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ÉDITORIAL
CAP Liberté de Conscience - février 2009

 

 

Ces différences qui nous réunissent
par Paul Vinel,

Interviewé par l’hebdomadaire Le Point du 26 février 2009, le philosophe Régis Debray parle de l’omniprésence du sacré (titre de l’interview : « le sacré repousse tout seul »). Mais le sacré auquel s’intéresse le philosophe est celui qui permet de rassembler les hommes, celui qui transforme des individus disparates en un groupe soudé, un peuple. En somme, il recherche un mythe fondateur pour recréer une nouvelle appartenance nationale. « Il faut une sacralité pour construire une cité » dit-il, et aussi « pour vivre ensemble, il faut que les hommes aient en commun quelque chose de plus grand qu’eux – un dieu, une nation ou un idéal, une journée mythologique dont ils se souviennent ensemble. En clair, nous avons besoin de sacré, qu’il soit religieux ou non. »

Voilà donc bien une question intéressante à nous poser : une fois la fièvre de la Coupe du monde de football retombée, qu’est-ce qui pourrait faire rêver ensemble des bretons, des auvergnats, des parisiens, des chti’s, des immigrés de la deuxième ou troisième génération, des chrétiens, des juifs, des musulmans, et aussi des opposants à toutes les religions ? Car aujourd’hui nous sommes clairement en panne d’identité nationale. A cause des nouveaux moyens de communication notre terre est devenue un grand village global : les frontières nationales s’estompent et chacun se recherche une nouvelle appartenance. Citons ceux qui se réfèrent à Davos et ceux qui ne jurent que par Porto Allègre, ceux qui se tournent vers Jérusalem, Gaza ou la Mecque et s’affrontent au quotidien, et ceux qui surveillent la fonte de la banquise et la disparition des espèces : chacun se trouve une nouvelle chapelle à laquelle se raccrocher, une famille de cœur et de pensée qui n’a plus rien à voir avec son lieu de naissance. Au-delà de notre citoyenneté française nous nous sentons d’abord européens, et davantage encore citoyens du monde. A quoi cela sert-il encore de se ressentir comme français, ou même européens ?

D’ailleurs les pères de l’Europe n’ont-ils pas eux-aussi cherché à dépasser les vieux clivages nationaux ? Au sortir de la deuxième guerre mondiale qui avait ensanglanté la planète entière, lassés de ces guerres nationales à répétition, ils avaient voulu remplacer les querelles à coup de bombes par des discussions avec des mots. Tel est le mythe fondateur de l’Europe qui l’a fait naître et se construire peu à peu. Voilà une croyance sacrée qui a rassemblé autour d’elle des millions d’hommes : le rêve visionnaire que de la diversité des peuplades pouvait naître une nouvelle entité sociale, unifiée mais riche de toutes les différences des uns et des autres. Et une évidence s’impose : le respect des diversités est un besoin fondamental de l’être humain. « Un consommateur en chasse des soldes et en manque d’identité se retrouve breton, juif ou homo d’abord, ou noir » rappelle Régis Debray. Ainsi la « chasse aux sectes » sous prétexte de dérives ou de groupes sectaires est une aberration : il ne peut y avoir de fraternité entre citoyens sans le respect des spécificités de chaque individu, à condition de raison garder bien sûr. D’ailleurs si le bloc soviétique s’est disloqué, n’était-ce pas dû à un excès de centralisme, d’uniformisation ? Au contraire, la réunion des diversités devrait permettre le passage à une nouvelle étape dans l’organisation des sociétés à l’image de ce qui s’est passé dans la nature : les organismes vivants les plus évolués sont aussi les plus complexes. Nos mains sont différentes de nos pieds et aucun organe de notre corps n’est strictement égal à un autre, c’est cette diversité qui multiplie nos capacités.

Conjuguer les particularismes, manier les différences en vue de créer une société nouvelle, voilà le rêve visionnaire qui a motivé les pères de l’Europe. Voici aussi l’utopie sacrée capable de galvaniser des énergies de toutes origines et apte à transformer des individus isolés en citoyens d’une même nation.

Travailler à réunir et valoriser les différences : une tâche noble et belle, une tâche sacrée !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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