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CAP Liberté de Conscience - Liberté de religion - Liberté thérapeutique

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Une porte doit être ouverte ou fermée
Ou La chasse aux grand-mères
Ou Réflexions sur la topologie des cuisines

Par Gilles Carat
mai 2011

 

 


Chaque année, la Miviludes doit organiser un certain nombre de « brain storming » (‘mayonnaise de cerveaux’, et Dieu sait combien la Miviludes compte de cerveaux éminents) pour trouver un nouveau thème à son rapport annuel sur les « dérives sectaires ». Après les randonneurs, les prescripteurs de tisanes, les enfants indigo, turquoise ou jaune citron, les « micro-groupes » - sûrement en référence à l’arrivée des nano-technologies -, elle tient enfin un sujet large et riche : « les grands mères ».

En effet, après le feuilleton médiatique relatant les péripéties d’une enquête sur une famille décimée, sujet qui a permis de détourner l’attention des télé-radio-lecteurs-cybernautes, en particulier des vraies raisons de la présence de la France en Lybie et en Côte d’Ivoire, voici que le Monde, reprenant une dépêche opportune de l’AFP, titre : « NANTES : LA GRAND-MERE AVAIT CREE UN GROUPE DE PRIERES DE TYPE SECTAIRE ».

On y apprend, de la bouche de la Miviludes, que cette grand-mère avait créé il y a cinquante ans un «groupe de prières fermé» comportant des risques de « dérives sectaires » ; « On ne peut que constater que Xavier était un enfant aux côtés de sa mère, au moment où sa mère constituait son groupe de prières », explique doctement Georges Fenech. Effectivement, CQFD, fine analyse. M. Fenech poursuit en expliquant que ce groupe, fait aggravant, pratiquait «la délivrance de messages divins de Jésus Christ» et des « prières à destination de la Vierge Marie ». On mesure effectivement tout l'insoutenable de la situation. Au lieu d’aller espionner les stands dans les salons bio, nous suggérons d’ailleurs d’organiser une descente de la Caimades, la nouvelle brigade d’intervention de la Miviludes, à Lourdes, afin de sanctionner toutes les affirmations « délirantes » qui y courent.

L’Adfi de Rennes – fidèle à sa « chasse aux idées et convictions qui respecte la liberté de conscience » - y va également de son petit couplet sur « la doctrine délirante » du groupe et « les critères ».

Nous avons donc un nouveau problème de définition. Tantôt, on nous expliquait que, par définition, il est facile de rentrer dans une secte mais difficile d’en sortir, au prix d’ailleurs d’un véritable flagrant déni de réalité, car le « turn-over » dans lesdites sectes est probablement 10 fois plus important que dans les religions établies, les partis politiques et la Franc-maçonnerie. Aujourd’hui, on reproche à ces entités inquiétantes – et inquiétées - d’être « fermées ». C’est toujours la logique du tout et son contraire – quoi que tu fasses ou dises, tu as toujours tort. Tu es ouvert et tu recrutes, c’est dangereux. Tu es fermé, c’est dangereux. Tu es à moitié ouvert, à moitié fermé, là c’est le summum du danger, car tu es « indétectable ».

D’autre part, les chantres de l’idéologie laïciste « à la française », qui, n'ayant pas lu probablement les textes français de référence sur la laïcité, affirment contre-vérité sur contre-vérité sur un ton incantatoire, insistent souvent sur la dimension « privée » de la religion, qui ne devrait pas déborder sur l’espace public selon eux. Ils oublient au passage que, d’après la définition même d’une religion, celle-ci doit avoir une expression publique pour être qualifiée de religion ! Zéro pointé, recalés.

Il n’est pas inutile de rappeler que, outre le fameux débat sur le voile et les signes ostentatoires, ce débat s’était cristallisé sur un fait moins médiatisé qui avait vu un professeur de lycée « viré » parce que des élèves l’avaient vu simplement entrer dans un centre appartenant à une minorité spirituelle. Bien que ce professeur n'ait jamais fait de prosélytisme, l‘administration avait considéré que ce simple événement constituait un « trouble à l’ordre public » et justifiait le transfert dudit professeur. A l'époque, nous avions argué face au "M. Sectes" de l'Education nationale que cette "règle" n'était pas appliquée aux catholiques, protestants ou juifs, qui pouvaient librement entrer dans une église, un temple ou une synagogue aux yeux de tous, et qu'elle constituait donc un fait de discrimination flagrant, ce dont il n’avait pas disconvenu.

Or donc, ceux qui voudraient confiner l’exercice religieux dans la cuisine nous disent maintenant que « cuisine, d’accord », mais il faut laisser la porte ouverte ! Il y a sûrement un nouveau créneau pour les installateurs de cuisine, les cuisines semi-ouvertes / semi-fermées.

Pas facile à concilier tout cela. Passons sur l’évolution démographique de nos pays riches qui fait qu’il y aura de plus en plus de grand-mères à surveiller. La Miviludes aura besoin d'un véritable régiment, et encore !

Cette affaire surmédiatisée, tout comme la mise en scène de la chasse aux Roms de l’été dernier, constitue un véritable détournement des véritables problèmes de la société. Pendant ce temps, les institutions médicales « sérieuses » de la République française tuent allègrement chaque année 15 000 personnes - civiles - par an (4 200 par infection nocosomiale et 10 000 par erreurs médicales officiellement reconnues), soit plus que les guerres d'Afghanistan, d'Irak, de Lybie, de Palestine et de Côte d'Ivoire réunies. Pour aggraver la forfaiture, l'Ordre des médecins condamne les praticiens alternatifs qui n'amènent pas manu militari leurs patients se faire « soigner » à l'hôpital (voir la procédure consternante subie par le Dr Gardénal et le harcèlement des homéopathes qui, eux, ne tuent personne).

En conclusion, il y a sûrement plus dangereux que les « groupes fermés de grand-mères » dans notre pays. Mais, à tous ceux qui ont eu le malheur de penser librement, prenant naïvement à la lettre la Déclaration des Droits de l’Homme, et qui ont la particularité de résider en France, pays hautement « spécifique », il faut conseiller de laisser la porte à moitié ouverte, pas trop ouverte pour ne pas être accusé de prosélytisme, pas trop fermée pour ne pas être accusé d'enfermement.

Quant à la Miviludes, ainsi qu’à l’Unadfi, nous conseillons d’ouvrir un peu leur porte blindée fermée à double tour et d’accepter un débat équitable, où l’on examine les faits et l’on respecte la Constitution, au lieu de s'auto-intoxiquer en circuit fermé - il serait fort instructif d’enregistrer leurs conversations privées -, ce qui leur éviterait de se faire traiter de façon récurrente de « sectes anti-sectes ».


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