Le Conseil de l'Europe s'apprête
à accorder le statut d'ONG à une association dont le
représentant serbe était l'expert de Milosevic en guerre
psychologique.
La plainte déposée
contre cette association par le Comité européen de vigilance
contre la purification religieuse (EWARC) montre que l'ex-acolyte
de Milosevic incite de nouveau à la haine anti-religieuse en
Serbie.
Une plainte déposée aujourd'hui
auprès du Centre européen contre le racisme et l'intolérance
(ECRI) par EWARC révèle que le représentant serbe
de la Fédération européenne des centres de recherche
et d'information sur les sectes (FECRIS) était le spécialiste,
sous le régime de Slobodan Milosevic, de l'endoctrinement des
soldats serbes qui pratiquèrent la " purification ethnique
" en Bosnie, Croatie et au Kosovo. Ces révélations
nouvelles sont faites deux jours avant que le Conseil de l'Europe
examine la demande de statut d'ONG déposée par la FECRIS.
Le colonel en retraite Bratislav Petrovic,
un neuropsychiatre maintenant chargé des opérations
de la FECRIS en Serbie, a dirigé l'Institut de la santé
mentale et de la Psychologie militaire de l'Académie militaire
de Belgrade lorsque Milosevic était président de la
Yougoslavie. A ce poste, Petrovic se spécialisa dans la sélection
et la préparation psychologique de l'armée de Milosevic
avant que les troupes soient envoyées contre les musulmans
d'Albanie.
Milosevic est jugé pour crimes de guerre
au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie à
La Haye.
Petrovic est le représentant de la FECRIS
en Serbie et à ce titre il a souvent pris la parole lors de
conférences de la FECRIS. La plainte déposée
auprès de l'ECRI, enregistrée la veille du dixième
anniversaire du massacre de milliers de musulmans à Srebrenica,
soutient que Petrovic a contribué à encourager la violence
contre les minorités religieuses de Serbie.
La plainte de l'EWARC demande que le Centre
européen contre le racisme et l'intolérance fasse une
enquête sur la FECRIS, dont le statut d'ONG a été
approuvé par l'Assemblée parlementaire du Conseil de
l'Europe malgré 22 condamnations en justice de personnes physiques
ou morales faisant partie de cette fédération, parmi
lesquelles 7 condamnations de son président, Friedrich Griess.
Le Comité des Ministres doit examiner la demande de la FECRIS
et prendre une décision définitive mercredi prochain.
La plainte indique que Petrovic a sillonné
la Serbie avec le chef de la police Zoran Lukovic, faisant des interventions
en public pour soulever la haine et l'intolérance. La représentation
serbe de l' " Initiative des jeunes pour les droits de l'homme
" a porté plainte contre Lukovic.
La plainte d'EWARC joint les résultats
d'une enquête menée par la juriste Patricia Duval, spécialisée
dans les droits de l'homme. Cette dernière a déclaré
: " le colonel Petrovic et Zoran Lukovic ont tous deux fomenté
une campagne de haine contre les minorités qui doit être
arrêtée. Nous sommes consternés que l'association
FECRIS, basée en France, soit impliquée, à travers
les activités de Petrovic, dans la perpétuation de haines
fomentées par Milosevic, lui-même accusé de crimes
de guerre. "
Bashy Quraishy, président de Media Watch,
dit qu'il a reçu le rapport et qu'il l'a lu avec une grande
inquiétude. " Qu'un groupe comme la FECRIS s'active contre
des minorités dans les Balkans et, semble-t-il, continue la
même Politique que celle du régime de Milosevic, est
un sujet que l'ECRI devrait examiner.
De plus, la FECRIS ne devrait pas se voir accorder
un statut quelconque d'ONG sans qu'une enquête soit menée
sur de telles accusations, ou d'autres de ce type. Les ONG ont pour
but de contribuer à créer un climat de tolérance
et de pluralisme, pas de travailler contre.
Le colonel Petrovic a condamné publiquement
plusieurs mouvements spirituels, tels que la Méditation Transcendentale.
Lors d'une conférence de la FECRIS qui s'est déroulée
l'année dernière à Marseille (1), il a prétendu
avoir réussi à faire fermer Sanatan, un mouvement hindou.
Les locaux de Sanatan ont été incendiés à
coup de cocktails Molotov par des assaillants non identifiés.
Le Centre juridique humanitaire (HLC) et le Comité d'Helsinki
pour les Droits de l'Homme ont exigé que les autorités
serbes arrêtent les auteurs. Malgré les protestations
de ces organisations de défense des droits de l'homme, Petrovic
s'est vanté d'avoir donné deux interviews aux média
dans lesquels il condamnait Sanatan (2). Il a accusé certaines
minorités de " mentir " et de préparer "
leurs adeptes à des actes antisociaux et terroristes ".