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ÉDITORIAL
CAPLC - Mars 2007

 

CENSURE et auto-censure… vers l’aseptisation de la société.

Thierry Bécourt - Mars 2007

Face aux divers monopoles du pouvoir, qu’ils soient médiatiques ou parlementaires, une vraie prise de conscience est en train de naître : la censure ne se déguise plus, elle se dévoile… Devenue « auto-censure », preuve évidente d’une société en route vers le despotisme, une dictature larvée qui ne dit plus son nom.

Entre choix et censure, quelle frontière ? La censure partirait-elle d’un bon sentiment ?

Aujourd’hui, on exige une représentation du monde qui ne nous heurte pas. Il ne faut pas choquer « l’ordre moral »…

Mais nous savons que ceci ne peut se faire qu’au détriment de notre droit le plus précieux, la liberté de pensée.

J’aimerais ci-dessous vous proposer une petite analyse des réflexions que nous livre F. Chandernagor, écrivaine et juriste dans le numéro « L’histoire » de ce mois de février 07, sous le titre : « Retour de la Censure ».

Article qui me paraît suffisamment éloquent et important dans le contexte politique actuel assis sur la pensée unique et moralisatrice du « bien pensant » pour que je ne résiste pas à vous l’exposer.

L’auteure fustige d’abord le Parlement  ; elle cite le propos d’un député qui déclarait dans l’hémicycle le 12 octobre 2006 : « On ne laisse pas la médecine aux médecins, pourquoi laisserait-on l’histoire aux historiens ? »

Elle constate que le « le Parlement agit sans juge, sans enquête, sans spécialistes du sujet » et s’inquiète des lois en cours qui interdisent aux historiens de revenir sur des points importants de l’histoire comme si la France se posait en « gardienne de la mémoire ».

« La France est le seul pays démocratique à avoir imposé aux citoyens un corpus de lois historiennes et à se vanter de vouloir continuer. »

Ces lois risquent de violer le droit européen et l’histoire en empêchant tout chercheur de remettre en cause un « fait historique » établi, histoire de ne pas remettre en cause non plus l’ordre moral en marche depuis le début des années 90. Veut-on interdire la recherche universitaire ou la conduire à s’exercer dans des domaines exclusifs et choisis par des instances directives tout en excluant, voire interdisant, d’autres domaines sous peine de poursuites ?

« La loi définit le périmètre intellectuel autorisé, tout le reste est interdit »« De fait, la recherche universitaire est soumise au législateur comme autrefois à la Sorbonne ecclésiastique. » C’est donc là que le contexte actuel nous conduit.

F. Chandernagor nous rappelle que : « La fixation des vérités historiques n’est pas mentionnée dans l’article 34 de la Constitution », « Le Parlement sait donc pertinemment qu’il outrepasse ses droits. »

D’ailleurs, elle cite Elisabeth Guigou qui, lors du vote de la loi Taubira, disait aux députés : « Ce que vous faites est contraire à notre Constitution, vous êtes en train de violer l’article 37 », ce que contestera Donedieu de Vabre aujourd’hui ministre de la Culture…

« Je sais », dit-elle, « que, quand 4 députés sur 5 vont à la campagne en pleine semaine, c’est qu’ils préfèrent ne pas être là pour défendre nos libertés » et plus loin « Pour éviter un examen de la commission des lois ou du Conseil d’Etat, les parlementaires inféodés à des groupes de pressions procèdent donc par amendements de séances, de telle sorte que personne n’a le temps de les examiner… » et surtout pas les juristes.

Avec de tels débordements, il deviendra possible d’envoyer un enseignant devant la justice sous prétexte « qu’il n’a pas consacré suffisamment de temps à tel ou tel thème ». « Faut-il juger le passé par la loi » ajoute-t-elle ?

L’auteure est encore plus explicite lorsqu’elle ajoute plus loin : « Aujourd’hui, à cause de ces confusions savamment entretenues, l’opinion publique est tentée par une dérive obscurantiste. La confusion des termes engendrant une compétition victimaire et l’imprescriptibilité du péché enclenche une mécanique du sacrilège. (…) La victime dans nos sociétés est entourée de l’aura du sacré. (…) Les “bien-pensants” demandent aujourd’hui que l’on assimile les opinions aux actes ! C’est le retour de la pensée magique. Si nous suivons ces “bons esprits” nous reviendrons à ces temps de barbarie où la pensée et l’acte étaient confondues, le mot “offensant” jugé aussi criminel que le coup de poignard. »

Dans le passé, c’est l’Eglise qui veillait au respect des normes ; aujourd’hui, c’est le Parlement qui est chargé de représenter les droits du Peuple.

Le Parlement devrait veiller à ne pas se transformer en « ministère de la sécurité d’Etat » de triste mémoire où l’on côtoyait, des informateurs officieux, des missions multiples de surveillance, l’encadrement, la mutation autoritaire, les informateurs s’espionnant entre eux…

Nous réclamons le droit d’avancer nos idées en toute liberté, de refuser la normalisation exercée par les groupes de pression anti-sectes et autres censeurs de tout poils. Nous refusons que l’on nous dicte notre manière de penser. Nous dénonçons les « bons esprits » qui, sous couvert de « reconnaissance d’utilité publique », affirment qu’il y a des valeurs et représentations communément admises. Il ne faudra plus longtemps pour que la multiplication de ces censures et des lois liberticides que nous voyons se proliférer dans tous les domaines publics, finisse par faire de la France un vrai pays totalitaire. Déjà aujourd’hui, sur notre territoire comme à l’étranger, nous bénéficions de l’image de république bananière. A quand celle d’une « République totalitaire » ?

« Là où il n’y a pas de conflit visible, il n’y a pas de Liberté ! » Montesquieu

NB : En gras italique, propos de Mme Chandernagor


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