CAP
LC 2008
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« Au début, je pensais juste quil fallait se défendre, mais cette place est sans issue, je commence à comprendre... Ils ont frappé fort sur mon cou pour que je mincline ... Je les entends rire alors que je râle, je ne pensais pas quon pouvait autant samuser autour dune tombe. » Ainsi la chanson de Francis Cabrel nous relate-t-elle la lutte ô combien inégale entre le taureau et la meute de ses adversaires, le torero feignant de « vaincre » la bête, alors que la besogne a déjà été accomplie à 90% par les picadors avec leur longues lances qui « rompent » le cou du taureau. Il sagit en effet ni plus ni moins dun rite de mise à mort et non dun « combat ». Cest un peu limpression qua donné la guerre dIrak, lorsque les avions de la coalition ont enseveli leur adversaire honni sous un tapis de bombes, et ont tué à coups de « frappes chirurgicales » des dizaines de milliers de soldats avant de saventurer sur le sol irakien, dans une guerre technologique qui ressemblait à sy méprendre à un jeu vidéo. Nous avons cette même impression de pseudo combat avec la « guerre démocratique » lancée par la France contre le pouvoir libyen dont les médias semblent connaître lissue davance, et où lon prend un minimum de risques et (ce sont surtout des insurgés libyens qui mourront au sol, combattants par procuration). Certes, on a beaucoup écrit récemment sur les turpitudes du pouvoir libyen et beaucoup moins sur celles des « bons » dictateurs que lOccident soutient et avec qui il fait du commerce. Cependant, on ne peut sempêcher de remarquer que lopinion française a été préparée comme il se doit à cette guerre « juste », juste puisque cest le pape qui le dit. Cette opinion française sest levée comme un seul homme pour soutenir linitiative. Et pourtant, cette même opinion qui bénéficie danalyses quotidiennes souvent simplifiées, comme dans les feuilletons à sous-titres, serait abasourdie de ce qui se lit et dit dans les médias à travers le monde, notamment dans les pays qui ne font pas partie du G8 ou de ces coteries dÉtats puissants « démocratiques » qui décident de lavenir du monde. Au-delà des réactions en général timorées de leurs dirigeants qui ont souvent les mains (et le portefeuille) liées, cest en effet une salve extrêmement critique qui a accueilli cette nouvelle guerre dans les milieux intellectuels et lopinion publique. Dans ces pays, lavènement de la « démocratie » a coïncidé le plus souvent avec un laxisme et une corruption généralisée. Ces peuples savent que cette corruption est largement favorisée par les dirigeants des pays occidentaux qui déversent des sommes colossales daides en tout genre sur des gouvernements dirigés par des quasi-dictateurs, sachant pertinemment quune partie de ces fonds sera détournée, et reviendra parfois, outre les contrats commerciaux et frais de « consulting », sous forme de contributions aux campagnes électorales démocratiques occidentales. La France est championne dans ce sport. La justification « démocratique » de la guerre nest donc pas crédible dans ces régions. Dailleurs, le spectacle de la frénésie médiatique qui agite nos milieux politiques, la bourse des cotes de popularités qui semblent déterminer les politiques et les programmes, tels des jeux du cirque moderne, et dont la presse étrangère népargne aucun détail, ne font pas particulièrement figure dexemple pour les jeunes démocraties. De plus, il est extrêmement fâcheux que lintervention militaire en Libye, un peu plus offensive que prévue, ait été lancée par les trois principales puissances coloniales occidentales : la France, lAngleterre et bien sûr les États-Unis qui, sous une forme ou une autre, poursuivent une entreprise colonisatrice sous des dehors « modernes » et humanitaires. Il aura même fallu que lItalie, lancienne puissance coloniale en Libye, gesticule et insiste pour faire partie des troupes, et que le Pape joigne sa voix et bénisse les croisés ; les pays musulmans nen demandaient pas tant. Tout cela narrange pas la réputation