CAP
LC 2008
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Habituellement, logiquement et raisonnablement, lorsquune bataille doit être livrée on place à la tête des armées les meilleurs généraux, ceux qui ont remporté le plus de victoires. Il ne viendrait à lidée de personne de nommer un militaire qui naurait connu que des défaites, ce que les anglo-saxons appellent un « looser » (pardon pour cette infidélité à la loi Toubon de 1994 sur la protection de la langue française). En France, « habituellement » on semble avoir adopté la pratique inverse. A croire que lintelligence et la raison font défaut, que la logique est aux abonnés absents. Je mexplique. «
Continuez à frappez et on vous ouvrira » LEglise des Témoins de Jéhovah de France, depuis des années, tente dobtenir auprès des autorités publiques la possibilité davoir des aumôniers dans les prisons. Cette demande, na rien danormal ou dindécent compte tenu du statut dassociation cultuelle reconnu à cette Eglise par les plus hautes autorités judiciaires (Conseil dEtat), administratives (bureau des cultes du ministère de lintérieur) et internationales (Cour européenne des droits de lhomme). Mais, une nouvelle fois, la France, du fait de forces occultes intervenant en dehors de tout processus démocratique, sillustre par son particularisme et bascule dans lintolérance et le discriminatoire. La France, ce modèle qui « aux peuples étrangers donnait le vertige » (chanson « Ma France » de Jean Ferrat), va-t-elle enfin faire droit à cette légitime demande des Témoins de Jéhovah ? Aujourdhui, si la France « donne le vertige aux peuples étrangers », cest dans un tout autre sens et ce nest pas un compliment Elle nest plus le modèle à suivre, il sen faut ! Restons néanmoins positifs. Il est possible despérer un heureux dénouement après les trois arrêts rendus par la cour administrative de Paris en date du 30 mai 2011. Ces décisions sont très claires et sont exécutoires nonobstant tout recours en cassation devant le Conseil dEtat : - La cour confirme lannulation par les tribunaux administratifs des refus de ladministration pénitentiaire daccorder le statut daumônier aux représentants de lEglise des Témoins de Jéhovah, - Le ministère de la justice, qui jusquà ce jour a refusé de faire droit à cette requête, a lobligation dans un délai de deux mois de réexaminer les demandes dagrément qui ont été déposées. Passé ce délai, la chancellerie sera condamnée à verser une astreinte de 100€ par jour de retard. - Le ministère de la justice serait-il procédurier Au point dencombrer ses propres juridictions Précisons que lEtat Français « se réserve le droit de se pourvoir en cassation devant le Conseil dEtat » (dixit le porte-parole du garde des sceaux). Un tel recours, pour être recevable, se doit dintervenir dans les deux mois qui suivent la notification aux parties de ces arrêts. La position du « ministère de la justice » est indéfendable (car contraire au droit), et absconse (car ignorante de la logique élémentaire). Je savais le ministère de la justice aveugle, je ne pensais pas quil était sourd et aussi ignorant du droit. Pardonnez du peu. Jugez plutôt : - Le Conseil dEtat par plusieurs arrêts a reconnu le caractère dassociation cultuelle aux associations locales des Témoins de Jéhovah, - Tirant les conséquences de cette jurisprudence, le ministère de lintérieur sest exprimé dans les arrêtés préfectoraux qui ont délivré ce statut aux associations nationales représentatives de cette église, - La Cour européenne des droits de lhomme depuis des décennies censure systématiquement les Etats (Grèce, Autriche, Russie, France ) qui commettent des discriminations à lencontre des Témoins de Jéhovah. Pour cette haute juridiction il sagit dun véritable culte qui ne suscite ni appréhension, ni suspicion. - La HALDE, fin février 2010, a considéré que la position intransigeante du ministère de la justice à légard des Témoins de Jéhovah était « de nature à limiter lexercice de la liberté de religion des détenus ». - A ce propos, le Défenseur des droits a absorbé la HALDE. Sur la base de larticle 44 la loi organique n° 2011-333 du 29 mars 2011, « toutes les procédures ouvertes (par cette dernière) se poursuivent devant le Défenseur des droits » Cette réforme se met en place progressivement depuis le mois de mai dernier. Des problèmes subsistent néanmoins : le président nest toujours pas nommé, les fonctionnaires attendent quil soit statué sur leur situation administrative, les instructions manquent (liste non exhaustive). - La Miviludes jouit de beaucoup plus de facilités, de crédits et de considération pour poursuivre son uvre déstabilisatrice voire destructrice. Il est vrai, rappelons-le, que nous sommes « Au Pays des droits de lHomme ». Ah bon ! Je suis rassuré. - Le contrôleur général des lieux de privation de liberté a déploré la politique de ce ministère qui va à lencontre de nombreuses décisions de justice. Sommes-nous, oui ou non, dans un Etat de droit ? La question mérite dêtre posée. Le ministre de la justice ignore, méprise, bafoue les décisions rendues par ses propres