Coordination des Associations et Particuliers pour la Liberté de Conscience
Coordination des Associations & Particuliers pour la Liberté de Conscience
line
CAP pour la Liberté de Conscience - Liberté de Religion - Liberté de Conviction
 
actualites
enquetes
revue de presse
vos droits
Aidez-nous
futur
publications
Point de vue
liens / links
telechargements
contacts
english version
CAP LC 2008
www.coordiap.com
 
 
 
shim  
 

CAP Liberté de Conscience - Liberté de religion - Liberté thérapeutique

sectes-tribune-libre CAP LC

Corrida africaine

Par Gilles Carat
avril 2011

 

 

« Au début, je pensais juste qu’il fallait se défendre, mais cette place est sans issue, je commence à comprendre... Ils ont frappé fort sur mon cou pour que je m’incline ... Je les entends rire alors que je râle, je ne pensais pas qu’on pouvait autant s’amuser autour d’une tombe. »

Ainsi la chanson de Francis Cabrel nous relate-t-elle la lutte ô combien inégale entre le taureau et la meute de ses adversaires, le torero feignant de « vaincre » la bête, alors que la besogne a déjà été accomplie à 90% par les picadors avec leur longues lances qui « rompent » le cou du taureau. Il s’agit en effet ni plus ni moins d’un rite de mise à mort et non d’un « combat ».

C’est un peu l’impression qu’a donné la guerre d’Irak, lorsque les avions de la coalition ont enseveli leur adversaire honni sous un tapis de bombes, et ont tué à coups de « frappes chirurgicales » des dizaines de milliers de soldats avant de s’aventurer sur le sol irakien, dans une guerre technologique qui ressemblait à s’y méprendre à un jeu vidéo.

Nous avons cette même impression de pseudo combat avec la « guerre démocratique » lancée par la France contre le pouvoir libyen dont les médias semblent connaître l’issue d’avance, et où l’on prend un minimum de risques et (ce sont surtout des insurgés libyens qui mourront au sol, combattants par procuration).

Certes, on a beaucoup écrit récemment sur les turpitudes du pouvoir libyen – et beaucoup moins sur celles des « bons » dictateurs que l’Occident soutient et avec qui il fait du commerce. Cependant, on ne peut s’empêcher de remarquer que l’opinion française a été préparée comme il se doit à cette guerre « juste », juste puisque c’est le pape qui le dit. Cette opinion française s’est levée comme un seul homme pour soutenir l’initiative.

Et pourtant, cette même opinion qui bénéficie d’analyses quotidiennes souvent simplifiées, comme dans les feuilletons à sous-titres, serait abasourdie de ce qui se lit et dit dans les médias à travers le monde, notamment dans les pays qui ne font pas partie du G8 ou de ces coteries d’États puissants « démocratiques » qui décident de l’avenir du monde. Au-delà des réactions en général timorées de leurs dirigeants qui ont souvent les mains (et le portefeuille) liées, c’est en effet une salve extrêmement critique qui a accueilli cette nouvelle guerre dans les milieux intellectuels et l’opinion publique. Dans ces pays, l’avènement de la « démocratie » a coïncidé le plus souvent avec un laxisme et une corruption généralisée. Ces peuples savent que cette corruption est largement favorisée par les dirigeants des pays occidentaux qui déversent des sommes colossales d’aides en tout genre sur des gouvernements dirigés par des quasi-dictateurs, sachant pertinemment qu’une partie de ces fonds sera détournée, et reviendra parfois, outre les contrats commerciaux et frais de « consulting », sous forme de contributions aux campagnes électorales démocratiques occidentales. La France est championne dans ce sport. La justification « démocratique » de la guerre n’est donc pas crédible dans ces régions.

D’ailleurs, le spectacle de la frénésie médiatique qui agite nos milieux politiques, la bourse des cotes de popularités qui semblent déterminer les politiques et les programmes, tels des jeux du cirque moderne, et dont la presse étrangère n’épargne aucun détail, ne font pas particulièrement figure d’exemple pour les jeunes démocraties.

De plus, il est extrêmement fâcheux que l’intervention militaire en Libye, un peu plus offensive que prévue, ait été lancée par les trois principales puissances coloniales occidentales : la France, l’Angleterre et bien sûr les États-Unis qui, sous une forme ou une autre, poursuivent une entreprise colonisatrice sous des dehors « modernes » et humanitaires. Il aura même fallu que l’Italie, l’ancienne puissance coloniale en Libye, gesticule et insiste pour faire partie des troupes, et que le Pape joigne sa voix et bénisse les croisés ; les pays musulmans n’en demandaient pas tant. Tout cela n’arrange pas la réputation internationale des pays occidentaux, qui n’est pas si bonne que nos médias veulent bien nous le faire croire.

