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CAP Liberté de Conscience - Liberté de religion - Liberté thérapeutique

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Médecines non-conventionnelles- Rapport de Matignon
Par Christian Coeur
octobre 2012

 

 

Quelle réponse des pouvoirs publics à l’engouement pour les médecines non conventionnelles ? Telle est la question posée par le Centre d'Analyse Stratégique des services du Premier ministre dans la Note d'Analyse n°290 d'octobre 2012. Effectivement la question valait d'être posée: contrairement à d'autres pays en Europe et dans le monde, la France est à la traîne pour prendre en compte des nouvelles techniques de santé capables d'améliorer le bien-être de ses citoyens. Le Conseil de l'Ordre des Médecins, véritable bastion du conservatisme médical y est certainement pour quelque chose. C'est donc peu dire que ce rapport mérite d'être lu et analysé même si, et chacun le sait, une hirondelle ne fait pas le printemps.

Ce rapport passe en revue différentes pratiques médicales non-conventionnelles, et leur utilisation en France et dans d'autres pays. Nous y apprenons par exemple que "en Allemagne, 60 % des médecins généralistes intègrent ces médecines dans leur pratique quotidienne". En France nous en sommes très loin car les médecins qui intègrent ces mêmes médecines dans leur pratique risquent tout bonnement l'exclusion. Le Conseil de l'Ordre des Médecins en effet refuse toute pratique "non validée scientifiquement". Nous y apprenons également que "en Europe par exemple, seulement 4 % des personnes atteintes de cancer recourent exclusivement aux médecines non conventionnelles, alors que plus des deux tiers les utilisent comme supplément". Cela pose donc la question: grâce à quelle médecine, conventionnelle ou non, ces malades guérissent-ils vraiment?

L'aspect économique est également abordé :

"Les enjeux économiques liés à ces pratiques sont très importants :

- les marchés du bio, du bien-être et de la remise en forme se développent considérablement ;

- le marché mondial de la médecine traditionnelle, estimé en 2008 à plus de 63 milliards d’euros par l’OMS, est en expansion ;

- le marché des plantes médicinales est en forte croissance depuis dix ans (entre 5 % à 18 % par an), notamment avec la hausse de l’automédication (achat en magasin ou sur Internet). La vente de produits homéopathiques et de la médecine anthroposophique a augmenté de 20 % en Europe entre 2003 et 2007. En 2003, la vente de plantes médicinales a été estimée à presque 4 milliards d’euros sur le marché européen. La France, où la phytothérapie est la deuxième pratique non conventionnelle la plus utilisée, est le deuxième marché européen des plantes médicinales, derrière l’Allemagne.

De plus, le marché mondial de la santé est un débouché intéressant pour des pays à forte médecine traditionnelle : constatant le succès auprès de la clientèle occidentale des techniques de médecine chinoise depuis les années 1990, l’industrie pharmaceutique chinoise mène actuellement des recherches afin de valider scientifiquement ces techniques et leurs produits associés et de les valoriser financièrement."

En période de crise économique, ces arguments ne passent pas inaperçus, et ils expliquent le lobbying effréné de l'industrie pharmaceutique pour imposer ses médicaments chimiques.

Est posé également la question de la validation scientifique de ces médecines non-conventionnelles. Problème complexe, comment en effet juger du taux de guérison de ces médecines vu que leur rôle est justement de conserver les individus en bonne santé. Et face à des individus en bonne santé, la médecine allopathique perd sa raison d'être. De longues discussions en perspective!

Un autre point clé est de savoir qui sera habilité à pratiquer ces médecines non-conventionnelles. Alors que dans plusieurs pays les médecins généralistes incluent les médecines non-conventionnelles dans leur pratique quotidienne, la situation en France est très différente: "en France, les professionnels de santé emploient parfois dans le cadre de leur pratique des techniques non conventionnelles. L’Ordre reconnaît par exemple l’acupuncture, l’homéopathie, l’ostéopathie et la mésothérapie. Toutefois, les médecins usant de méthodes non conventionnelles peuvent encourir des sanctions pour recours à des “méthodes insuffisamment éprouvées”, contraires au code de déontologie." Dans ses propositions, ce rapport imagine par contre que: "(les médecins généralistes) pourraient, encouragés par des modes de rémunération au forfait, dédier au patient plus de temps et lui délivrer des conseils liés à l’hygiène de vie, notamment par le biais de prescriptions non médicamenteuses. Ils participeraient ainsi au rééquilibrage du système de santé, du curatif vers le préventif". En voilà une proposition vraiment novatrice: d'ailleurs c'est ainsi que fonctionnaient les médecins dans la Chine antique!

Et pour étayer son analyse, ce rapport met en avant cinq propositions concrètes :

1) Ouvrir une plateforme d’information recensant les connaissances actuelles sur les médecines non conventionnelles, les plantes médicinales et les praticiens du secteur.

2) Développer des études bénéfice-risque et coût-efficacité afin de décider de la pertinence :

• d’interdire ou de dissuader le recours à certaines pratiques ;

• de promouvoir certaines méthodes via les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) ;

• et, dans le cas où le rapport coût-efficacité serait favorable, d’envisager le remboursement des pratiques les plus efficientes.

3) Afin de permettre aux patients de faire un choix éclairé, établir un label de thérapeute en pratiques non conventionnelles dont l’obtention serait conditionnée à la réussite d’un examen clinique et juridique.

4) Labelliser les offres de formation en écoles privées.

5) Proposer aux étudiants des filières médicales et paramédicales des modules facultatifs d’initiation aux médecines non conventionnelles pour qu’ils puissent informer leurs futurs patients sur les avantages et risques éventuels.

Et enfin de conclure: "

Le recours aux médecines non conventionnelles augmente. Il est nécessaire de mieux informer dès à présent les usagers sur les éventuels risques et les avantages de ces pratiques et les professionnels auxquels ils peuvent s’adresser. Dans l’avenir, offrir la meilleure stratégie thérapeutique au patient passera par la combinaison, quand cela sera pertinent, de la médecine conventionnelle et des approches soignantes différentes, qu’elles soient fondées sur la parole, des produits ou des gestes. Le système de santé pourra ainsi mieux répondre aux attentes des usagers en termes de bien-être et de qualité de vie, d’autant plus que ces variables contribuent au maintien, voire à l’amélioration de l’état de santé. Pour ce faire, il s’agira d’éclaircir qui peut pratiquer quelle technique et dans quel lieu. Réduire le décalage entre les textes et la pratique pourrait ainsi renforcer la qualité des services et la prévention de dérives éventuelles, ainsi que la capacité de l’usager à faire un choix éclairé."

Mais soyons en sûrs également, ce rapport fera l'objet de critiques virulentes par les partisans de la médecine chimique car les intérêts financiers en jeux sont colossaux. Mais son existence démontre que des esprits éclairés existent également dans les services des cabinets ministériels. A chacun de nous de collaborer avec eux.

Texte complet du rapport:

http://www.strategie.gouv.fr/system/files/2012-10-02-_medecinesnonconvetionnelles-na290_0.pdf

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