncé mon client pour sujétion psychologique à caractère sectaire sur la victime. Pour elle, M. Guéniot était un gourou qui a laissé mourir sa patiente. Les magistrats ont complètement détruit cette thèse. Cest la première fois en France que lUnadfi est ainsi déboutée pour navoir pas réuni les conditions de fond pour se constituer partie civile dans ce procès. Elle a échoué à démontrer le caractère sectaire de laction de mon client. Cela peut conduire à limiter sa capacité à déposer plainte sur la seule affirmation dune sujétion par une personne ou un mouvement. Désormais, il faudra démontrer cas par cas et victime par victime quil y a eu exploitation à caractère sectaire ». « Le plus incompréhensible pour nous, sétonne Hugues Leroy, président du Comité de soutien du docteur, cest sans même parler du caractère partial de lémission du Droit de savoir le comportement des journalistes. Après le jugement, non seulement ils continuent de présenter M. Guéniot sous une mauvaise image (« un ex-adepte de secte »), mais surtout aucun na fait amende honorable ni na enquêté pour tenter de comprendre comment toute cette cabale a pu être montée. Le docteur a perdu des patients et des amis, même proches, après les calomnies proférées à la télévision et dans la presse. Il a subi cet opprobre pendant 13 ans ! Et personne ne cherche à comprendre pourquoi »(1) Dans la presse locale, toutefois, on a pu trouver parfois une attitude plus équilibrée, comme celle-ci du journal Nord-Eclair, écrite avant la décision de la cour dappel. Pourquoi toutes ces affaires ? En 1975, Gérard Guéniot, passionné de médecine naturelle depuis son adolescence, sinstalle comme médecin homéopathe et acupuncteur à Roubaix (Nord). Il crée trois écoles, lune dhoméopathie (active jusquen 2000), une autre dacupuncture (jusquen 2005) et la dernière, en 2005, le Nemi, école de médecine énergétique et naturelle. Aujourdhui, il exerce en tant que médecin à Tourcoing (Nord) et gère une société de conseil en santé naturelle à Genval et à Tournai (Belgique). Enfin, il prodigue un enseignement en homéopathie au Canada et en Italie. À partir de 1980, Gérard Guéniot comparaît une dizaine de fois devant le conseil de lordre des médecins du Nord. Il gagne toutes ces affaires sauf une, qui lui valut une suspension de son droit dexercer pendant trois ans. À ces conflits ordinaux sajoutent deux procès devant la justice pénale, tous deux gagnés à ce jour. Dans sa première affaire (affaire Pohl 1988-1992), Gérard Guéniot obtint un non lieu au pénal en 1992 et fut complètement blanchi par le Conseil national de lOrdre en 1994, après que le conseil départemental du nord eut porté laffaire en cassation. La deuxième est laffaire Marsaleix. Une troisième affaire est encore en cours en Belgique. Pourquoi tous ces dossiers autour dun seul homme ? Dautres médecins homéopathes exercent leur art sans problème particulier Selon notre analyse, cet « acharnement » dont a été victime Gérard Guéniot tient à deux aspects, lun personnel, lautre sociétal. Pour le premier, son caractère à lemporte-pièce la plus dune fois desservi. Sexprimant de façon parfois tranchée et excessive, il a ainsi tendu à ses opposants des verges pour se faire battre. Pour le second aspect, sa foi « différente » (le Graal, voir vidéo) a certainement dérangé les gardiens de la bien-pensance religieuse, sociale et thérapeutique (représentés par lUnadfi et la Miviludes). Mais surtout, sa démarche originale et confiante en la nature heurte les tenants dune médecine mécaniste et chimique. Ceux-ci acceptent mal que des méthodes simples, éprouvées autrement que par les méthodes modernes « basées sur la preuve », puissent simplement accompagner les leurs. Toute cette affaire pose clairement la question du traitement des dérives médiatiques non sanctionnées et de larbitraire, quand il a lieu, des administrations et des associations de lutte contre les sectes. Comment un journaliste de TF1 romance une affaire pour faire passer sa thèse En écrivant Ils ne m´ont pas sauvé la vie (Toucan/TF1 Entreprises, 2009), Antoine Guélaud, n° 3 de la rédaction de TF1, livre une charge violente contre les