CAP
LC 2008
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La guerre en Syrie se traduit par un exode massif de migrants vers lEurope. Cette dernière, non préparée, mal organisée car mal structurée, sefforce de trouver une solution qui permettrait daccueillir convenablement ces victimes à la recherche dun havre de paix. Parallèlement, une partie de lopinion voit défavorablement cette arrivée et, pour ce faire, invoque de nombreuses raisons : la sécurité de la population civile, des terroristes se glisseront inévitablement parmi les migrants, limpossibilité matérielle dassurer cette prise en charge compte tenu de la crise économique et de lendettement public, les difficultés suffisamment graves rencontrées par les nationaux : chômage, pression fiscale, attentats, criminalité Les évènements qui se déroulent quotidiennement à Calais confirment ces craintes. Toutes ces raisons, qui se renforcent mutuellement, sont exactes et les inquiétudes quelles génèrent tout aussi légitimes. Ce constat, fait au niveau européen, se vérifie bien évidemment pour la France. Mais, peut-on rester impassibles face à la misère humaine ? Certes, Michel Rocard à juste raison a déclaré que « Nous ne pouvons pas héberger toute la misère du monde. La France doit rester ce quelle est, une terre dasile politique ( ) mais pas plus ( ) » (émission Sept sur Sept sur TF1 le 3 décembre 1989). Mais, à lépoque le flux de demandeurs dasile politique ne se présentait pas dans de telles proportions, doù la tentation de les considérer comme de simples candidats au titre de séjour. Les Migrants de Syrie relèvent-ils de lasile politique ? Dans laffirmative comment pourrait-on procéder pour concilier le devoir, voire lobligation dasile politique et la sécurisation du territoire contre les actes terroristes ? Existe-t-il des modèles, des précédents qui pourraient inspirer une solution « made in France » ? Le droit à lasile politique Le droit dasile est prévu dans le préambule de notre Constitution. Il est régi par les engagements internationaux de la France : Convention de Genève du 28 juillet 1951 sur les réfugiés Et le droit de lUnion européenne En synthétisant lensemble de ces textes, il existe deux formes de protection des réfugiés : Le statut de réfugié proprement dit « Toute personne qui ( ) craignant avec raison dêtre persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ( ) » « de ce pays » est-il écrit ? Mais, dans le cas présent, de quel pays sagit-il ? Daesh ? La Syrie de Bachar-el-Assad ? La peste ou le choléra ? Une protection subsidiaire résultant de larticle L 712-1 du code français dit CESEDA (code dentrée et de séjour des étrangers et droit dasile) Pour la personne qui « établit quelle est exposée dans son pays à la peine de mort, à la torture où à des peines ou traitements inhumains ou dégradants, ou sagissant dun civil, à une menace grave, directe et individuelle contre sa vie ou sa personne en raison dune violence généralisée résultant dune situation de conflit armé interne ou international » Compte tenu du tribut payé par la population civile dans ce conflit qui sinternationalise, les réfugiés en provenance de cette région relève de lune ou de lautre de ces protections. Elles ont de ce fait un droit au maintien sur le territoire en tant que demandeur dasile jusquà ce que les autorités publiques aient statué sur leur qualité de réfugiés. Le maintien sur le territoire peut bien évidemment être refusé (articles L 741-2 et L 743-3 du code précité)La France, à de très nombreuses reprises, a été fidèle à sa tradition de Terre dasile en accueillant notamment :Les Arméniens après le génocide qui débuta en 1915, Les Allemands qui senfuirent de lAllemagne nazie dès larrivée au pouvoir dHitler en janvier 1933, Les Républicains Espagnols à partir de mars 1939 Lexemple britannique 1940-1944 A partir de juin 1940, la Grande Bretagne sest retrouvée seule face à lAllemagne nazie, et a du accueillir un afflux de réfugiés provenant de très nombreux pays : Français, Allemands, Polonais, Belges, Danois, Hollandais, Norvégiens, Finlandais, Espagnols Le risque était alors élevé dautoriser lentrée despions allemands. Comment cette situation imprévue a été gérée par les autorités britanniques ? Tout réfugié accueilli sur le territoire britannique faisait lobjet de contrôles, dauditions, dinterrogatoires, denquêtes particulièrement pointus. Lorsquil existait le moindre doute, le réfugié était placé en résidence surveillée, voire interné. Certains ont passé toute la guerre en prison.La Grande Bretagne a mis en place un dispositif sécuritaire dune incroyable efficacité qui a réussi lexploit de neutraliser quasiment tous les espions ralliés à lAllemagne, ces derniers pouvant dailleurs être parmi le personnel des ambassades situées tant sur le territoire britannique quà létranger. Dès que la décision de débarquer sur le continent a été prise, les services secrets britanniques ont instauré une protection absolue qui sest traduite par des restrictions très sévères aux libertés. Même les délégations étrangères ont vu leurs communications vers lextérieur restreintes, voire à certaines périodes interdites. Des zones étendues du territoire ont été couvertes par le « secret défense ». Quel a été le résultat de ces mesures imposées par létat de guerre ? Les nazis ont toujours été dans lignorance totale du jour du Débarquement. Et pourtant, les moyens déployés pour lopération Overlord pouvaient difficilement passer inaperçus : 1527000 soldats déployés sur le sol britannique, sans parler des énormes ouvrages qui ont été construits sur le territoire britannique et qui début juin 1944 ont traversé la Manche pour former les deux ports artificiels dArromanches et de Utah. Sans ce dispositif unique dans lhistoire de cette grande démocratie libérale, les nazis auraient été informés de la date du Débarquement, à savoir le 6 juin 1944. La 15è armée allemande et de nombreuses divisions blindées auraient été mises en position sur les cinq plages : Utah, Omaha, Gold, Junon et Sword. Lopération se serait transformée en un dramatique fiasco, coûtant la vie à des dizaines de milliers de soldats et la victoire alliée aurait été bien compromise. La France et les Pays européens pourraient sinspirer, bien que la situation ne soit pas tout à fait identique, de ce précédent historique pour concilier : le droit et le devoir dasile et la sécurité des ressortissant face aux risques de terrorisme Ce que les Britanniques ont fait il y a plus de 70 ans, les Français et de façon générale les Européens, peuvent le faire. Bibliographie sur lexemple britannique : « Le Secret du Jour J » de Gilles Perrault (Le Livre de poche n° 30143)
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