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 ENQUÊTES
CAP Liberté de Conscience - juillet 2011

Les dérives de la lutte « antisectes »
par Christian Coeur
octobre 2011

 

 

Le 26 octobre 2011, TF1 (1) a diffusé un reportage sur les problèmes subis par une famille qui éduque ses enfants à la maison, comme le permet la loi. Effectivement, il faut rappeler qu’en France, c’est l’éducation qui est obligatoire non pas la scolarisation. En effet, cette famille conteste les méthodes employées par l’Éducation nationale qui sont « bien loin de ce que dit la loi. » (2)

Dans le reportage de TF1, cette famille dénonce aussi la stigmatisation faite autour de cette forme d’éducation qui est considérée comme une pratique « sectaire » ou susceptible d’engendrer des « dérives sectaires ». Éduquer ses enfants à la maison est devenu synonyme de danger pour les enfants.

A la suite du témoignage de cette famille, l’équipe de TF1 a interrogé le président de la Miviludes qui encore une fois rappelait que les « enfants n’étaient pas la propriété des parents » en rajoutant qu’ils n’étaient pas non plus ceux de la communauté. M. Fenech a rappelé l’affaire des enfants de la communauté de Sus, qu’il avait visitée lors de sa présidence de la dernière commission d’enquête parlementaire, en déplorant la condition dans laquelle les enfants étaient éduqués. Par contre, M. Fenech, qui est pourtant un ancien magistrat, oublie de signaler que le 1er juillet dernier la communauté de Sus a gagné son procès qui l’opposait à l’ancien inspecteur d’académie des Pyrénées-Atlantiques, M. Philippe Carrière. (3)

C’est lors de la commission d’enquête parlementaire de 2006 « relative à l'influence des mouvements à caractère sectaire et aux conséquences de leurs pratiques sur la santé physique et mentale des mineurs » que le président de la Miviludes, M. Fenech, avait mis en avant les « dangers » de l’éducation à domicile. Il avait déposé à la suite de cette commission en janvier 2007, avec le député M. Vuilque, un amendement tendant à réduire la possibilité d’instruire ses enfants à la maison.

Lors des débats à l’Assemblée nationale, le 6 janvier 2007, M. Fenech avait défendu son amendement en déclarant : « Je sais que cette proposition inquiète certaines familles. Je rappelle que dans un pays comme l’Allemagne, la scolarisation des enfants est une obligation ».(4)

Effectivement, M. Fenech a raison, la scolarisation est obligatoire en Allemagne. C’est la « loi du 6 juin 1938 relative à la scolarité obligatoire en Allemagne », loi signée par le chancelier de l’époque Adolph Hitler. (5)

Le 6 février 2008, M. Fenech va faire une seconde fois référence à l’Allemagne. À ce moment-là, il est le rapporteur de la commission des lois du projet de loi relatif à la très controversée notion de « rétention de sûreté ».

M. Fenech, en voulant décrire les dispositifs similaires dans d’autres pays européens, déclare pour l’Allemagne : « La mesure de "détention-sûreté" ( Sicherungsverwahrung ) a été introduite dans le code pénal allemand en 1933, sous la République de Weimar. Elle permet de maintenir une personne en détention après l'exécution de sa peine, et vise principalement les délinquants récidivistes qui sont susceptibles de représenter un danger pour la société ».

La loi en question date en réalité du 27 novembre 1933 et a été signée par le chancelier de l’époque, Adolf Hitler, arrivé au pouvoir en janvier de la même année. (6)

Le canard enchaîné du 20 février 2008 révélait l’affaire et avait conclu : «Il est vrai que par la suite, cet homme d'état a déçu, et que son action n'est pas exempte de critique. Mais cette loi est à mettre à son crédit» (7)

Le 27 mars 2008, M. Fenech perd son poste de député et le 19 septembre 2008 il devient le nouveau président de la Miviludes.

En février 2009, M. Fenech fait parler de lui en voulant instaurer une nouvelle « liste noire » rebaptisée pudiquement « référentiel ». (8)

Mme Alliot Marie, alors ministre de l’Intérieur avait recadré l’action de la Miviludes et dans un article du Parisien, on pouvait lire un extrait d’un courrier qu’elle avait fait parvenir à Matignon : « La semaine dernière, Matignon a en effet reçu un courrier signé de Michèle Alliot-Marie, réclamant aux services de François Fillon de bien « cadrer » l’action de la Miviludes, après que son président, fin janvier, a émis l’idée de proposer une nouvelle orientation de la politique suivie par sa mission. Plus qu’une nouvelle orientation, en réalité, Georges Fenech a surtout l’intention d’émettre de nouveau une liste, sur le modèle de celle que la commission d’enquête parlementaire de 1995 avait établie et qui n’avait pas manqué de placer la France, au sein des instances internationales, comme une pourfendeuse de la liberté de conscience. […] Place Beauvau, le fait d’exhumer le principe même d’une « liste noire » ne passe pas. […] La ministre de l’Intérieur fait part, dans ce courrier adressé à François Fillon, de son « étonnement ».

Il est intéressant de noter que cette idée de liste de « sectes » publiée par un gouvernement a germé la première fois dans l’esprit des nazis. Le 28 février 1933, le gouvernement du troisième Reich dirigé par Adolf Hitler établissait une liste de « sectes » interdites au nom de « la protection du peuple et de l’État ». Parmi les mouvements interdits figuraient les Témoins de Jéhovah, les anabaptistes, les adventistes du septième jour, les Bahaïs et des Églises pentecôtistes. (9)

En conclusion, l’affaire des enfants est un non-problème. Le président de la Miviludes, M. Fenech, était en 2006 le président de la commission d’enquête au cours de laquelle de nombreux représentants de l’État avaient déclaré que les cas d’enfants en « danger » étaient quasiment nuls voire inexistants. Voir la brochure publiée par CAP Liberté de Conscience : « Les sectes, un non-problème ».(10)

(1) http://www.youtube.com/watch?v=IqKYzIuj4nU

(2) : horslesmurs-fenech-scolarisation

(3) La République des Pyrénées du 1er juillet 2011

(4) assemblee-nationale-fenech-ecole-Allemagne

(5) hitler-scolarisation-francais et hitler-scolarisation-original

(6) lyonmag-fenech-surete

(7) fenech-surete-canard

(8) http://www.coordiap.com/tribune-libre-fenech-liste-noire-9060.htm

(9) liste-secte-nazi

(10) http://www.coordiap.com/press2977-miviludes-sectes-non-problemes.htm

Annexe

A - Proposition de commission d’enquête parlementaire du 3 mai 2011 : « Pratiques intégristes, fondamentalistes et sectaires dans les établissements privés d'enseignement »

B – Non à l'impunité de la Miviludes

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