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CAP
LIBERTE DE CONSCIENCE Le
commerce juteux des sorties de secte : condamnation dun
avocat bordelais
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Maitre Daniel Picotin, avocat bordelais, se présente comme le spécialiste français de « lexit counseling », ou « exfiltration de secte », une méthode issue du controversé « déprogramming » aujourdhui décrié pour son recours au kidnapping afin de faire renoncer des membres de « sectes » à leur engagement « sectaire ». L« exit counseling » fait intervenir une équipe « pluridisciplinaire », psychologues, psychiatres, détectives privés, etc., sous légide de lavocat dans le but d« exfiltrer » une personne dun mouvement que la famille de la personne, ou lavocat, pense être sectaire, et cela même si la personne en question soutient y adhérer de son plein gré. Daniel Picotin est aussi président du CCMM Aquitaine (Centre Contre les Manipulations Mentales), une association membre de la FECRIS (Fédération Européenne des Centres de Recherche et dInformation sur le Sectarisme)[1]. Le 5 mai 2015, la Cour dappel de Bordeaux a rendu une intéressante décision à son encontre [2]. Un couple avait fait appel à lui afin dobtenir un droit de visite auprès de leur petite fille, alors quils considéraient que leur fils, le père de lenfant, était sous lemprise dune secte. Lavocat leur conseilla davoir plutôt recours à son dada, lexit counseling. Il leur fit verser une provision de 25 000 euro pour cela. Au bout dun an, il déclare sa mission terminée, et rend 6755 euro aux parents, qui ont donc été facturés plus de 18 000 euro par le cabinet Picotin. Le couple conteste la facture, estimant quelle est démesurée par rapport au travail accompli, et porte laffaire devant le bâtonnier. Celui-ci donne raison à Daniel Picotin, et les clients mécontents font appel de cette décision devant la Cour dAppel de Bordeaux. Du coup, Daniel Picotin a du tenter de se justifier devant la Cour. Pour cela, il a soutenu que ses honoraires personnels se limitaient à 7000 euro, les 11 244 euro restant étant des refacturations de ce quil avait prétendument versé à des prestataires de son « équipe pluridisciplinaire ». Malheureusement pour lui, après avoir établi que lavocat navait en fait travaillé que pour la somme de 2720 euro (et non 7000 comme prétendu) la justice a voulu regarder ces factures de prétendus prestataires de plus près et en a tiré de fâcheuses conclusions : Sans que ses clients ne le sachent, Daniel Picotin prétend les avoir préalablement facturés pour financer leur adhésion à la SFRAEM (Société Française de Recherche et dAnalyse de lEmprise Mentale). Sauf que le juge fait remarquer que ces frais pour la prétendue adhésion à cette association, qui en fait a été fondée par Daniel Picotin lui-même, auraient été récoltés en deux fois, 100 euro puis 350 euro, quil nexiste pas de bulletin dadhésion pour les époux, et surtout quil ny a aucune preuve que Daniel Picotin ait versé effectivement largent à ladite SFRAEM. (extrait de la décision : « En effet, on ne voit pas pourquoi lors d'un premier contact le conseil ferait immédiatement adhérer ses clients à une association qui s'occupe d'emprise mentale, on ne comprend pas pourquoi l'adhésion se ferait en deux fois (100 euro et 350 euro) et, par ailleurs, le conseil ne justifie, ni du montant des cotisations d'adhésion de cette association, ni du bulletin d'adhésion, ni même et surtout du reversement de ces 'cotisations' à l'association ».) Daniel Picotin a présenté ensuite trois factures de lassociation SFRAEM (dont il est le fondateur) pour un montant total de 5000 euro. Le juge fait remarquer que les prestations sont facturées sans le moindre justificatif, et que rien ne les rattache au dossier des époux plaignants. A noter que lune des prestations facturées aurait en fait financé la venue dun « consultant international » à Bordeaux, sans que les époux nen sachent rien. Ce consultant nest autre que laméricain Steven Hassan, défenseur ardent du déprogramming [3], méthode violente incluant le kidnapping pour laquelle plusieurs condamnations ont été prononcées aux Etats-Unis et en Europe. Largent du couple a aussi servi à organiser un colloque sans quils en soient avertis, et sans que rien ne prouve que le colloque ait eu un quelconque lien avec leur affaire. Bien entendu, cette organisation de colloque incluait les frais de bouche. Daniel Picotin a produit des factures dun détective privé pour lesquelles rien nétablit le lien avec laffaire du couple, et sans aucun justificatif. Lavocat bordelais a aussi produit des factures de frais dhôtel sans quaucun lien ne puisse être établi entre ces frais et laffaire en question. Daniel Picotin a présenté trois factures de psychologues, dont lune a été établie sans quon sache « dans quel cadre cette facture est émise (pas dadresse, pas de n° Siret ou équivalent) » et « nest pas détaillée », une autre de 520 euro pour « lecture et synthèse des blogs et tentatives de prise de contact »[4] , puis une troisième de la même psychologue pour « forfait dossier », pour 575 euro ne correspondant à aucune prestation. Devant une telle incurie (au moins !), sans pouvoir à ce stade juger des pratiques dexit counseling de Daniel Picotin puisquuniquement saisi comme juge de lhonoraire, le juge a décidé que les honoraires de lavocat devaient être ramenés de 17 944 euro à 3740 euro, et quainsi il devait restituer 14 204 euro à ses anciens clients. Le juge a aussi condamné Maitre Daniel Picotin à verser 1500 euros aux époux pour les frais liés au procès ainsi quà payer les entiers dépens. Nous ne savons pas si Maitre Picotin sest pourvu en cassation. [1] Le livre "A Case Study: Fecris", publié par l'Université de Dresde et Lit Verlag (ISBN 978-3-643-99894-1), révèle que plusieurs représentants d'associations membres de la FECRIS ont été condamnés pour divers délits en Europe. [2] Ordonnance du 5 Mai 2015, Cour dAppel de Bordeaux, N°14/05255 [3] Dans une déclaration sous serment (affidavit) devant le juge, Arthur Roselle, banquier, a décrit les sévices quil dit avoir subies pendant un déprogramming conduit par Steven Hassan : violences, séquestration (attaché mains et pieds à un lit pendant plusieurs jours), privation de sommeil, insultes répétées, menaces Steven Hassan a toujours nié avoir pratiqué des sévices à son encontre, mais dans une déclaration sous serment ultérieure, la mère de Arthur Roselle, venant, au cours dun procès contre Steven Hassan, prendre sa défense (cest elle qui lavait engagé à lépoque pour déprogrammer son fils), a reconnu quils avaient dû, avec laide de Steven Hassan, lier de force les mains et les jambes dArthur Roselle et lattacher à un lit pendant 2 jours. [4] Phrases entre guillemets extraites de lordonnance du 5 Mai 2015, Cour dAppel de Bordeaux, N°14/05255 Source : Sapentia
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