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ÉDITORIAL

Retour à la démocratie véritable
par Paul Vinel
CAP Liberté de Conscience - mai 2012

 

Il parle avec passion et fougue, et professe des vérités fondamentales, pierres angulaires d’un discours révolutionnaire capable de balayer la pensée conformiste. Lui, c’est Etienne Chouard, enseignant en économie et en droit, qui ne propose rien de moins que de récrire la Constitution française, et qui est tombé en politique par le plus grand des hasards. Et justement le bon usage du hasard est le thème central de son discours.

La première des évidences qu’il dévoile, est que la Constitution française, comme celles des autres pays d’ailleurs, est le siège d’un conflit d’intérêt fondamental. Que dirions-nous d’un règlement intérieur rédigé par les élèves du collège même où ils sont scolarisés ? Qu’ils y introduiraient de nombreux passe-droits à leur avantage ! Or notre Constitution est un garde-fou pour les parlementaires élus qui votent les lois, pour les membres du gouvernement qui nous dirige : leur règlement intérieur à eux. Et c’est eux, professionnels de la politique, les rédacteurs de cette Constitution censée les contrôler : d’où conflit d’intérêt !

La deuxième des évidences est que les candidats aux élections n’ont pas été choisis par le peuple : ils ont été sélectionnés au préalable puis formatés par une oligarchie au pouvoir, et proposés ensuite au suffrage des électeurs. La conséquence est que le panel des propositions politiques est éminemment restreint : « bonnet blanc ou blanc bonnet » disait déjà Georges Marchais. Les nouveaux arrivants sont malvenus parce que potentiellement dangereux pour le système établi. Ainsi M. Cheminade, candidat surprise aux dernières élections présidentielles fut vivement malmené et diabolisé par les médias. Ainsi plus généralement les minorités de conviction, nouvelles et étranges, sont accusées d’être des « sectes » ; elles sont pourtant des laboratoires d’expérimentation pour de nouveaux modes de vie. Notre société continue de se figer dans un immobilisme mortel : malgré les centrales nucléaires qui explosent, malgré les médicaments qui tuent, rien n’est fait et les spéculateurs financiers continuent d’engranger leurs bénéfices monstrueux.

La troisième des évidences est qu’il n’existe à ce jour aucun véritable contre-pouvoir. Une fois élus, les hommes politiques n’ont plus de comptes à rendre pendant cinq ans à quiconque. Certains bénéficient de l’immunité parlementaire ou présidentielle, et au bout de leur mandat leurs promesses électorales ont toutes été oubliées. Le référendum d’initiative populaire promis depuis longtemps n’a toujours pas été mis en application, et le sera difficilement.

Enfin la quatrième des évidences est que l’argent joue un rôle primordial dans la vie politique. Il n’est que de prendre en compte les nombreux scandales de financement illégal des partis politiques pour s’en convaincre. C’est l’argent qui permet aux hommes politiques d’être élus, d’où un devoir d’allégeance envers leurs généreux donateurs. Et la question est : comment ceux-ci seront-ils payés en retour ?

Vivons-nous encore en démocratie ou non ? La réponse est bien sûr non, parce que le peuple a perdu son pouvoir au profit des partis politiques eux-mêmes sous l’influence des élites financières. De fait nous vivons en « particratie ». Et existe-t-il des solutions pour instaurer une véritable démocratie ? A cette question, Etienne Chouard répond « oui », et de rappeler l’exemple de la cité Athènes dans l’Antiquité qui pendant deux siècles d’affilée choisissait ses dirigeants par tirage au sort grâce à un instrument spécifique et dédié, le clérotérion. Et d’autres exemples similaires existent de l’Antiquité à nos jours. Un tel système politique basé sur le tirage au sort s’appelle « stochocratie » pour signifier un gouvernement par le hasard, ou encore « clérocratie » pour indiquer l’usage du clérotérion. Les québécois avec humour parlent eux de « lotocratie ». Ce système a de quoi nous étonner, tellement il est aux antipodes de nos usages actuels. Il a des partisans cependant : ainsi Aristote qui disait : « il est démocratique que les magistratures soient attribuées par le sort, et oligarchique qu'elles soient électives » ; et Montesquieu, philosophe français, qui avait écrit : « le suffrage par le sort est de la nature de la démocratie. Le suffrage par le choix est de celle de l'aristocratie. Le sort est une façon d'élire qui n'afflige personne; il laisse à chaque citoyen une espérance raisonnable de servir sa patrie. » Le Mouvement Clérocrate français pour sa part affirme : « Pourtant, l’élection par le sort a fait la preuve de sa pertinence durant plusieurs siècles. Les Athéniens bien sûr, qui après avoir essayé tous les systèmes politiques, en étaient arrivés à la conclusion ‘qu’il n’existe de véritable démocratie que par tirage au sort’. Mais aussi de grandes Républiques, comme Florence, Venise, qui construisirent leurs richesses, leur rayonnement, en s’appuyant sur des hommes politiques désignés par le sort. »

Alors particratie ou bien véritable démocratie grâce à la stochocratie ou la clérocratie ? Le débat est lancé et ne fait que commencer. Et pour alimenter celui-ci, notons les réalités suivantes : les défauts attribués au système de gouvernance actuel sont réels et des évolutions sont nécessaires ; le peuple réclame la parole afin d’exprimer ses véritables besoins ; un échantillon restreint de la population choisi au hasard est représentatif de l’ensemble de cette population ; les non-politiques sont aussi compétents que les hommes politiques de carrière et enfin les nouveaux moyens de communication tel internet ouvrent la voie à des solutions innovantes pour dialoguer, travailler et décider ensemble.

Dans le contexte de crise actuelle, ces raisons et d’autres laissent à espérer une évolution radicale de notre système de gouvernance. Notre système politique date de plusieurs siècles, sans doute le moment est-il venu de le dépoussiérer !


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