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CAP Liberté de Conscience - Liberté de religion - Liberté thérapeutique

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Fenech : « un voile pudique »

Par Christian Coeur
février 2011

 

 

Nous avons eu en 2004 une loi sur le voile, en 2010 une loi sur le voile intégral, aujourd’hui faudra-t-il faire une loi contre le voile pudique ?

Effectivement le président de la Miviludes, M. Fenech, vient d’inventer un nouveau concept diplomatique « le voile pudique ».

Jeudi sur Europe 1, M. Fenech déclare : « Je considère avoir maintenu des liens avec le peuple Tunisien tout en jetant un voile pudique sur les excès de ce régime. »

Soulevons ce « voile pudique » pour voir ce qui s’y cache.

Georges Fenech et le régime Ben Ali

Le régime Ben Ali n’a pas toujours été l’ennemi de Georges Fenech. En fait, jusqu’à sa chute il y a quelques jours, il en était même le meilleur ami. L’association EFT que préside le député a été fondée par Hosni Djemmali, un homme d’affaire et homme de presse, considéré comme le véritable attaché de presse du régime Ben Ali en France. Djemmali est l’un des grands amis de Georges Fenech (et de Ben Ali), qui se verra fréquemment invité avec son épouse et d’autres personnalités dans les hôtels tunisiens possédés par l’homme d’affaire franco-tunisien, pour agir afin de favoriser des implantations françaises dans l’industrie tunisienne (ce qu’ils appellent des « échanges franco-tunisiens »). La vocation officielle d’EFT est de favoriser le développement des relations économiques entre la France et la Tunisie.

Quelques instants avant la chute salutaire du régime Ben Ali, que Fenech a donc qualifié de féroce, ce dernier organise une réception pour fêter les 20 ans d’EFT, le 25 janvier 2011. La fête est censée se tenir dans le plus luxueux (cher) palace parisien, le nouveau « Shangi-La » avec Fenech, Djemmali et Frédéric Mittérand. L’invité d’honneur, Abdelwahab Abdallah, ami de Fenech, est le Ministre Conseiller chargé des affaires politiques auprès de Ben Ali. Mais Abdelwahab Abdallah est haï des tunisiens car il est le conseiller politique du dictateur, et Ben Ali devra s’en débarrasser quelques jours avant de se débarrasser de lui-même. La fête est finie et la réception sera finalement annulée, plan de comm « gestion de crise » oblige. Pour commenter cet événement, tout le monde est aux abonnés absents, Djemmali compris.

Au delà de cela, Georges Fenech a toujours été un fervent promoteur du régime Ben Ali. « Lorsqu’il siégeait au Palais-Bourbon, et était le vice-président du groupe d’amitiés France-Tunisie », raconte Catherine Graciet dans son livre « la régente de Carthage », « ce dernier accouchait de communiqués prenant farouchement la défense du président Ben Ali. Ce fut par exemple le cas en novembre 2005, quand les parlementaires amis de la Tunisie saluaient Ben Ali comme un « véritable homme d’État » louant les avancées d’une « Tunisie qui va dans le bon sens » et fustigeant les tentatives de “désinformation contre la Tunisie“ ».

Cité par le journal Bakchich le lundi 4 mai 2009, Georges Fenech ne tarit pas d’éloges sur le gouvernement Tunisien : « Vous savez, la Tunisie, c’est d’abord un capital humain. Les dirigeants ont fait un effort colossal en matière d’éducation. Bourguiba, d’abord, pour l’égalité homme / femme. Ben Ali, ensuite, pour la laïcité. Vraiment, il y a eu beaucoup de fait pour l’éducation de la République tunisienne… »

Le 21 novembre 2007, devant la commission des lois de l’Assemblée nationale, Georges Fenech indiquait avoir visité le Palais de Justice de Tunis et en vantait la dématérialisation des procédures, « un modèle pour notre pays ».Un Fenech tunisien qui sait s’entourer

