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CAP Liberté de Conscience - Liberté de religion - Liberté thérapeutique

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« DANS LES COULOIRS DU TEMPS… »

Par Christian Paturel
juin 2011

 

 

Note préliminaire

Cette expression est empruntée au film « Les Visiteurs », dans lequel un brave postier, apercevant Godefroy de Montmirail et Jacquouille la fripouille, s’exclame « les malades ils sont revenus ». Le titre de ce film ainsi que cette réplique pouvaient tout aussi bien être retenus pour intituler ce modeste article. J’avoue avoir longuement hésité.


L’affaire DSK, au-delà de la question portant sur la culpabilité ou l’innocence du quidam (laissons la justice américaine opérer sur ce dossier peu édifiant), aura au moins le mérite de révéler au grand public ce que tout bon observateur de notre vie nationale connaissait depuis longtemps, à savoir :

- La moralité chancelante d’une partie (proportion restant à déterminer) de la classe politique

Et

- L’état de quasi servilité des médias

« Bonjour Tristesse » (autre titre de film). Reprenons

La classe politique et la morale

De toute évidence, ce couple a divorcé depuis longtemps à en juger les affaires qui s’étalent sur la place publique. Quand je pense que la France a failli avoir comme président de la République, un « Monsieur pulsions », qualification a minima quel que soit le verdict américain. Compte tenu des titres de gloire de DSK (redressement fiscal des Témoins de Jéhovah) la bande organisée (Miviludes-unadfi-commission parlementaire sur les sectes) envisageait avec beaucoup d’optimisme et d’impatience le sacre sur le trône de France de cet homme qui, il y a encore peu de temps, régnait sur le hitparade des intentions de vote pour la prochaine présidentielle.

(Sur le redressement fiscal des Témoins de Jéhovah actuellement pendant devant la Cour européenne des droits de l’homme, voir les précieux détails apportés par Hocine sous l’article « Je (ne) plie et ne romps pas » qui figure sur ce site)

De deux choses l’une :

- Ou « les Français sont des veaux » comme le disait (de façon rétrospective et/ou visionnaire) le général de Gaulle,

- ou ces derniers ignoraient tout de la face cachée du personnage (« Docteur Jekyll et mister Hyde » ?), ignorance légitime et aisément compréhensible puisque « la classe politique savait mais ne disait rien » (formule littéraire relevée dans la quasi-totalité de nos journaux) et avait établi une véritable « omerta » (terme tout aussi usité dans les médias). Coupable complicité ? Crainte de poursuites pénales ?…

A peine remis de ce choc, nous apprenons de la bouche de Luc Ferry :

- qu’un ancien ministre aurait commis au Maroc des actes de pédophilie à l’encontre de jeunes garçons marocains,

- que l’équipe gouvernementale de l’époque était au courant mais,

- que par crainte de poursuites pénales l’informateur préférait s’abstenir de donner le nom dudit ministre

que cette affaire aurait été purement et simplement « classée »

« Classée » ! A cette terminologie judiciaire qui évoque l’idée d’une justice indépendante et intègre, je préfère celle « d’étouffée », plus appropriée à ce type de magouille. Il existe en effet des textes pénaux très clairs et précis qui imposent une obligation de révélation s’agissant de crimes commis sur des mineurs : articles L 226-14, L 434-1, L 434-3 du code pénal.

Mais où est passé notre Etat de droit ? Avant de rançonner les automobilistes pour de très légers dépassements de vitesse, de multiplier les redressements fiscaux sur le petit peuple (le dernier porté à ma connaissance concerne une jeune femme vivant seule, smicarde et ayant une enfant en bas âge à charge. Le contrôle fiscal a permis de recouvrer une somme inférieure à 200€…) il serait temps de s’intéresser aux « Gros dossiers » qui ne manquent certainement pas dans une république à coloration bananière.

Enfin, la « cerise sur le gâteau », nous apprenons qu’un membre du gouvernement, qui ignore certainement ce que sont les fins de mois difficiles, le chômage… a fait pression sur un employeur pour faire licencier une jeune vendeuse qui s’était permis, crime de lèse majesté, de risquer une plaisanterie jugée incongrue. « Jugée » ! Une nouvelle fois le mot n’est pas adapté à la situation car il conduit à penser que les droits de la défense ont été respectés dans le cadre d’un procès équitable et public (…) devant « un tribunal indépendant et impartial » (article 6-1 de la convention européenne des droits de l’Homme). Ainsi, un trait d’humour (qui est une forme d’intelligence), considéré unilatéralement et discrétionnairement comme déplacé par la secrétaire d’Etat concernée, permet en France et au 21è siècle, de bouleverser la situation personnelle et familiale d’une citoyenne. Je pensais (à tort bien sûr) que nos élus étaient au service de la Nation et…du peuple. Qu’ils étaient des serviteurs (au sens noble du terme) et non nos nouveaux maîtres et seigneurs. N’assistons-nous pas (depuis des lustres, il est vrai) à un renversement de ce rapport ? J’ai le sentiment qu’un certain 14 juillet 1789 est devenu purement folklorique, qu’une certaine nuit du 4 août 1789 portant sur l’abolition des privilèges n’est plus qu’un fossile, qu’une Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 est tombée dans les « oubliettes » de la féodalité. Une nouvelle noblesse est en place. Les puissants, les seigneurs sont de retour et bénéficient d’un régime et d’un statut privilégiés par rapport au menu peuple.

