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CAP Liberté de Conscience - Liberté de religion - Liberté thérapeutique

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10 ans de loi About-Picard : quelques réflexions
Par Gilles Carat
novembre 2011

 


Le site web Ouvertures.net nous révèle fort opportunément qu’un colloque était organisé à Assemblée nationale pour « les 10 ans de la loi About-Picard » le 26 octobre dernier, et qu’un bilan éloquent de ces dix années a été tiré : 35 condamnations en référence à cette loi, dont 4 à 5 décisions seulement auraient été prononcées au titre des dérives sectaires, selon les promoteurs de cette « sauterie ». En clair, les 30 autres condamnations portaient probablement sur les extincteurs d'incendie, sur le permis de construire de toilettes dans le jardin ou sur le nombre de fenêtres réglementaires, choses auxquelles nous avons été habitués. En effet, saisis par des plaintes alarmantes sur tel ou tel groupement ou école, les juges souvent impressionnés se croient obligés de trouver quelque chose pour ne pas être soupçonnés de complaisance. Il y aurait en ce moment une centaine d’autres instructions en cours (dont une contre l’ex grand-maître de la Grande loge nationale de france), et nous suggérons donc fortement aux intéressés de vérifier la date de validité de leurs extincteurs. Mais y a-t-il bien là matière à une « mission interministérielle » permanente répondant directement au Premier ministre ?

1 million de condamnations en France

Pour bien prendre la mesure de cette menace « sectaire » sur la République, précisons que dans la même décennie, la justice française a prononcé cinq millions de condamnations pour crimes et délits, dont plus d’un million donnant lieu à des peines privatives (emprisonnement). Dans le lot, il y a avait tout de même 1500 mises en examens de responsables politiques et d’élus, dont 70 % de condamnations aux motifs variés : prise illégale d’intérêts, agressions sexuelles, trafic d’influence, témoignages de complaisance, abus de biens sociaux, vols, corruption passive, fraude électorale. On comprend dès lors que les hauts fonctionnaires appelés devant la dernière commission parlementaire présidée par M. Fenech ont affirmé les uns après les autres « qu’il n’y a pas de problème sectaire en France ».

Conflits d’intérêts

Le plus extravagant dans cette histoire, est que les personnalités politiques présentant à la tribune de l’Assemblée le bilan de cette loi font pour la plupart partie de minorités de conviction, émargeant à diverses confréries discrètes qui ne font pas mystère de leur engagement dans le combat « antisectes », c’est-à-dire contre les autres minorités de conviction concurrentes. N’y aurait-il pas là conflit d’intérêts ? Pendant ce temps, la France réelle, celle des ministères publics confrontés aux problèmes concrets des citoyens répète à l’envie parlementaire qu’il n’y a pas de problème sectaire aux yeux du gouvernement. Une conseillère du président de la République avait même évoqué publiquement ce « non-problème ». En fait, si la France a bien un problème, c’est celui de la mouvance anti-sectaire qui semble faire fi de la constitution : en effet, celle-ci proclame que « nul ne saurait être inquiété pour ses convictions ». Or, cette mouvance semble tout entière consacrée à inquiéter certains de nos concitoyens pour leurs opinions. Car, s’il est clair que l’on ne peut leur reprocher des faits (5 condamnations en 10 ans), alors c’est bien à leurs opinions que l’on s’en prend. Et, des études récentes l’affirment, les attitudes discriminatoires sont majoritairement basées sur les croyances propres des individus qui discriminent et un manque d’informations. Tout cela se tient.

Soins alternatifs

A l’occasion de cet « anniversaire », le président de la Miviludes a également cité nommément la première médecine alternative à être déclarée « charlatanesque », au vu des conclusions du « groupe d´appui technique sur les pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique » de la Miviludes, ce qui laisse augurer une longue liste de mises au pilori médiatiques. L’argument avancé serait que certaines pratiques alternatives auraient (entre autres) pour résultat de détourner certains patients des soins « protocolaires » de la médecine d’école, notamment dans le domaine si sensible et rentable du cancer.

