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CAP Liberté de Conscience - Liberté de religion - Liberté thérapeutique

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Comment peut-on être djihadiste ?
par Paul Vinel
décembre 2015

 

 

Face aux kamikazes du 13 novembre, il nous est nécessaire de nous interroger sur la façon dont «la pulsion de mort» remplace le besoin de croire, conduisant certains jeunes à une «déliaison» puis à une radicalisation.

La guerre est en France, mais contre qui les Français sont-ils en guerre? Face aux prétentions totalitaires du djihadisme sanguinaire, un nous est en train de rassembler les «enfants de la Patrie» autour de La Marseillaise. Un nous debout contre une nouvelle version du nihilisme dont la brutalité et l’ampleur sont sans précédent en France. Le «mal radical» et la «pulsion de mort», portés par les prouesses techniques de l’hyperconnexion, défient les Lumières qui les avaient sous-estimés en s’efforçant, depuis plus de deux siècles, de rompre le fil avec la tradition religieuse pour fonder les valeurs d’une morale universelle.

Qu’est-ce que ce «mal radical»? Emmanuel Kant avait employé l’expression pour nommer le désastre de certains humains qui considèrent d’autres humains superflus, et les exterminent froidement. Hannah Arendt avait dénoncé ce mal absolu dans la Shoah.

Pourquoi «la pulsion de mort» remplace-t-elle le besoin pré-religieux, anthropologique de croire chez les adolescents qu’on dit «fragiles»? Aujourd’hui, les adolescents de nos quartiers, issus pour moitié de familles musulmanes et pour moitié de familles chrétiennes, juives ou sans religion, s’avèrent être le maillon faible où se délite, en abîme du pacte social, le lien hominien lui-même.

Face au choc des tueries à Charlie Hebdo et à l’Hyper Cacher et, plus fortement encore, face aux kamikazes du 13 novembre, il est possible d’analyser des causes géopolitiques et théologiques: la responsabilité du post-colonialisme; les failles de l’intégration et de la scolarisation; la faiblesse de «nos valeurs», qui gèrent la globalisation à coups de pétrodollars appuyés sur des frappes chirurgicales; le rétrécissement du politique en serviteur de l’économie par une juridiction plus ou moins soft ou hard; les discours appelant à la «guerre sainte» mais aussi prétendument «quiétistes» qui se contentent, paraît-il, de dresser humblement la listes de nos «impuretés» et, ce faisant, désignent implicitement tout «infidèle» ou «mécréant» à la vindicte des «purs»… Mais une nouvelle urgence s’impose: la séduction que les religions exercent sur les personnes et les communautés humaines, ainsi que leur rôle de consolateur, éducateur, régulateur et manipulateur des angoisses et des destructivités, attendent d’être élucidés.

Besoin de croire et désir de savoir

Plus précise que la philosophie, et en prise clinique immédiate avec l’expérience singulière, c’est la psychanalyse freudienne qui, depuis seulement cent cinquante ans, aborde l’héritage religieux avec cette ambition. Difficilement, à travers avancées et errances, adulée ou honnie, la psychanalyse a su reprendre l’investigation du «besoin de croire» et du «désir de savoir», pour sonder les nouvelles maladies de l’âme et les nouveaux messagers du nihilisme.

J’entends l’effroi de cette passante qui dépose des fleurs au Bataclan et interroge le micro tendu: «Comment peut-on être djihadiste? Quels sont leurs états d’âme? Peut-on faire quelque chose?» Ces dimensions de l’état de guerre ne sont pas secondaires. Elles participent de son volet préventif: en amont des mesures punitives, sécuritaires ou militaires, il ne suffit pas de repérer comment procèdent les djihadistes pour recruter leurs exécuteurs. Il importe d’accompagner les candidats au djihad en voie de radicalisation, avant qu’ils ne rejoignent les camps de Daech pour revenir en kamikazes ou, éventuellement, en repentis plus ou moins sincères.

Article de Julia Kristeva, psychanalyste et écrivaine. Article complet:

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