« La Société a le droit de demander compte à tout Agent public de son administration »

Feu article 15 de la Déclaration de 1789 précitée

S’agissant de « l’affaire américaine de la femme de chambre », dans l’attente de la vérité, la réaction de certaines personnalités ne manque pas de surprendre :

« Il n’ya pas mort d’homme » (Jack Lang)

Non ! Juste le viol présumé d’une femme.

« Il n’y a pas eu tentative de viol (… mais) une imprudence », « un troussage de domestique » (Jean-François Kahn)

Après ce « festival de Kahn » auréolé de décence, de délicatesse, de respect de l’humain et d’empathie, que dire de plus ?

Ah, la gueuse ! Elle nous ennuie avec ses états d’âme ! C’est vrai dans le fond, rétablissons ce privilège qu’était pour nos seigneurs de l’ancien régime le droit de cuissage.

Triste France tout de même ! Nous assistons :

- A la « Restauration » d’une classe de privilégiés qui, à quelques exceptions près, transcende tous les clivages : droite, centre et gauche,

- A une paupérisation croissante d’une grande partie de la population : le petit peuple, ce nouveau « Tiers Etat ».

- Au retour de l’Inquisition, de la chasse aux sorcières, de l’intolérance, de la dictature des esprits. La pensée unique combat tout ce qui est susceptible de remettre en cause un ordre dit établi (doux euphémisme compte tenu de son extrême fragilité et de l’imminence de son écroulement…). Combat déloyal qui n’hésite pas à violer le principe constitutionnel de laïcité et les droits et libertés fondamentales. Sont particulièrement ciblés : les nouveaux mouvements religieux, les courants philosophiques, les traitements thérapeutiques, les régimes…alimentaires

Evoquons ce qui devrait être un quatrième pouvoir : les médias

La quasi servilité des médias

Il appartient à ces derniers de révéler les aspects peu reluisants des personnages publics qui ambitionnent aux plus hautes fonctions de l’Etat. Comment les médias justifient-ils leur complet silence, le black-out qui a été unanimement établi voire imposé ?

Tout simplement en invoquant l’article 9 du code civil sur le respect de la vie privée. Que je sache, cet article 9 n’a jamais empêché la presse d’empiéter sur la vie privée des « petits », voire de personnes ne bénéficiant pas de l’immunité et des relations des politiciens : acteurs de cinéma, chanteurs. Quant aux membres appartenant à certains groupes minoritaires qui sont systématiquement vilipendés par la Miviludes et autres consoeurs, la presse est alors frappée d’amnésie quant à la protection instituée par cet article 9. Je pourrais sur ce plan évoquer des affaires particulièrement révélatrices de l’hypocrisie, de la sauvagerie et de la veulerie des médias.

Combien d’émissions télévisées ont pour objectif visible la déstabilisation, le harcèlement, la démolition, l’humiliation de l’infortuné représentant d’une minorité qui a accepté de participer à un « débat » tronqué au cours duquel il ne peut jamais s’exprimer. Au terme de l’émission (en supposant que la victime puisse achever ce parcours du combattant particulièrement miné…), l’individu est brisé, sa vie étalée sur la place publique, ses convictions, croyances ou pratiques totalement discréditées.

En abandonnant leur indépendance et leur éthique, les médias ont perdu toute crédibilité aux yeux de l’opinion publique. Fort heureusement, il existe encore des médias qui méritent le respect. Sans vouloir en faire une liste exhaustive, je garde un excellent souvenir de mes participations à Canal + justice, à radio classique et aux interviews données à certains organes de la presse écrite (Libération par exemple)

On comprend mieux la désaffection des jeunes pour les affaires publiques, le taux croissant d’abstentionnistes lors de chaque élection.

Curieuse République tout de même qui essaye de marier aristocratie et démocratie. Dont la trilogie « liberté, égalité, fraternité » tente de se concilier avec celle des nouveaux maîtres : « privilèges, richesse, passe-droits ». Pour y parvenir, il faut se livrer à un véritable exercice de contorsion. Certes, on peut toujours faire entrer un pied chaussant du 44 dans un soulier pointure 40, mais…on ne va jamais bien loin, à un moment donné il faut s’arrêter : 1789, 1830, 1848, 1936, 1968…


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