ÉDITORIAL

La pensée compulsive
par Paul Vinel
CAP Liberté de Conscience - juin 2011

 

L'univers est magique, divinement ! Mais cette évidence dérange les athéistes pour qui seul existerait la matière inerte issue du néant par le plus improbable des hasards. C'est pourquoi ils remettent vigoureusement en cause la théorie appelée " Intelligent Design " qui affirme la présence d'une intelligence primordiale dans le processus d'évolution des espèces : selon eux Dieu, Yahvé, Allah, et même le Grand Architecte De L'Univers, n'ont pas leur place dans la pensée scientifique.

La pensée magique considère qu'au-delà de la matière une autre réalité existe, réalité transcendante en interaction avec la réalité visible. Elle est le fondement de la poésie, des arts et des lettres et la source de brillantes civilisations, et elle fonde toutes les religions et spiritualités grâce à la prière et la méditation. Elle trouve également sa place au sein de la médecine qui constate que certaines guérisons sont effectivement miraculeuses et que l'effet placebo peut bel et bien guérir. C'est pour cela que les athéistes ne cessent de la combattre, et agitent des épouvantails tels les " sectes " qui selon eux pratiqueraient la manipulation mentale. Voici ce qui est lisible sur un site antisecte : " Cette manipulation mentale et cet état d'assujettissement ne peut être réalisée que par l'utilisation de la grille interprétative de la pensée magique : tout acte, tout événement, toute pensée, toute émotion est interprétée de façon projective à travers une grille de lecture déformant le réel, opérant chez l'adepte une confusion permanente et l'immergeant dans le monde sectaire illusoire reconstitué. C'est la pensée magique ! " Galimatias incompréhensible mais qui illustre comment les athéistes antisectes diabolisent la magie divine omniprésente : ce serait une vaste manipulation mentale orchestrée par de " dangereuses sectes ".

Et en quoi consisterait cette fameuse manipulation mentale ? Voici un texte supposée l'expliquer : " Un mot du particularisme de la victimisation due aux sectes et aux 'dérives sectaires'. Les victimes de sectes sont des victimes chroniques qui subissent une victimisation prolongée et répétée dans le temps avec des traumatismes multiples. Elles sont toujours (quelle que soit la secte) victimes de manipulation mentale et victimes d'abus de faiblesse. Contrairement aux autres victimes classiques d'agressions tangibles, visibles ou soudaines, causées par une tierce personne, les adeptes de sectes n'ont pas conscience de leur état de victime et n'ont pas conscience de l'emprise mentale dont ils font l'objet. On peut donc affirmer qu'ils sont dépourvu de la lucidité qui devrait sous entendre la liberté du consentement à laquelle les décisions de la justice sont justement attachées. Ne subissant aucune contrainte apparente (menaces, effraction, agression, viol ou séquestration) l'adepte se croit libre d'aller et venir, libre dans ses choix et dans ses actes. "

Vraiment futés ces manipulateurs mentaux : ainsi donc ils seraient capables de contrôler leurs victimes sans que celles-ci ne s'en rendent compte, à l'insu de leur plein gré en somme ! A l'époque de la chasse aux sorcières, n'importe qui pouvait être accusé de sorcellerie. La manipulation mentale ou l'abus de faiblesse sont des concepts flous sans véritable définition, et aujourd'hui chaque religieux, chaque enseignant, chaque éducateur, chaque thérapeute, et même chaque parent éduquant ses enfants pourrait être l'objet d'une telle accusation. Et n'importe qui aux opinions et modes de vie en dehors des normes usuelles pourrait être qualifiée de victime qui s'ignore. C'est la porte ouverte aux soins et aux enfermements abusifs, ainsi qu'aux séances de deprogramming qui avaient valu en leur temps à leurs auteurs d'être condamnés en justice.

Si la manipulation mentale, telle que décrite, était possible, ce serait la solution idéale pour les services secrets et les gouvernements totalitaires : ils pourraient manipuler les individus à leur guise et leur faire faire tout ce que bon leur semble. Or tel n'est pas le cas fort heureusement. Suite à la guerre de Corée, la CIA avait initié le projet MK-Ultra qui visait à manipuler mentalement certaines personnes par l'injection de psychotropes. Ce fut un échec.

Ceux qui accusent les personnes qui leurs déplaisent, de pratiquer la manipulation mentale s'octroient le droit de juger qui serait coupable et qui serait victime. C'est affirmer être les uniques détenteurs de la vérité, c'est tout bonnement faire preuve de sectarisme. Et est-il possible que des victimes ignorent leur état de victimes ? Et si oui, qui sont-elles ? Ne seraient-elles pas dans les groupes antisectes, inconscientes de l'emprise mentale dont elles font l'objet ? Ne seraient-elles pas aussi partout dans la société ? L'évocation permanente de la manipulation mentale a pour effet de réveiller chez toute personne fragile des peurs archaïques : peur de perdre son autonomie, d'être envoutée, transformée en zombie, etc. C'est le phénomène bien connu de la réactivation des traumatismes psychiques. Ces personnes fragiles sont alors envahies par un mode de pensée obsessionnel et compulsif où la logique rationnelle n'a plus sa place. Elles ne sont plus elles-mêmes, elles sont devenues leurs peurs incontrôlées, leur fantasmagorie est devenue leur nouvel univers. Alors qui sont les véritables manipulateurs ? Les manipulateurs sont ceux-là même qui prétendent combattre la manipulation mentale, mais qui par leur discours répétitif et alarmiste réactivent les peurs archaïques de personnes fragiles. Celles-ci sont les premières victimes : soumises à ce lavage de cerveau permanent elles sombrent progressivement dans une sectophobie chronique qui les mine. Et au-delà d'elles, les victimes sont toutes ces personnes, sans appartenance idéologique pour les unes, membres de minorités de conviction qualifiées d'être des " sectes ", ou membres des religions officiellement reconnues pour les autres, mais dont le tort commun est de croire à la magie divine. Elles sont attaquées dans leurs convictions les plus intimes.

Louis Pauwels en son temps le disait fort bien : " ceux qui craignent, avec tant de bonté, qu'on lave le cerveau d'un quidam, savent laver le cerveau d'une nation ".

 

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