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Lassociation Droits de lhomme sans frontières (Human Rights Without Frontiers - HRWF) sinquiète de voir les parlementaires français désireux de sengager dans une nième commission denquête sur les pratiques "sectaires". Depuis 1995, il y a eu une trentaine de commissions denquête parlementaires. Trois, dont une concernant les risques encourus par les enfants, ont concerné les minorités spirituelles et religieuses amalgamées sous le vocable péjoratif de « secte » ! Aucune na abordé les dangers réels qui assaillent la jeunesse : les drogues et leurs conséquences sur les enfants et adolescents, la pédophilie, laccès des enfants à la pornographie, le suicide des adolescents, la violence en milieu scolaire Or, le 3 mai 2011, la présidence de l´Assemblée nationale a enregistré une proposition de résolution visant la création d´une nouvelle « commission d´enquête parlementaire sur les pratiques intégristes, fondamentalistes et sectaires » dans les écoles privées, sur le prétexte qu´elles seraient « au-dessus des lois de la République ». Le projet de résolution cible des « déviations fondamentalistes dans les écoles privées », qu´elles soient catholiques, protestantes, juives ou musulmanes. L´épouvantail de la "dérive sectaire" est agité pour, cette fois-ci, mettre le nez de la République dans les affaires de l´enseignement privé lié aux religions établies. Au mépris, d´ailleurs, de lesprit de notre République puisquil sagit de jeter lopprobre sur certaines catégories de citoyens et, en violation de la loi, de mobiliser à leur encontre les moyens dinvestigation réservés normalement à des faits. En effet, lobjet de lordonnance du 17 novembre 1958 relative au fonctionnement des assemblées parlementaires dit clairement : « Les commissions d´enquête sont formées pour recueillir des éléments d´information soit sur des faits déterminés, soit sur la gestion des services publics ou des entreprises nationales, en vue de soumettre leurs conclusions à l´assemblée qui les a créées ». Or l´exposé des motifs reprend comme une antienne : « Ces faits sont ils exacts ? Sils le sont, que font les pouvoirs publics et, en particulier, léducation nationale ? ». Et certains faits allégués paraissent dérisoires : quel danger pour la République représente « linterdiction des pantalons pour les filles, des bas obligatoires même lété » ? « Au-dessus des lois de la République » Les députés se justifient ainsi : « Si la laïcité garantit le libre exercice des cultes, elle combat les pratiques qui troublent ou menacent lordre public. Cela concerne notamment les pratiques religieuses intégristes, fondamentalistes, sectaires, qui placent leurs règles au-dessus des lois de la République et nacceptent pas la primauté de celles-ci. « Ces pratiques sont minoritaires et autant politiques que religieuses. Elles doivent être combattues avec la plus grande fermeté car en se plaçant « au-dessus » des lois de la République, elles portent atteinte aux libertés fondamentales, aux droits de lhomme et, plus particulièrement, aux droits des femmes. « Pour les combattre, il faut les repérer, les connaître, les mesurer. En commençant par celles qui concernent nos enfants dans le cadre de la mission première de la République : léducation. « Cela nous amène naturellement à vouloir regarder de plus près ces pratiques intégristes, fondamentalistes et sectaires dans les établissements denseignement et, plus particulièrement, dans les établissements privés quils soient "sous contrat" ou "hors contrat" ». « La porte ouverte à des dénonciations dans limpunité la plus totale » Willy Fautré, directeur de Droits de lhomme sans frontières (Human Rights Without Frontiers - HRWF), a vivement réagi dans un communiqué daté du 13 mai 2011. Il demande notamment aux autorités françaises et aux médias darrêter « dattiser les soupçons, l´intolérance et l´hostilité sociale envers certains groupes religieux et leurs membres ; déviter de stigmatiser les membres des groupes religieux ou communautés qui conduit à certaines formes de discrimination, en particulier vis-à-vis des enfants ; de garder à l´esprit que nul ne peut être jugé pour ses actes autrement que par les voies judiciaires appropriées ». Il stigmatise en particulier la politique française en matière de "sectes" : « En l´absence de crime commis par des soi-disantes sectes ou groupes sectaires et de cas concrets de dérives sectaires, la notion de "risque des dérives sectaires" est très pratique pour la Miviludes et les organisations antisectes. Ce concept est la porte ouverte à des soupçons sans fondement, des rumeurs et des dénonciations dans l´impunité totale. La persistante dérive sémantique de la terminologie antisecte devient une source de grave préoccupation d´un point de vue des droits de l´homme. Quand et où sarrêtera l´intrusion de la Miviludes dans la vie privée des citoyens français ? À l´époque de l´Union soviétique, des centaines de croyants ont été arrêtés et envoyés en prison pour détention "illégale" des réunions religieuses dans des maisons privées ou détenues, dans les hôpitaux psychiatriques en raison de leur "croyances délirantes". La Chine poursuit toujours la mise en uvre d´une telle politique à l´égard de maisons-églises non officielles dont les membres se rassemblent dans des demeures privées. Où va la France avec sa politique de "chasse aux sectes" mise en uvre par la Miviludes et les organismes privés antisecte presque entièrement financés par des fonds publics ? » "Lobsession
"sectuelle" française viendra-t-elle au secours de cette
proposition, d´origine socialiste, qui touche cette fois-ci les religions
établies ? La droite, traditionnellement portée à défendre
la liberté religieuse, acceptera-t-elle cette volonté d´inquisition
sur ses terres d´élection ? Le peur de se voir accuser de vouloir
couvrir des "dérives sectaires" la fera-t-elle se résigner
? Il est encore trop tôt pour le dire, les réactions à
cette proposition, de la part des autorités concernées, étant
pour l´instant rarissimes.Quoiqu´il en soit, dautres
modes denquête plus doux seraient souhaitables sur cette question,
sous des formes moins spectaculaires, non dramatiques, non accusatoires. Que
la représentation nationale dévoie ainsi lappareil de
lEtat et gaspille largent des contribuables pour assouvir une
laïcité extrémiste, sinon sectaire, cest une spécificité
nationale que bien des démocraties autour de nous regardent avec effarement. http://www.ouvertures.net/portail/l_id.asp?doc_id=478
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