magistrats, « Au nom du Peuple Français » rappelons-le. Au niveau juridique le dossier du ministre est vide. Sur le plan de la compétence, de lintégrité et du respect de lautorité de la chose jugée, cest inquiétant. Dautres arguments peuvent-ils être opposés aux demandes daumôniers, bénévoles précisons-le, présentées par les Témoins de Jéhovah ? Par respect du contradictoire et aux fins dêtre exhaustif, évoquons les : Une Miviludes « apocalyptique »Les Témoins de Jéhovah chercheraient à obtenir une reconnaissance cultuelle selon la Miviludes. Mais, Mesdames et Messieurs de cette charmante « institution » (sic pour ne pas dire « hic »), cette reconnaissance cultuelle (et officielle) française a fêté ses 11 ans en juin. Il faudrait peut être se tenir au courant de la vie sociale et de lhistoire de France. Les voies de la Miviludes sont « impénétrables » ! Elle nous joue « La Belle au bois dormant », à moins quelle nous fasse un « remake » (pardon Toubon) d « Un jour sans fin » (film dans lequel le héro est figé dans le temps et revit en permanence la même journée). Quel que soit le film, il va falloir quelle se réveille. A propos, cest quoi la Miviludes ? Le général de Gaulle laurait certainement appelé « le machin », terme de mépris quil réservait à lONU pour dénoncer son inutilité. Quel est son fondement démocratique ? A quoi peut servir cet épouvantail au pays des droits de lhomme ? La réponse simpose : à faire peur aux libertés. Son dernier rapport, « déposé » (le terme me plaît, il évoque pardon, je mégare, voilà que je verse dans la scatologie ) ne risque pas de figurer parmi les grandes uvres humaines qui ont fait progresser lhumanité. La Miviludes se fait tour à tour : - archéologue en ressortant le dossier des Enfants de Dieu, une affaire datant de 30 ans ! (Tiens, « on » retrouve la mémoire pour les besoins de « la cause ») - Fossoyeuse en exhumant le dossier pour le moins énigmatique du « suicide collectif » des membres du Temple Solaire de 1995, (preuves quelle na rien à « se mettre sous la dent » ), - doctoresse en se prononçant sur lefficacité des traitements médicaux, - sociologue, - historienne des religions, - puéricultrice, - diététicienne (une nouvelle fois, liste non limitative des compétences gérées par cette organisation) A une certaine époque, un chef dEtat africain cumulait tous ces titres, il sappelait Amin Dada. Il est vrai que cétait un dictateur à qui il manquait quelques « cases ». Le fonds de commerce de la Miviludes devient un véritable supermarché. « Super Miviludes », une marque déposée, une société commerciale à succursales multiples (Unadfi, CCMM, commission parlementaire ). On y trouve toute la panoplie de loppression et de lintolérance : chiffres mensongers, déformation des faits, manipulation, propos alarmistes sur une apocalypse en 2012 A propos de cette dernière, pour linstant, le seul élément apocalyptique, il faut le reconnaître, cest la Miviludes. « greffier : faites entrer les Témoins »Je rappelle, modestement et avec beaucoup de respect, au ministre de la justice que la matière des aumôniers de prison est traitée aux articles D 432 à D 439 du code de procédure pénale. Article D 432 : « Chaque détenu doit satisfaire aux exigences de sa vie religieuse, morale ou spirituelle ». Le ministère, faute dargument juridique, invoque le fait que le nombre de personnes concernées (comprenez le nombre de Témoins de Jéhovah détenus) est trop faible pour justifier la nomination daumôniers de cette confession. Laffaire devient ubuesque. En reprenant limage donnée en introduction, lEglise des Témoins de Jéhovah serait handicapée, discréditée, écartée en raison du succès résultant de la faible délinquance enregistrée parmi ses rangs. Inversement, en suivant ce raisonnement pour le moins surprenant, une religion qui peut revendiquer de nombreux criminels (moyen permettant de quantifier ses défaites et échecs au niveau de linstruction religieuse et morale) se voit « ouvrir toutes grandes les portes de la prison » (cest une nouvelle image). Largument nest pas juridique. Il est encore moins pertinent. Il est, nayons pas peur des mots, ridicule. Ah si le ridicule tuait, il faudrait rétablir la guillotine Pourtant, dans de très nombreuses démocraties libérales, les Témoins de Jéhovah ont enregistré beaucoup de succès auprès des détenus. Certains sont devenus croyants, dautres ont pu exercer leur liberté religieuse en changeant de religion. Compte tenu des résultats déplorables obtenus par la politique pénitentiaire française (en matière de réinsertion dans la société notamment), la décision politique qui conduit à se priver des services (bénévoles) des aumôniers Témoins de Jéhovah est particulièrement regrettable et incompréhensible. Ce faisant, quelques individus, de façon discrétionnaire, sopposent depuis des années à lintérêt général et aux besoins de la société. La Miviludes a été mise en place par les politiciens. Le ministère de la justice dépend des politiciens. Les commissions parlementaires sur les « sectes » sont créées par « quelques » parlementaires qui sont des