sectes en utilisant la mort par cancer dune jeune femme, soi-disant suite à des pratiques sectaires. Mais, et cest la justice elle-même qui a définitivement tranché sur ce point, la thèse est fausse. Cest tellement énorme que cela paraîtra difficile à croire. Et pourtant Malgré une décision de justice en appel et définitive qui innocente totalement le Dr Gérard Guéniot des charges et des accusations qui ont pesé sur lui pendant 13 ans, ce médecin homéopathe continue à être violemment calomnié. Le plus ardent de ses inquisiteurs est un journaliste, et pas nimporte lequel : Antoine Guélaud est en effet n° 3 de la rédaction de TF1. Après avoir réalisé deux reportages pour Le Droit de savoir en 1996 et 1997 (« sur linfluence des sectes dans le milieu médical »), où il clouait déjà le Dr Guéniot au pilori, il a écrit un livre à la mémoire dune jeune femme qui souffrait dun cancer du sein et que ce médecin, avec la complicité dun autre, le Dr Saint-Omer, aurait conduit au décès par ses pratiques sectaires. Or, en innocentant totalement le Dr Guéniot dans son arrêt du 19 février 2009, la cour dappel de Douai a pris la peine, fait inhabituel, de motiver sa décision sur plus de 80 pages. Toute laffaire y est détaillée, démontée, analysée, sans que les juges aient pu finalement trouver quoi que ce soit à reprocher au docteur. Doù sa relaxe des deux chefs daccusation portés contre lui : la non-assistance à personne en danger et lhomicide involontaire. Pour Antoine Guélaud, ces pages sont « méticuleuses, tatillonnes, rébarbatives. ( ) Elles représentent une brutale mise en cause de ce que jai vécu ». Tellement brutale quil la rejetée. Loin de faire amende honorable, en effet, Antoine Guélaud publie aujourdhui ce livre en utilisant tout son art pour reprendre la thèse de laccusation malgré son rejet par la justice. Une justice qui, selon lui « supérieure à tout même à la vérité », a commis des « approximations » et des « erreurs » ; des manquements quil naura pas « la facétie ou la cruauté, cest selon » de pointer. Il aurait bien du mal à le faire, les faits lui donnant tort... Il ne sautorise pas moins à défendre la version qui a été invalidée. Et ainsi à justifier son parti pris. LAdfi, association anti-secte qui sétait portée partie civile pour la seule raison que la croyance du docteur était pointée par la fameuse liste parlementaire, a été déboutée à lun et à lautre procès : la thèse sectaire ne peut être retenue en lespèce. Le livre nest pas un reportage journalistique mais un "docu-fiction" (plus fiction que docu), une attaque orientée dans le but principal de démonter les mécanismes des « manipulations » sectaires. Et dans celui de salir une personne pourtant déclarée innocente après des années denquêtes, dauditions et de confrontations. Sans doute lauteur part-il dune bonne intention mais on sait où ce type de pensée sûre delle, quand elle nest pas exigeante sur la réalité des faits, peut conduire Venant dun haut responsable officiant au sommet du plus grand groupe français de médias, cest grave et infiniment dommageable, vue la puissance de larme sans contrôle utilisée par le journaliste/auteur. Mais il y a plus grave encore. Pour rendre son message recevable par le public, le journaliste quitte le domaine de linformation et invente carrément des faits pour faire vibrer la corde de lémotion. Le livre est écrit à la première personne du singulier. Antoine Guélaud sest totalement identifié à la malade dont il suivait lhistoire jusquà se glisser en elle après sa mort, « comme par effraction, pour comprendre et informer ». Sestimant désormais son « mandataire », il a voulu « honorer la mémoire » dEvelyne M. pour la « dédouaner » de sa « naïveté », de son « manque de lucidité ». Mais « aussi et surtout », écrit-il dans un accès de franchise, « de la noirceur des autres, ces médecins hypocrites et manipulateurs qui ont signé le serment dHippocrate, avant de le déshonorer en te faisant cheminer le long des berges escarpées de la mort ». On comprend, en lisant le livre, que le journaliste de TF1 a essentiellement un compte personnel à régler avec les sectes et en particulier avec le