CAP
LC 2008
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La Miviludes demande que ses membres et agents ne soient plus à lavenir (un avenir radieux pour les libertés ) « Poursuivis, recherchés, arrêtés, détenus ou jugés à loccasion des opinions quils émettent ou des actes quils accomplissent dans lexercice de leurs fonctions ». Cette exigence, pour le moins insolite, ressort dun document officiel de lEtat français, à savoir : lavis N° 116 (2010-2011), dAlain Anziani, fait au nom de la commission des lois et déposé le 18 novembre 2010. En un mot, la Miviludes demande la totale impunité (pénale et civile) pour tous ses serviteurs. Si ce caprice, non dépourvu darrière-pensées, était satisfait, la France reviendrait à lépoque que lon croyait révolue, où les rois de France (qui étaient comme chacun le sait dessence divine ), jouissaient dune totale irresponsabilité. Cette nostalgie de la monarchie absolue se concilie très mal avec un Etat de droit, avec une société démocratique et libérale qui reposent sur le respect des droits fondamentaux destinés à garantir et à assurer les libertés de conscience, de pensée, de religion, de culte, de réunion, dassociation, dexpression Le roi, « représentant de Dieu sur terre ne pouvait mal faire ». En ce 21è siècle, en sera-t-il de même pour la Miviludes ? Le dogme de linfaillibilité papale transposée dans un Etat laïc ? LInquisition opérant avec une écharpe tricolore ? Ces curiosités relèveraient certainement de « lexception française ». Au-delà de ces remarques pamphlétaires, cette irresponsabilité statutaire serait inquiétante en ce sens quelle rétablirait le pouvoir absolu. Le mot « secte » et son hypocrite succédané « dérives sectaires », nous le savons tous, ont été détournés de leur sens originel et revêtent, dans certains milieux où la tolérance nest pas la vertu cardinale, une connotation péjorative chargée danathème. Lappartenance à une secte, laccusation de « dérive sectaire », sont devenues sur la scène nationale de véritables délits Des délits dune époque troublée, reflets dune société en pleine décomposition et qui tente de saccrocher à un mode de production et de vie qui, à ses yeux, serait la panacée (un remake de « La Grande illusion »). Ces termes sont cependant dénués de tout fondement juridique, préliminaire pourtant indispensable dans un Etat de droit. Sauf dans les régimes totalitaires, un comportement nest répréhensible et ne peut être sanctionné que sil a été au préalable défini avec précision. Dans la mesure où les pouvoirs publics ont décidé depuis trois décennies de sopposer au droit « de suivre une autre route queux » (droit cher à Georges Brassens) et de marginaliser, discriminer, mettre au banc des accusés une partie de la population, le minimum aurait été de définir ces deux infractions (sic) qui interdisent en réalité le droit à la différence. Et pourtant ! Georges, Georges Fenech cette fois-ci, président de la Miviludes, a confessé le 15 octobre 2010, sur Radio Vatican : « Nous navons pas de définition, ni dune secte, ni dune dérive sectaire ». Sagit-il dun scoop, dune nouvelle ou dune révélation ? Absolument pas ! Cette réalité, ou plus exactement cette évidence, est admise, depuis des lustres, par les sociologues, les historiens, les religieux, les juristes Sagit-il dun aveu donné dans le cadre dun confessionnal ? Nétant pas dans le secret du Vatican, je lignore. De façon plus sérieuse, la réponse donnée par Georges Fenech a le mérite dêtre courageuse et respectueuse du droit. Lorsque limmunité complète et permanente (les parlementaires eux-mêmes ne bénéficient pas dune telle permanence) aura été accordée, les agents de la Miviludes seront « juges et parties ». Le scénario est écrit davance. La Miviludes a balayé, dun coup de loi (il fallait le faire ) les textes légaux (loi du 9 décembre 1905 sur la séparation des Eglises et de lEtat), constitutionnels (principes de laïcité et de neutralité) et conventionnels (5 ou 6 articles de la convention européenne des droits de lHomme), textes qui placent toutes les croyances sur un pied dégalité et condamnent toutes les formes de discrimination.
Ce faisant, la Miviludes cumulera les compétences législative et exécutive. Lautorité judiciaire, quant à elle ninquiètera pas ce pouvoir Miviludien du fait du régime dirresponsabilité institué. Même le Président de la République, sur le plan constitutionnel, ne bénéficie pas de telles prérogatives. Un seul problème ! A trop regarder son nombril, « on » ne lève plus les yeux et « on » occulte totalement son environnement. Or, que je sache, la France fait partie du Conseil de lEurope et a ratifié, tardivement (1974) je vous laccorde, la convention européenne de 1950. Une plaignante (et elles risquent dêtre nombreuses à lavenir) qui se considérerait victime de la Miviludes et qui aurait été déboutée par les juridictions françaises, en raison précisément de ce régime dirresponsabilité, serait très avisée de saisir la Cour européenne. Dune part, la Cour de Strasbourg, à de nombreuses reprises, a rappelé que les juges nationaux doivent faire prévaloir le droit européen. Dautre part, dans le présent cas de figure que nous évoquons, les arguments juridiques tirés de la convention européenne ne font pas défaut, bien au contraire : Article 6 : « Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement, publiquement et dans un délai raisonnable, par un tribunal indépendant et impartial ( ) Article 8 : respect de la vie privée et familiale Article 9 : respect de la liberté de pensée, de conscience et de religion Article 10 : liberté dexpression, dopinion, droit à linformation Article 11 : liberté dassociation, de réunion Article 13 : « Toute personne dont les droits et libertés reconnus par la présente Convention ont été violés, a droit à loctroi dun recours effectif devant une instance nationale, alors même que la violation aurait été commise par des personnes agissant dans lexercice de leurs fonctions officielles ». Ah bon ! Article 14 : « La jouissance des droits et libertés reconnus par la présente Convention doit être assurée, sans distinction aucune, fondée notamment sur le sexe, la race, la couleur, la langue, la religion, les opinions politiques ou toutes autres opinions, lorigine nationale ou sociale, lappartenance à une minorité nationale, la fortune, la naissance ou toute autre situation » La justice, légalité, la tolérance, le pluralisme, le droit, les libertés, le bon sens faute dêtre réaffirmés par le juge français, seront protégés et garantis par le juge européen. Un nouveau rendez-vous historique manqué par le premier et réussi par le second. Du plus bel effet pour le Pays des droits de lHomme Oubliant la fable de la grenouille Le pouvoir absolu La Miviludes voulut Et sa totale immunité Demanda avec volupté Mais, mal se termina la magouille Ne comptez pas les pieds, ce ne sont pas des alexandrins, tout au plus de la prose boiteuse. Pardonnez-moi ce carnage littéraire, mais, dans la mesure où en France certains massacrent et piétinent nos libertés, je nai aucune honte. Les traditions senvolent, notre patrimoine juridique et littéraire sévapore et tout est permis. Alors CAPLC - CAP pour la Liberté de Conscience - Liberté de Religion - Liberté de Conviction |