internationale des pays occidentaux, qui nest pas si bonne que nos médias veulent bien nous le faire croire. Or, les peuples qui ne comptent pas et en particulier leurs intellectuels soulignent les « deux poids deux mesures » qui sautent aux yeux dans ce genre dinterventions « démocratiques ». Lorsque les alliés des États qui comptent tirent sur la foule, ou font donner les chars sur les populations ou les habitations, on ne voit pas dempressement ni dimpérieuse nécessité à intervenir militairement. Quand il sagit dun pays peu stratégique aux faibles ressources, on envoie quelques casques bleus. Sil sagit dun État pétrolier, on envoie les porte-avions et les bombardiers pour « rétablir la démocratie » et lon se passe des casques bleus, avec laval « la communauté internationale ». Les guerres dingérence démocratique de la dernière décennie, qui ressemblaient fort à des croisades, nont pas convaincu : que ce soit en Irak, en Afghanistan, ou en Palestine, la « démocratie » a amené ce qui ressemble fort à un chaos et une régression économique, et une division géographique de ces pays. Après la campagne de Libye, on peut sattendre à un regain dinstabilité au Sahara, vu les stocks darmes puissantes qui ont été récupérés par les groupes terroristes de cette région. Les spécialistes prévoient dès à présent le démantèlement de la Libye en plusieurs entités tribales, religieuses ou politiques. Déjà un nouveau front semble se profiler en Syrie, au point que lon peut sattendre à un gigantesque champ de bataille sétendant de lIran au Maroc sous peu, en incluant le Sahel, également réserve pétrolière à venir. Linstabilité qui en résulterait pourrait bien justifier linstauration un protectorat politique sur lensemble de ces pays, dont on déterminera les régimes et dont on choisira les dirigeants au cours de « réunion de la communauté internationale ». Celle-ci acquiescera bien sûr aux intentions des puissances occidentales. Un certain nombre de dirigeants sont dailleurs déjà choisis par la « communauté internationale ». Or, dans tous ces conflits, il existe plusieurs niveaux de vérité, le premier niveau seul étant véhiculé par les médias officiels. Aussi, par-dessus tout, il faut rester vigilant quant aux informations « autorisées » et les décrypter. Il est plus que probable que « lindignation démocratique » de lopinion française était un maillon nécessaire sintégrant dans une stratégie de troisième ou quatrième niveau dont rien ne perce dans les médias. Quels sont les plans et les motivations des anciennes puissances coloniales ? Il est clair que les campagnes dIrak et dAfghanistan nont pas donné les résultats escomptés. Un repli stratégique sur le Maghreb semble tout à fait séduisant, dautant plus que la France, lAngleterre et les États-Unis sont en train de se faire doubler commercialement par la Chine sur ce terrain. Toutefois, ils disposent encore de la supériorité militaire et de la force de frappe diplomatique, et peuvent jouer de cet atout pour reconquérir ces territoires et en refaire un pré carré, contrant ainsi les visées de la Chine, de la Russie, du Brésil ou de lInde, voire du Venezuela ou de lIran. Mais ne nous faisons pas dillusions, nous ne savons pas tout... La morale, cest que lHistoire se répète. Les croisés dautrefois étaient entièrement persuadés de la justesse de leur combat. Rien que des chics types qui avaient en face deux daffreux jojos, et qui tuaient et pillaient sans état dâme pour la bonne cause, pour gagner leur paradis. Rien de nouveau fondamentalement, seul lhabillage a changé. Il faut sefforcer de raison garder face aux grandes visées géostratégiques et à leurs justifications, pour ne pas se laisser embarquer / manipuler psychologiquement vers on ne sait quelle guerre sainte dont les vrais objectifs sélaborent dans le secret des cercles initiés. Tout ceci met dautant plus en relief lurgence du travail sur les consciences qui seul peut rétablir une hiérarchie des valeurs propre à lavènement dune civilisation pleinement humaine.
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