Mouvement du Graal, auquel appartenait (à lépoque) le Dr Guéniot : « Je veux comprendre comment tu as pu tomber sous le charme de ces sectateurs zélés, porteurs dune extravagante certitude mystique et irrationnelle qui fait insulte à Descartes ». La justice a pu démontrer que cette orientation spirituelle (pour différente quelle soit aux yeux de la société) navait pas interféré avec le traitement de la malade. Celle-ci, avant même de rencontrer les deux médecins, refusait absolument tout traitement « classique » (chimio et radiothérapie). Elle lavait dit, affirmé et même plusieurs fois écrit noir sur blanc (ses lettres en témoignent). Mais Evelyne devenue Antoine oublie ce fait pour écrire simplement : « Conditionnée, je tourne résolument le dos aux traitements conventionnels ». Elle avait rencontré une seule fois le Dr Guéniot, qui ne la plus suivie par la suite. Et elle venait auparavant de lInstitut de cancérologie Gustave Roussy quelle avait fui pour son approche inhumaine. Pour faire passer son parti pris, puisque les faits ne lui donnent pas raison, le journaliste va employer tout son talent pour présenter malgré tout la victime comme « manipulée par des membres dune secte guérisseuse ». Se faisant ouvertement passer pour elle, il réécrit ainsi toute lhistoire à sa guise, se permettant de teinter les dialogues entre les différents interlocuteurs de propos et dattitudes « sectaires », pour que lecteur voie bien où sont les bons et les méchants. Se permettant même, en toute bonne conscience, de fabriquer des faits. Par
exemple, il invente un carnet intime, le Journal de bord de ma maladie,
dont il nexplique nulle part quil nexiste pas réellement[1].
Il peut ainsi présenter sa vision très personnelle de
laffaire. Pour le lecteur, cela sonne dautant plus vrai
que ce carnet est soi-disant écrit « à lencre
mauve, ma couleur favorite ». Détail réaliste poignant
mais controuvé. C´est
clairement de la manipulation, une technique de persuasion affective
pour geler l´esprit critique du lecteur. Pour faire bonne mesure, Antoine/Evelyne cite quand même certains propos du Dr Guéniot, qui se justifie à laudience, et que le tribunal a accrédités. Sur 286 pages, 4 ou 5 seulement sont consacrées à la présentation de la thèse adverse, celle que le tribunal a validée Enfin, pour rajouter à la charge émotionnelle du livre, lauteur abandonne le dernier chapitre à la fille de la victime. Qui ne serait pas complètement retourné par toutes ces évocations ? Si je navais pas personnellement rencontré le Dr Guéniot après son procès et que je métais contenté de lire ce livre, jaurais été soulevé par lindignation et la haine. Comme le seront inévitablement la plupart des lecteurs qui connaissent peu de choses de cette affaire. Le
seul problème est que cela ne sest pas passé comme
Antoine Guélaud la prétendu dans ses enquêtes
télévisées (recourant à la caméra
cachée) ou dans son livre. Autant de talent pour défendre
sa cause personnelle, une « obsession fantomatique », comme
il le dit si bien. Dommage que cela soit au détriment du vrai
et du juste
Car dans cette affaire, cest la famille du Dr Guéniot aujourdhui décédé, qui souffre injustement du fait de cette haine condensée en près de 300 pages. Ce sont des centaines, voire des milliers de personnes, ses amis, ses malades, ses élèves, ses collègues et ses sympathisants qui doivent désormais endurer la calomnie du journaliste, reprise sans aucun recul par ses confrères et diffusée aussi sur les ondes et dans la presse.Une calomnie officiellement encouragée par les pouvoirs publics. Une calomnie qui na pourtant pas résisté à un examen rigoureux et équitable des faits par la justice. Mais dans les esprits hantés par la haine et la peur des sectes, la raison a-t-elle encore sa place ? [1] Il lavouera plus tard au cours dune interview : « Evelyne, au cours de sa brève existence, na pas rédigé de journal intime. ( ) Cest en quelque sorte une liberté littéraire pour être au plus près du personnage complexe dEvelyne, ce qui a été mon obsession tout au long de lécriture du livre. » Source : ouvertures.net
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