politiciens. « Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer dautorité qui nen émane expressément » « La Société a le droit de demander compte à tout Agent public de son administration » (Articles 3 et 15 de la DDHC de 1789) Je doute que les positions prises par ces structures répondent à une aspiration de la nation, à une demande massive du peuple français dont les soucis sont dun autre ordre. Elles ne correspondent pas plus aux jugements et arrêts clairs, constants, précis rendus par la juridiction administrative. Mais alors quel esprit malin opère derrière ces institutions ? Partisans dun « ordre nouveau » ? Défenseurs dune laïcité de combat ? Sectophobes congénitaux ? En tout état de cause, ce nest pas un esprit juridique vu son mépris des décisions de justice, ce nest pas « un esprit sain dans un corps sain ». Mais, lanonymat ne permet-il pas de cacher sa honte, la médiocrité de ses mobiles et son manque de noblesse. Terminons sur une note plus positive et optimiste Les garde-fous institutionnelsIl existe fort heureusement des garde-fous (jamais un terme na été aussi bien adapté à la présente situation) dordre institutionnel : La presse (parlée, écrite, télévisée) Cette dernière na guère brillé ces dernières années par son intégrité, son souci de vérité, son indépendance et son respect de la déontologie. Toutefois, après avoir suivi, avec beaucoup dintérêt, linterview de Georges Fenech par le journaliste Robert Ménard à propos du dernier rapport annuel de la Miviludes, je me reprends à espérer. Les questions pertinentes et précises de Robert Ménard nont pas reçu de réponses sensées, convaincantes. Il est vrai que Georges Fenech na pas lhabitude dêtre gentiment remis en cause. Jusquici, il sexprimait dans le cadre douillet de plateaux où ses interlocuteurs, sur un ton condescendant voire complice, reniaient la raison dêtre et la grandeur de leur profession. Il semble que cette époque soit révolue. Les tribunaux et cours Vous noterez que je ne fais aucune confusion avec le ministère de la justice. Des centaines de décisions juridictionnelles ont rappelé, au cours des dernières décennies, que les droits de lhomme et les libertés fondamentales font toujours partie du droit positif français. Nen déplaise à certains. La Cour européenne des droits de lhomme Juridiction internationale qui a maintes reprises a repris la France en cas de disfonctionnement dans ladministration de la justice LUnion européenne, Conseil de lEurope et, dune façon générale lopinion internationale La France nest plus une île déserte perdue dans un océan. Nous faisons partie dune communauté internationale et cette dernière ne manque pas de sinterroger quant à laberration de certaines structures qui génèrent des discriminations. Le poids de cette opinion mondiale ne doit pas être négligée. Linformation ne relève plus du monopole des médias ou des gouvernements, elle circule très vite grâce à internet. Lopinion françaiseCette dernière, après avoir plus ou moins mordu à lhameçon « sectes » agité par quelques trublions commence à se ressaisir. Il est vrai que laction de plusieurs structures associatives et de personnalités nest pas étrangère à cette évolution des esprits : CAP-LC, CICNS, Ethique et Liberté , Professeur Pierre Barrucand, Jean Bauberot, Régis Dericquebourg, Anne Morelli, Ligier, Danièle Gounord, le pasteur Dominique Kounkou (je demande pardon à tous ceux dont le nom mérite de figurer dans cette énumération qui na pas la prétention dêtre exhaustive) Le Défenseur des droits. Ce dernier officie malgré les difficultés évoquées ci-dessus. Dans le dossier qui loppose depuis 2006 au conseil général de lEure (voir précédents articles), mon épouse a reçu le 15 juin dernier un courrier linformant que : « Le Défenseur des droits a effectué une instruction approfondie de votre réclamation, à lissue de laquelle il a décidé de rappeler au Président du Conseil général quen labsence de griefs touchant aux incidences de vos convictions sur les conditions daccueil des enfants, la décision litigieuse revêt le caractère dune discrimination prohibée notamment par les articles 9 et 14 de la Convention européenne des droits de lhomme et des libertés fondamentales » Voilà une vilaine affaire qui se termine fort joliment. La rivalité qui opposait les époux Paturel touche enfin à son terme, mon épouse me reprochait de négliger son dossier contentieux alors que javais su, dans mon procès, obtenir un excellent arrêt de la Cour européenne des droits de lhomme le 22 décembre 2005. La paix conjugale est revenue. Egalité, un partout, balle au centre. Terminons cet article sur la liberté religieuse et les prisons en citant Victor Hugo. Monseigneur Myriel sadresse à Jean Valjean après lui avoir offert les chandeliers : « Jean Valjean, mon frère, vous nappartenez plus au mal, mais au bien. Cest votre âme que je vous achète ; je la retire aux pensées noires et à lesprit de perdition et je la donne à Dieu » « Les Misérables » Livre 2 chapitre 2 En
ce début de XXI siècle, il ya dautres Jean Valjean et
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