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Censure des labos dans la presse médicale
source : Le monde.fr – 5 avril 2011

 

 

L’actualité médicale s’est focalisée sur l’AFFSAPS et le circuit des autorisations de mise en vente de médicaments, mais il est un autre domaine posant problème, régulièrement dénoncé par les sources d’informations indépendantes: la presse médicale.La journaliste Virginie Bagouet a quitté Impact médecine, un magazine spécialisé à destination des généralistes. Elle a été auditionnée par la mission commune d'information du Sénat sur le Mediator le 5 avril.

Mails et pièces à l'appui, la journaliste dénonce en effet des censures, explicites ou implicites, de son travail, notamment par rapport à Servier qui a défrayé la chronique avec l’affaire du Mediator. Le journal, lui, se défend d’être influencé.

Ainsi, craignant les foudres du laboratoire qui est l'un des principaux annonceurs de l'hebdomadaire, la rédaction en chef aurait, selon l'ex-salariée, refusé de parler du livre du docteur Irène Frachon, Mediator 150 mg, combien de morts ? (Dialogues.fr, 2010). Bien que l’information doit déjà sortie sur d’autres canaux plus officiels tels que la Caisse nationale d'assurance-maladie, Impact médecine n'a pas fait état de ces critiques. « Notre rédactrice en chef a accepté qu'une des journalistes fasse un article. Mais son papier, très factuel, n'a finalement pas été publié. Raison invoquée par la rédaction en chef : 'C'est trop sensible' », raconte encore Virginie Bagouet.

De son côté, interrogée par Le Monde.fr, la directrice de la rédaction d'Impact Médecine, Anne Prigent, relativise : « C'est vrai, nous n'en avons pas parlé, mais comme l'ensemble de la presse. Nous n'avons pas de rubrique 'Livres' et nous ne voyions pas la nécessité, à sa sortie en juin 2010, de revenir sur cette affaire, puisque le Mediator a été interdit en 2009 ». Elle dément toute ‘censure’, « à moins que vous appeliez censure la réécriture d'articles mal construits », et dénonce un « mauvais procès ».

Censure directement par les labos : « Servier est content »

La journaliste cite un autre exemple concernant toujours le laboratoire Servier : « J'ai été envoyée, fin août 2010, suivre un congrès de cardiologie à Stockholm, où était présentée une étude importante de Servier sur un de ses médicaments, le Procoralan. L'article que j'ai écrit a été envoyé en relecture à Servier pour 'validation scientifique' », se souvient la journaliste. « J'étais en copie des mails, j'ai vu la relecture par le laboratoire. Des modifications ont été apportées, dont une erreur. » Et lorsque la journaliste demande à sa rédactrice en chef des explications, Virginie Bagouet indique qu'elle s'est vu répondre : « Servier est content ». Pour la direction, il s’agit d’une simple « relecture scientifique ». Quant à Servier, contacté par Le monde.fr, il n’a pas souhaité répondre aux questions. Dans les échanges de mails que la journaliste a conservés, on trouve que le laboratoire peut indiquer ses desiderata à la rédaction, par exemple : « Je vous confirme que nous ne souhaitons pas voir figurer le graphique »."

L’argument économique

Selon Virginie Bagouet, il s’agit avant tout d’une censure économique : « Je n'ai pas le chiffre précis mais la publicité des laboratoires représente l'essentiel des revenus de la revue. A chaque fois qu'on a voulu parler du Mediator, on nous a répondu que, la dernière fois que le journal avait critiqué Servier, celui-ci n'avait plus commandé de publicité durant six mois, mettant en péril les finances. »

La mission d'information parlementaire sur le Mediator a donc reçu Virginie Bagouet et entendu des cas d’articles réécrits. D’autres articles sont écrits sous des prête-noms par la direction, qui vantent les mérites de tel ou tel médicament. La direction confirme effectivement l’utilisation de ces noms de plume. Gérard Bapt, président de la commission parlementaire, constate que « Les rédactions se mettent au service des labos parce qu'il faut vivre », estimant que la pratique touche la plupart des journaux spécialisés à destination des médecins.

Malheureusement, Virginie Bagouet pense qu’elle retrouvera les même pressions dans toute la presse médicale et a peu de chance de retrouver le même genre de travail : « La crise rend cette presse encore plus dépendante des annonceurs. »

La position de la rédaction est ambiguë et contradictoire : ainsi, Anne Prigent affirme que « les pressions dans la presse médicale sont les mêmes que dans toute la presse. Nous y répondons de la même manière. Les labos sont nos annonceurs principaux, c'est clair. Mais on fait notre travail avec éthique. »

Selon Gérard Bapt, c’est avant tout un travail de conscientisation des médecins qui s’impose, pour leur apprendre à prendre du recul lors de la lecture de ces revues, « qui ne sont bien souvent que du matraquage pour certains produits », prend-il soin de préciser.

Article original de Samuel Laurent

 

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