Autour de lui, Georges Fenech sait rassembler. Ce qui en fait un entremetteur de poids pour l’industrie Tunisienne. Le 17 Mars 2008, il organise un diner dans le prestigieux hôtel de Lansey. C’est lui qui fait venir le ministre tunisien de l’Industrie, Afif Chelbi, mais aussi Hervé Novelli (secrétaire d’état français à l’époque, qui comme par hasard est celui qui a remis la légion d’honneur à Hosni Djemmila). En avril 2009, il fait venir à son diner de gala Roselyne Bachelot, alors Ministre de la Santé et Mondher Zenaidi, Ministre tunisien de la santé… Georges Fenech s’en réjouit et ne cachera pas qu’il sert d’entremetteur et organise des rencontres d’ordre économique : « L’Association, une association de droit privé, fondée il y a vingt ans, organise des rencontres d’ordre économique. Par exemple, entre femmes. Des chefs d’entreprises tunisiennes viennent en France rencontrer leurs homologues françaises. Et vice versa. » Georges Fenech est fière de cette convivialité : « Cette année au dîner annuel, organisé il y a quinze jours sur le thème de la Santé, il y avait Roselyne. Roselyne Bachelot, je veux dire… »

Des motivations pharmaceutico-industrielles

D’ailleurs, le thème de la santé est un thème porteur. Georges et Roselyne ne s’en cachent pas. Fenech dira : « Bon d’accord, je ne vous dis pas que tout est parfait. Mais quand même, en matière de Santé et de nouvelles technologies (le bio-médical), ça fonctionne. »Bachelot rendra hommage au président Ben Ali pour « les avancées importantes du système de santé tunisien ».

De là à voir chez le député entremetteur des velléités de lobbying pharmaceutique, il n’y qu’un pas. Ce pas, certains pensent à le franchir lorsqu’ils évoquent les propos de Georges Fenech tout au long des dix dernières années. Le Président d’EFT n’a-t-il pas déclaré en mai 2003 dans un entretien avec la journaliste lyonnaise Patricia de Sauzéa : « Les tunisiens sont demandeurs d’une coopération avec la France dans de nombreuses branches d’activités. Par exemple la ville de Monastir, qui possède une université scientifique, souhaiterait l’implantation d’entreprises pharmaceutiques françaises pour répondre aux besoins nationaux. » L’histoire récente nous a montré combien les liens entre « scientifiques » et labos étaient périlleux.*

Et ce n’est pas tout. Georges Fenech est l’homme de toutes les alliances. En 2005, il fonde avec d’autres le Momagri, un « think tank » aujourd’hui présidé par Pierre Pagesse (qui n’est autre que le président de Limagrain), chargé de promouvoir l’agriculture OGM par un lobbying intensif auprès des institutions françaises, européennes et internationales.*

Le 8 juillet 2007dans le journal lyonnais « le Progrès », Georges Fenech déclare : « Je suis pour un moratoire des essais en plein champs. La communication autour de ces plantations est très mauvaise. Je l’apprends par voix de presse. Les citoyens sont responsables, ils doivent être mieux informés même si les actions radicales des faucheurs peuvent expliquer ce choix. D’autant plus que la France doit combler son retard en matière de recherche sur les biotechnologies végétales. L’enjeu pour la médecine et l’industrie pharmaceutique est énorme. » L’industrie pharmaceutique ?

Ce n’est pas pour rien que l’un de ceux qui fondent le Momagri avec Fenech n’est autre que Pierre Fabre, Fondateur et Président-directeur général des Laboratoires Pierre Fabre. Et Pierre Fabre a jeté son dévolu sur la Tunisie dès 2005. Il s’agit d’implanter le laboratoire dans le pays en l’associant avec la Siphat (Société des Industries Pharmaceutiques de Tunisie) qui détiendra seulement 35% des parts tandis que Pierre Fabre en détiendra 65. Ce rapprochement sera fait dès 2005. La première unité de cette fusion au business plan ambitieux sera inauguré en 2008 par le Ministre de la Santé Publique tunisien M.Mondher Zenaïdi (comme dit plus haut, bonne relation de Georges Fenech et de Madame Bachelot), et M.Manuel Serdan, directeur du Patrimoine du groupe Pierre Fabre, en présence de M. Serge Degallaix, ambassadeur de France, et du gouverneur de Ben Arous.


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