CAP
LC 2008
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ÉDITORIAL |
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Du
niqab pour les députés Il sagirait dune dérive sectaire, et pourtant aucune prise en compte par la Miviludes. Ce serait de la manipulation mentale, mais aucune prise de position ni du sénateur Nicolas About, ni de lancienne députée et présidente de lUnadfi, Mme Catherine Picard, initiateurs de la loi About-Picard réprimant les délits dabus de faiblesse. Silence assourdissant de la part du lobby anti-sectes ! Cest bien connu : les faux problèmes, tel celui des « sectes », servent de boucs émissaires pour tromper les citoyens et masquer les vrais problèmes dont personne ne veut soccuper. Mais faute de véritable traitement, ceux-là continuent de senvenimer et finissent un jour ou lautre par éclater au grand jour. Cest chose faite. Al Qaïda Maghreb la bien compris et a menacé la France de représailles parce que notre pays ne respecterait pas les droits de la femme musulmane. Il sagit du port de la burqa ou du niqab par une frange très minoritaire de femmes musulmanes. Le problème est encore marginal mais en expansion, mais surtout il est hautement symbolique des difficultés dintégration en France dune importante communauté musulmane, dautant plus que la vision de ces femmes entièrement voilées, formes fantomatiques, est réellement choquante. Toutes ces raisons ont entraîné agitation médiatique et débat politique. André Gérin est le député par qui le scandale est arrivé et linstigateur dune nouvelle commission parlementaire. Interrogé par France Culture le mardi 30 juin 2009, il a expliqué que pour lui le port du niqab par quelques femmes musulmanes nétait pas le problème principal, mais seulement la partie émergée dun iceberg bien plus vaste : la progression du fondamentalisme islamique dans notre pays. Il a ensuite souligné le cas de ces femmes qui refusent de se dévoiler en cas de contrôle didentité et celui de ces autres femmes musulmanes qui ont des difficultés pour accéder au planning familial de leur quartier. Et il est vrai en effet que bloquer laccès des musulmanes à la contraception, leur interdire une sexualité choisie, en faire des machines à procréer, serait un moyen efficace pour influer sur la répartition démographique en France. Ceci explique les cris alarmistes de tous ceux qui accusent les musulmans de vouloir islamiser progressivement la France. Tous les responsables musulmans tiennent à le préciser : ni le port de la burqa, ni celui du niqab ne sont des préceptes islamiques. Il sagirait en fait de coutumes antérieures à larrivée de lislam. Dailleurs le voile intégral serait interdit aux musulmanes qui font le pèlerinage rituel à la Mecque. A une époque où déjà la femme se devait dêtre totalement soumise, lislam des origines aura donc adouci sa triste condition, et le fondamentalisme islamiste apparaît aujourdhui comme une régression et une remise en cause des acquis de cet islam originel. Vaste problème donc, et problème redoutable ! La polémique sur le voile islamique et les caricatures du prophète Mahomet démontrent que le sujet est hautement sensible et que toute maladresse peut déclencher une catastrophe. Dans ces conditions, est-ce que la mise en place dune commission parlementaire est la bonne solution ? Nous pensons que non et nous en donnons les raisons. Tout dabord lobjet même de cette commission parlementaire, à savoir le port de la burqa ou du niqab, nest quun prétexte et non le véritable problème. Il nest quun aspect marginal et anecdotique mais porteur dun symbolisme fort et passionnel. Il risque de masquer le véritable sujet qui est le fondamentalisme islamiste. Alors que la majorité des musulmans souhaite pratiquer un islam apaisé, cette commission a toutes les chances dêtre perçue comme une discrimination supplémentaire à leur égard. La composition de cette commission est pléthorique, 32 députés. Mais nest pas spécialiste en religion qui veut, ni sociologue ni philosophe. La qualité de député nest pas un gage de compétence, et le précédent de la commission parlementaire « Enfance et sectes » présidée par M. Georges Fenech a mis en évidence lincompétence ou le parti pris de certains députés quand le sujet abordé est la religion ou la laïcité. La conclusion probable de cette commission sera le vote dune loi interdisant la burqa et le niqab. Si une telle loi était votée, elle serait perçue comme une agression de la France envers lislam, et des actes de rétorsion seraient à craindre. Mais si une telle loi ne devait pas voir le jour, les fondamentalistes islamistes clameraient victoire et le camp laïc crierait au scandale et au laxisme. Dans les deux cas, la France aura beaucoup à perdre. Enfin, comble du ridicule, suite à la commission parlementaire « Enfance et sectes », M. Accoyer, président de lAssemblée nationale, a fait voter une loi conférant limmunité parlementaire à toutes les personnes appelées à témoigner devant une commission parlementaire. Un droit officiel à mentir et à diffamer en somme. En résumé, cette commission traitera dun sujet annexe et non du véritable problème, sera composée de parlementaires ignorants de la question posée, naura pas de réelle marge de décision et enfin entendra des témoins autorisés à mentir. Autant de raisons de sinquiéter ! Une commission de véritables experts aurait été bien plus judicieuse. Cela fait des décennies que certains parlementaires se sopposent farouchement à lévolution du fait religieux en diabolisant les minorités de conviction et en les qualifiant de « sectes ». Cest facile et sans danger car ces minorités sont toutes des groupements pacifiques. Il en a résulté un climat dintolérance généralisé, la crispation et la méfiance entre les tenants dune laïcité stricte et sans concession et ceux qui appellent à une laïcité ouverte permettant la coexistence harmonieuse de toutes les croyances. Mais aujourdhui les parlementaires sont confrontés à un problème bien plus difficile, celui de devoir déminer une réalité religieuse inédite, complexe et explosive. Dans ce climat passionnel auquel les parlementaires ont largement contribué, ce sera difficile !
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