Coordination des Associations et Particuliers pour la Liberté de Conscience
Coordination des Associations & Particuliers pour la Liberté de Conscience
line
CAP pour la Liberté de Conscience - Liberté de Religion - Liberté de Conviction
 
actualites
enquetes
revue de presse
vos droits
Aidez-nous
futur
publications
Point de vue
liens / links
telechargements
contacts
english version
CAP LC 2008
www.coordiap.com
 
 
 
shim  
 

ÉDITORIAL
CAP Liberté de Conscience - juillet 2009

 

 

Du niqab pour les députés
par Paul Vinel

Il s’agirait d’une dérive sectaire, et pourtant aucune prise en compte par la Miviludes. Ce serait de la manipulation mentale, mais aucune prise de position ni du sénateur Nicolas About, ni de l’ancienne députée et présidente de l’Unadfi, Mme Catherine Picard, initiateurs de la loi About-Picard réprimant les délits d’abus de faiblesse. Silence assourdissant de la part du lobby anti-sectes !

C’est bien connu : les faux problèmes, tel celui des « sectes », servent de boucs émissaires pour tromper les citoyens et masquer les vrais problèmes dont personne ne veut s’occuper. Mais faute de véritable traitement, ceux-là continuent de s’envenimer et finissent un jour ou l’autre par éclater au grand jour.

C’est chose faite.

Al Qaïda Maghreb l’a bien compris et a menacé la France de représailles parce que notre pays ne respecterait pas les droits de la femme musulmane. Il s’agit du port de la burqa ou du niqab par une frange très minoritaire de femmes musulmanes. Le problème est encore marginal mais en expansion, mais surtout il est hautement symbolique des difficultés d’intégration en France d’une importante communauté musulmane, d’autant plus que la vision de ces femmes entièrement voilées, formes fantomatiques, est réellement choquante. Toutes ces raisons ont entraîné agitation médiatique et débat politique.

André Gérin est le député par qui le scandale est arrivé et l’instigateur d’une nouvelle commission parlementaire. Interrogé par France Culture le mardi 30 juin 2009, il a expliqué que pour lui le port du niqab par quelques femmes musulmanes n’était pas le problème principal, mais seulement la partie émergée d’un iceberg bien plus vaste : la progression du fondamentalisme islamique dans notre pays. Il a ensuite souligné le cas de ces femmes qui refusent de se dévoiler en cas de contrôle d’identité et celui de ces autres femmes musulmanes qui ont des difficultés pour accéder au planning familial de leur quartier. Et il est vrai en effet que bloquer l’accès des musulmanes à la contraception, leur interdire une sexualité choisie, en faire des machines à procréer, serait un moyen efficace pour influer sur la répartition démographique en France. Ceci explique les cris alarmistes de tous ceux qui accusent les musulmans de vouloir islamiser progressivement la France.

Tous les responsables musulmans tiennent à le préciser : ni le port de la burqa, ni celui du niqab ne sont des préceptes islamiques. Il s’agirait en fait de coutumes antérieures à l’arrivée de l’islam. D’ailleurs le voile intégral serait interdit aux musulmanes qui font le pèlerinage rituel à la Mecque. A une époque où déjà la femme se devait d’être totalement soumise, l’islam des origines aura donc adouci sa triste condition, et le fondamentalisme islamiste apparaît aujourd’hui comme une régression et une remise en cause des acquis de cet islam originel.

Vaste problème donc, et problème redoutable ! La polémique sur le voile islamique et les caricatures du prophète Mahomet démontrent que le sujet est hautement sensible et que toute maladresse peut déclencher une catastrophe. Dans ces conditions, est-ce que la mise en place d’une commission parlementaire est la bonne solution ? Nous pensons que non et nous en donnons les raisons.

Tout d’abord l’objet même de cette commission parlementaire, à savoir le port de la burqa ou du niqab, n’est qu’un prétexte et non le véritable problème. Il n’est qu’un aspect marginal et anecdotique mais porteur d’un symbolisme fort et passionnel. Il risque de masquer le véritable sujet qui est le fondamentalisme islamiste. Alors que la majorité des musulmans souhaite pratiquer un islam apaisé, cette commission a toutes les chances d’être perçue comme une discrimination supplémentaire à leur égard.

La composition de cette commission est pléthorique, 32 députés. Mais n’est pas spécialiste en religion qui veut, ni sociologue ni philosophe. La qualité de député n’est pas un gage de compétence, et le précédent de la commission parlementaire « Enfance et sectes » présidée par M. Georges Fenech a mis en évidence l’incompétence ou le parti pris de certains députés quand le sujet abordé est la religion ou la laïcité.

La conclusion probable de cette commission sera le vote d’une loi interdisant la burqa et le niqab. Si une telle loi était votée, elle serait perçue comme une agression de la France envers l’islam, et des actes de rétorsion seraient à craindre. Mais si une telle loi ne devait pas voir le jour, les fondamentalistes islamistes clameraient victoire et le camp laïc crierait au scandale et au laxisme. Dans les deux cas, la France aura beaucoup à perdre.

Enfin, comble du ridicule, suite à la commission parlementaire « Enfance et sectes », M. Accoyer, président de l’Assemblée nationale, a fait voter une loi conférant l’immunité parlementaire à toutes les personnes appelées à témoigner devant une commission parlementaire. Un droit officiel à mentir et à diffamer en somme.

En résumé, cette commission traitera d’un sujet annexe et non du véritable problème, sera composée de parlementaires ignorants de la question posée, n’aura pas de réelle marge de décision et enfin entendra des témoins autorisés à mentir. Autant de raisons de s’inquiéter ! Une commission de véritables experts aurait été bien plus judicieuse.

Cela fait des décennies que certains parlementaires se s’opposent farouchement à l’évolution du fait religieux en diabolisant les minorités de conviction et en les qualifiant de « sectes ». C’est facile et sans danger car ces minorités sont toutes des groupements pacifiques. Il en a résulté un climat d’intolérance généralisé, la crispation et la méfiance entre les tenants d’une laïcité stricte et sans concession et ceux qui appellent à une laïcité ouverte permettant la coexistence harmonieuse de toutes les croyances. Mais aujourd’hui les parlementaires sont confrontés à un problème bien plus difficile, celui de devoir déminer une réalité religieuse inédite, complexe et explosive.

Dans ce climat passionnel auquel les parlementaires ont largement contribué, ce sera difficile !

Sommaire des actualités

 

CAPLC -

 

 

CAP pour la Liberté de Conscience - Liberté de Religion - Liberté de thérapeutique