Or, les peuples qui ne comptent pas et en particulier leurs intellectuels soulignent les « deux poids deux mesures » qui sautent aux yeux dans ce genre d’interventions « démocratiques ». Lorsque les alliés des États qui comptent tirent sur la foule, ou font donner les chars sur les populations ou les habitations, on ne voit pas d’empressement ni d’impérieuse nécessité à intervenir militairement. Quand il s’agit d’un pays peu stratégique aux faibles ressources, on envoie quelques casques bleus. S’il s’agit d’un État pétrolier, on envoie les porte-avions et les bombardiers pour « rétablir la démocratie » et l’on se passe des casques bleus, avec l’aval « la communauté internationale ».

Les guerres d’ingérence démocratique de la dernière décennie, qui ressemblaient fort à des croisades, n’ont pas convaincu : que ce soit en Irak, en Afghanistan, ou en Palestine, la « démocratie » a amené ce qui ressemble fort à un chaos et une régression économique, et une division géographique de ces pays. Après la campagne de Libye, on peut s’attendre à un regain d’instabilité au Sahara, vu les stocks d’armes puissantes qui ont été récupérés par les groupes terroristes de cette région. Les spécialistes prévoient dès à présent le démantèlement de la Libye en plusieurs entités tribales, religieuses ou politiques. Déjà un nouveau front semble se profiler en Syrie, au point que l’on peut s’attendre à un gigantesque champ de bataille s’étendant de l’Iran au Maroc sous peu, en incluant le Sahel, également réserve pétrolière à venir. L’instabilité qui en résulterait pourrait bien justifier l’instauration un protectorat politique sur l’ensemble de ces pays, dont on déterminera les régimes et dont on choisira les dirigeants au cours de « réunion de la communauté internationale ». Celle-ci acquiescera bien sûr aux intentions des puissances occidentales. Un certain nombre de dirigeants sont d’ailleurs déjà choisis par la « communauté internationale ».

Or, dans tous ces conflits, il existe plusieurs niveaux de vérité, le premier niveau seul étant véhiculé par les médias officiels. Aussi, par-dessus tout, il faut rester vigilant quant aux informations « autorisées » et les décrypter. Il est plus que probable que « l’indignation démocratique » de l’opinion française était un maillon nécessaire s’intégrant dans une stratégie de troisième ou quatrième niveau dont rien ne perce dans les médias.

Quels sont les plans et les motivations des anciennes puissances coloniales ? Il est clair que les campagnes d’Irak et d’Afghanistan n’ont pas donné les résultats escomptés. Un repli stratégique sur le Maghreb semble tout à fait séduisant, d’autant plus que la France, l’Angleterre et les États-Unis sont en train de se faire doubler commercialement par la Chine sur ce terrain. Toutefois, ils disposent encore de la supériorité militaire et de la force de frappe diplomatique, et peuvent jouer de cet atout pour reconquérir ces territoires et en refaire un pré carré, contrant ainsi les visées de la Chine, de la Russie, du Brésil ou de l’Inde, voire du Venezuela ou de l’Iran.

Mais ne nous faisons pas d’illusions, nous ne savons pas tout...

La morale, c’est que l’Histoire se répète. Les croisés d’autrefois étaient entièrement persuadés de la justesse de leur combat. Rien que des chics types qui avaient en face d’eux d’affreux jojos, et qui tuaient et pillaient sans état d’âme pour la bonne cause, pour gagner leur paradis. Rien de nouveau fondamentalement, seul l’habillage a changé. Il faut s’efforcer de raison garder face aux grandes visées géostratégiques et à leurs justifications, pour ne pas se laisser embarquer / manipuler psychologiquement vers on ne sait quelle guerre sainte dont les vrais objectifs s’élaborent dans le secret des cercles initiés.

Tout ceci met d’autant plus en relief l’urgence du travail sur les consciences qui seul peut rétablir une hiérarchie des valeurs propre à l’avènement d’une civilisation pleinement humaine.



Partager

Sommaire tribune libre

CAPLC - CAP pour la Liberté de Conscience - Liberté de Religion - Liberté de Conviction