De fait, il est certain que toutes les techniques anticancéreuses, officiellement conseillées ou pas, comportent des risques et des imperfections, et qu’elles ne conviennent pas à chacun. Certaines – y compris les quelques techniques poussées/imposées par la médecine dite d’école – sont parfois peu ou pas efficaces, ou dangereuses. Mais il faut rappeler quelques faits ici aux défenseurs inconditionnels des soins anticancéreux protocolaires :

Chaque année, 145 000 personnes meurent du cancer en France, après avoir suivi des soins dits « protocolaires ». En outre nombre de ces personnes ont su très tôt au cours de la thérapie que leur « pronostic vital » était engagé, entendre par là que le type et l’avancement de leur cancer était au-delà des compétences de la médecine protocolaire – mais pas nécessairement au-delà des compétences d’autres médecines. Ajoutez à cela que l’une des techniques classiques de soins, la radiothérapie, soulève beaucoup d’interrogations quant à ses effets secondaires, et correspond, selon un témoignage de Jean-Marc Cosse dans le Point 1, à une véritable « napalmisation » du patient.

S’il subsiste des doutes, mentionnons cette déclaration étonnante d’un ministre de la Santé français rapportée dans le livre « Chronique d’une Fatwa scientifique » qui relate le harcèlement d’une chercheur non conformiste, Mirko Beljanski : « Il faut savoir que tout médicament efficace a des effets secondaires. Il n'y a absolument aucune exception à cette règle ». Les chercheurs « mainstream » pensent (ou font semblant de penser) alors que plus une molécule est toxique, plus elle a de chances de combattre le cancer, d’où la justification entres autres de la chimiothérapie qui attaque les cellules du sang.

Dans ces conditions, peut-on reprocher au patient adulte de choisir la ou les technique(s) de soins de son choix ? Habeas corpus ! Quitte à faire partie des 145 000 morts français annuels, autant choisir son supplice, avec en prime une chance de faire partie des « condamnés officiels » qui ont guéri – sans possibilité de le faire savoir, car cela frise le crime de trahison envers la réputation de la médecine française.

Urgence d’une nouvelle commission parlementaire ?

M. Fenech veut une nouvelle commission parlementaire (encore, mais cet homme est insatiable !) concernant la santé. Il faut émettre ici les plus vives réserves sur l’opportunité d’une telle commission, sachant que, lors de la dernière commission parlementaire sur les enfants et les dangers sectaires, les interventions des représentants du gouvernement qui niaient l’urgence du problème ont été dans de nombreux cas déformées dans le rapport final pour leur faire dire ce que la Commission voulait leur faire dire. L’immunité parlementaire n’excuse et ne couvre pas tout.

Un revenant qui assume

Le plus étonnant lors de cet anniversaire a été cette déclaration d’Alain Gest, rapporteur de la commission parlementaire de 1995 à l’origine de la fameuse « liste noire » tant décriée, qui a non seulement assumé la paternité de cette liste mais a vanté son efficacité, notamment au motif qu’elle aiderait les élus locaux à refuser des salles de réunion ou manifestations à certains groupes. Le hic, c’est que cette pratique est formellement condamnée par le Code civil (Art. 225-1) et que nombre des élus en question qui ont depuis écouté M. Gest, ne bénéficiant pas quant à eux de l’immunité parlementaire, ont été condamnés pour discrimination.

La laïcité bafouée

Comme à l’habitude on cherchera vainement le mot « laïcité » dans les discours de ces militants passablement fanatiques, car la laïcité proscrit l’interventionnisme de l’État dans les croyances de ses citoyens. Tout cela nous donne la désagréable impression d’une volonté de promouvoir un label de pensée agréée par l’État – alors que la grande majorité des serviteurs de l’État et des citoyens ne se sent pas concernée par le problème. A ce sujet, on peut citer les mots prémonitoires de Clémenceau, qui prononça en 1903 à l’occasion de la loi sur la séparation de l’Église et de l’État un discours célèbre contre « l'État-Dieu », « l'État Congrégation »qu'il rejette en tant que libre penseur : " pour éviter la congrégation, nous faisons de la France une immense congrégation (...). Nous chassons Dieu, comme disent ces messieurs de la droite, vive l'État-Dieu ! " Et il affirmait : " Parce que je suis l'ennemi du roi, de l'empereur et du pape, je suis l'ennemi de l'État omnipotent, souverain, maître de l'humanité. "

Au final, nous constatons une fois de plus un discours assez fortement autiste qui tourne en boucle fermée. Et une image de la France qui se dégrade, en témoigne la citation de la France au même rang que l'Égypte, l'Iran et la Chine par l'Institut Pew, le quatrième think tank des États-Unis, quant au non respect de la liberté religieuse. Nous osons espérer qu’il n’y aura pas d’anniversaire des 20 ans de cette loi.

1 Chef du département d’oncologie-radiothérapie de l’Institut Curie de 1991 à 2006.


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