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CAP Liberté de Conscience - Liberté de religion - Liberté thérapeutique

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« UN MONDE DE « BRUT »

Par Christian Paturel
février 2010

 

 

Tout le monde arabe s’enflamme, à la surprise générale des grandes nations occidentales qui ne sortent pas grandies de la « realpolitik » (adaptation moderne des enseignements de Machiavel) menée au cours des trois ou quatre dernières décennies. Ces « puissances », dans leur égoïsme, imaginaient certainement que les peuples concernés renonceraient définitivement à cet amour de la liberté, à cette exigence de dignité, à cette volonté de paix et de sécurité qui sont ancrés dans le cœur de tout humain. Une dictature ne peut nullement répondre à de telles attentes et, tôt ou tard, les aspirations individuelles se fédèrent, consciemment ou inconsciemment, et s’expriment dans une explosion populaire. Les enseignements de l’Histoire sont toujours oubliés : 1789, octobre 1917, les guerres de décolonisation, mai 1968, le mur de Berlin…

Et l’occident de s’inquiéter pour ses propres économies et son approvisionnement en pétrole. Le coût du brut « flambe » (lui aussi…). Cette façon d’aborder la question, de façon égoïste et… par le petit bout de la lorgnette est pour le moins révélatrice. Face à une remise en cause de régimes politiques oppressants, remise en cause qui pourrait fort bien s’étendre au niveau mondial, les nations nanties regardent leur nombril et n’appréhendent que leurs intérêts immédiats. Politique de myopes basée sur le court terme… N’oublions pas que les 192 Etats qui siègent à l’ONU comportent environ 150 régimes autoritaires et dictatoriaux. Est-ce viable à terme ? Le statut-quo fait-il partie de cet « ordre mondial », aussi fragile qu’instable, défendu par les puissants de ce monde dans tous les domaines : économique, financier, social, géopolitique…

Le monde est toujours dominé par le « brut ». D’aucuns redoutent un nouveau « choc pétrolier » ? De toute évidence ce dernier coïncidera avec « un choc céréalier », et, d’une façon générale, « un choc alimentaire ». La Bible (révélation chapitre 6 verset 6) annonçait que des biens de première nécessité comme un litre de blé ou trois litres d’orge coûteraient le salaire d’une journée de travail (un denier de l’époque). Cette prophétie se réalise aujourd’hui. Est-ce une découverte ? Absolument pas ! Depuis des décennies la tragédie de la faim dans le monde s’aggrave. De nombreux et incessants avertissements sont prodigués depuis près de 70 ans. Ainsi, la revue américaine U.S. News et World report du 4 août 1980 évoquait les travaux d’une commission qui à l’époque alertait les autorités : « A moins que de nouvelles et importantes mesures ne soient prises, d’ici 20 ans notre monde ne sera qu’une planète peu sûre et d’une saleté repoussante sur laquelle des milliards de déshérités se disputeront des ressources rares et très chères ». Cette commission officielle, nommée par le président des Etats-Unis, n’appartenait à aucun mouvement dit apocalyptique.*

Visiblement rien n’a été fait pour mettre un terme à la tragédie de la faim. L’ONU (dans lequel le Vatican voyait le « Gouvernement de Dieu » sur la terre) et les Etats confirment leur totale impuissance à solutionner les problèmes mondiaux.

Les statistiques sérieuses évoquent la présence sur notre planète de plus d’un milliard de pauvres ne disposant pas d’un minimum qui se situe, en tout état de cause, en dessous de ce qu’exigent la décence et de la dignité. Les chiffres sont froids et touchent très rarement le cœur. L’information: « plus d’un milliard d’humains ! » ne peut jamais exprimer toutes les souffrances vécues par ces enfants, ces femmes, ces hommes. Aux chiffres je préfère le littéraire. Le récit suivant ne laissera personne indifférent :

« A Chimu, sur la rive du lac Titicaca (3800m) au Pérou.

(…) Ce sont les enfants qui les premiers nous ont approchés, grands yeux noirs de biche et remplis de convoitise.

Sans faire attention, j’ai mangé une pomme, mais je me suis arrêté net en voyant les enfants se précipiter pour croquer les épluchures que je jetais. Se peut-il qu’un être humain soit misérable à ce point !... Sans arrière-pensée, nous avons alors commencé notre offensive d’amitié, ouvrant pour eux des boîtes de biscuits et distribuant des morceaux de pain sur lesquels ils s’abattaient comme des affamés. Quentin, mon fils, jamais tu n’auras la permission de jeter du pain ! Les femmes sont arrivées en courant, tendant vers nous leurs mains noires et noueuses, et nous entourant de leur groupe implorant. Je me souviens qu’à la trouble époque de la libération de Paris, les soldats américains s’étaient également vus assiégés par des femmes et des enfants, quémandant cigarettes et chocolat. Malgré les souffrances de la guerre, les Français n’avaient pas atteint le dixième de la misère que nous avons trouvée chez les Aymaras de Chimu. A moi, ceux-ci demandaient du pain, et non du chocolat, et je puis en juger maintenant : un peuple n’a le droit d’oublier ainsi sa dignité que s’il est plongé dans un dénuement total et sans espoir…

…Chaque soir, lorsque nous faisions la cuisine, celui que nous appelions le paria venait nous rendre visite, accompagnée de sa petite fille, frileuse et maigre silhouette aux grands yeux noirs chargés d’envie. C’était sans doute le plus misérable de nos voisins. Cet homme et sa fille furent notre calvaire ; tous les soirs ils contemplaient notre dîner, le regard suivant chaque trajet de la cuillère depuis l’assiette jusqu’à la bouche. Nous l’aidions au maximum mais nous ne pouvions pas l’inviter, c’eût été un précédent fâcheux, et par la suite il aurait fallu nourrir toute la population de Chimu. Chaque fois que nous jetions une boîte de conserve vide, un bout de papier, une allumette consumée, le père faisait signe à sa fille, et elle se précipitait pour ramasser l’objet qu’elle conservait comme un trésor dans sa petite main brune. Un jour, il restait des nouilles, et sans penser à mal, nous les jetâmes sur le sable où la petite vint les disputer aux chiens du village. Ce fut une bien cruelle leçon, mais, à la longue, on s’habitue à tout, même à prendre ses repas sous le regard d’un affamé ». « On s’habitue à tout ! ».

L’expression est sinistre, inhumaine et fait très mal. Mais, ne nous habituons nous pas à voir des SDF dormir dans le froid, des personnes jetées sur le pavé faute d’avoir payé leur loyer, des dictateurs reçus en grande pompe, des régiments de chômeurs remerciés par des puissances financières guidées par le dieu argent, des peuples exploités afin d’assurer le confort de nations nanties… (liste dramatiquement non exhaustive) ?

Le récit ci-dessus est tiré du livre de J Raspail « Terres et peuples incas » (collection La Croix du Sud, Julliard 1954 pages 204-205 et 213-214). Vous avez bien lu : 1954, il y a près de soixante ans ! Sachant que depuis cette époque la situation des pauvres n’a fait qu’empirer….

(Complément : Juste un petit détail historique à propos de la libération de Paris. Les parisiens ont bénéficié de la générosité des soldats américains de la 4è division d’infanterie et… des soldats de la 2è DB du général Leclerc durant les journées des 23, 24 et 25 août 1944).


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